Mine de rien l’année musicale 2013 arrive presque à son premier quart, et nous avons sans doute déjà entendu des disques qui passeront à la postérité en figurant dans les bilans de fin d’année en décembre prochain. Le nouvel album de YOUTH LAGOON, « Wondrous Burghouse » pourrait bien en faire partie.
C’est le deuxième opus de Trevor Powers, musicien unique de ce « one man band », qui s’était fait largement remarquer en 2011 avec « The year of hibernation », un début-album fragile et introspectif en apparence, mais à l’écoute très touchant par la densité de ses émotions.
« Wondrous Bughouse » vient de paraitre le 5 mars chez Fat Possum.
La progression entre les deux disques est impressionnante : plus d’amplitude et de puissance dans l’écriture musicale, une confiance nouvelle et affirmée dans sa voix, plus sûre et moins enrhumée. Une raison à cela : la production de Ben Allen, qui a déjà sévit derrière Animal Collective pour le chef d’oeuvre « Merriweather Post Pavilion ». Il permet à la musique de Youth Lagoon de se projeter sur grand écran en cinémascope, avec un son de cathédrale et une mise en relief des pédales d’effets multiples pour lesquelles Powers a toujours eu une grande attirance.
Cette production ambitieuse nous permet de retrouver Youth Lagoon aux premiers rangs des ténors de la dream-pop hantée et céleste, entre Beach House et Flaming Lips.
Mais attention, on est encore loin d’une stadium-pop mainstream et facile d’accès. « Wondrous Bughouse » est certes un disque riche et spatial, mais les chansons sont toujours sombres et mélancoliques, avec dans plusieurs d’entre elles (« Dropla », « Attic Doctor », « Rasberry Cane ») la récurrence du thème de la mort cher à la métaphysique rêveuse de Trevor Powers.
Pour illustrer cet article, voici « Mute » qui incarne bien le style de Youth Lagoon : un chant naïf et enfantin qui surnage sur les flots déchainés de vagues d’effets de guitare reverb et delay, une batterie qui résonne comme dans une caverne, et au bout d’une minute trente des monstres soniques jaillissent à la surface et emportent tout le monde dans les abimes des profondeurs, dans un monde d’animaux marins préhistoriques et de sirènes mélodiques.
A la fois galactique et infernal. Mais terriblement beau aussi …