Fab.N

Excellente surprise que ce nouvel album solo de J Mascis, publié chez Sub Pop.
Principalement axé guitare acoustique et voix, Tied to a Star est une collection de pépites indie-folk-pop-rock au sein de laquelle il n’y a pas grand chose à jeter.

Dès les premiers titres, la filiation Neil Young, déjà perceptible au fil de la production discographique du fondateur et leader de Dinosaur Jr, semble légèrement accentuée ici.

Côté guitare, comme son ainé, J Mascis mise davantage sur les textures sonores et le geste juste que sur la virtuosité. Le travail en open tuning de « Heal the Star » ou le finger-picking de « Wide Awake » viennent notamment confirmer son statut de guitariste à forte personnalité – Mascis apparait d’ailleurs régulièrement dans les classements des « 100 greatest guitarists of all times » publié dans la presse musicale anglo-saxonne (Rolling Stone, Spin).

Côté voix, les passages en voix de tête (« Stumble », « Come Down ») contribuent à souligner la parenté Youngesque. Au point qu’on en vient parfois à se demander si le canadien ne serait pas cette étoile à laquelle Mascis se déclare attaché dans le titre de l’album… La place reste cependant majoritairement occupée par l’autre couleur vocale de Mascis, plus personnelle, ce timbre légèrement éraillé et nonchalant à souhait qui a fait les belles heures du grunge.

Pour le reste, une touche de teintes orientales (l’instru « Drifter »), un clin d’oeil discret à Elliott Smith (« Trailing Off ») et un unique point grisâtre au tableau (la ballade de clôture, « Better Plane », un poil trop lourde pour s’envoler), viennent compléter la palette de cet album réussi et attachant.

FENSTER – The Pink Caves

Basé à Berlin, Fenster est un trio composé d’une américaine, d’un allemand et d’un français, dont le second album, The Pink Caves, vient de sortir sur le label Moor Music (Tarwater, Mùm, Lali Puna…).

Album à tendance atmosphérique, voire spectrale, The Pink Caves emprunte à l’indie-folk américaine (certains arrangements vocaux, quelques éléments de percussions, des guitares acoustiques, les longues reverbs…), pioche dans la new-wave (certaines lignes de basse, quelques gimmicks de guitare sur une corde, des synthés à un doigt et… les longues reverbs), tout en étant redevable à Berlin d’une pincée de bidouillages de boucles aux sonorités plus électro, voire « indus » avec ces utilisations d’éléments extra-musicaux (claquements de portes, trucs qui gouttent et autres machins qui soufflent ou qui grincent…).

Une palette sonore assez riche qui permet au trio (aidé du producteur Tadklimp) d’habiller ses compositions, souvent minimalistes du point de vue du nombre de pistes, de textures charnues et complexes. Et le fantôme qui semble déambuler dans ces caves pas si roses en deviendrait presque palpable.

Tout cela se révèlerait cependant assez vain si Fenster n’avait pas, en plus, le sens de la ritournelle qui fait mouche. En témoigne déjà le premier single « In The Walls » que Syd Barret n’aurait sans doute pas détesté. Mais ça ne s’arrête pas là : au fil de l’album, « Better Days », « The Light », « Mirrors » ou encore « Hit & Run » viennent confirmer que les expérimentations sonores de Fenster sont loin d’être gratuites et que The Pink Caves pourrait bien nous hanter encore quelque temps.