Gator

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Les impeccables de Beach House reviendront à la mi-mai avec un nouvel album. Mais il y a quelques jours, le site Pitchfork nous a gentimment offert un titre qui y figurera.

J’ai préféré me le garder tout ce temps et l’écouter en boucle avant de vous le refiler, c’est pourquoi cette chronique sera courte :

C’est beau, j’attends le printemps avec impatience.
Bises.

Un petit article ce matin pour vous parler d’une chanson, et non pas d’un artiste :

You are the blood.

A l’origine, il s’agit d’une chanson d’une chanson du groupe Castanets, sur leur album Cathedral. Castanets n’a qu’un seul membre officiel, Raymond Raposa, un californien qui n’aime pas trop le soleil apparement, puisqu’on retrouve dans sa musique le côté sombre de l’americana et le dépouillement du folk. Raposa s’inscrit d’ailleurs dans cette branche du folk appellée freak folk, ou psychedelic folk, émergeante aux USA au début des années 2000. Aimant changer de musiciens à chaque tournées et albums, le solitaire Raymond s’est entouré pour ce disque de différents artistes plus ou moins connus, dont les membres du groupe pinback.

En 2009, Sufjan Stevens (fondateur du label Asthmatic Kitty, qui avait sorti l’album de Castanets), reprend ce titre pour l’album bénéfit Dark Was the Night, une compilation sortie sur le label 4AD en 2009 comprenant pas moins de 32 morceaux inédits du fleuron de la scène indé. Les bénéfices de la vente, plusieurs centaines de milliers de dollars, ont été remis à l’association Red Hot Organization, qui est une association luttant contre le SIDA à travers la culture.
Si la version de Stevens est d’abord assez semblable à celle de Castanets, elle est surtout plus longue de 6 minutes dans lesquelles on retrouve tout le talent de l’artiste à coups de cuivres répétitifs et de rythmiques éléctroniques.

Le titre suivant sur cette compilation est un remixe de cette chanson par Buck 65,  qui retourne la bizarrerie première pour y laisser la place à son rap un poil plus sombre. D’ailleurs, je ne peux que vous recommander l’écoute intégrale de cette compiation, tant elle regorge de bijoux (la reprise de Feeling Good par My Morgning Jacket et son solo de trompette, celle de la Cello Song de Nick Drake par The Books et José Gonzales, l’inédit de Bon Iver…).

Scott Ramon (Kid) Mes(Cudi) est l’un de mes artistes préférées.  Mon amour (oui, je suis véritablement un fan, je parle donc d’amour) pour lui a commencé, comme pour beaucoup de mes coups de coeur musicaux, par hasard, dans un bar d’une petite ville de banlieue québécoise. Je le traine avec moi depuis. Son univers si particulier se construit depuis maintenant deux albums qui avaient été précédés d’une mixtape qui faisait déjà s’interroger sur l’avenir (musical) de ce jeune rappeur de Portland, Ohio (le même état que de The National, un autre de mes groupes favoris.

Alors qu’il nous contait l’histoire du man on the moon sur ses albums, divisant les tracklists en chapitres, invitant différentes personallités du hip hop moderne américain, et laissant la rêverie à portée d’oreille avec ses instrus lunaires, synthétisées, flottant à la limite de la constellation pop (en s’entourant de Rattatat et de MGMT pour son single et énorme tube Pursuit of Happiness), de l’électro et du hiphop, la date du troisième volet fut repoussé l’an dernier, nous offrant fin février ce disque, entièrement conçu en collaboration avec son ami le producteur Dot Dat Genius, qui avait déjà participé précédemment avec le jeune rappeur. Quelques jours avant la sortie de cet album, ils relâchent sous le nom de Kid Cudi le single « Doze of Doppeness », révélant un morceau joué en live depuis des années. Laissant aux fans de quoi retrouver leur loner de la lune et apaiser leur attente tout en les entrainant déjà sur ce que sera le fruit de ce nouveau projet musical, qu’il voulait plus rock que ses précédents ouvrages (où il affichait déjà un intérêt pour ce genre en s’essayant à la guitare. On se souvient du single Erase Me où il apparait en Jimy Hendrix, guitare en main pour un morceau de rock FM mignon, mais on apprécie l’effort que n’aurait pas renié Weezer).

En lançant le disque et en attendant les premières notes avec impatience, j’ai espéré trouver le changement qui justifie la création de cette nouvelle entité musicale, qui se démarquerait des précédents travaux du Kid. A un âge si jeune, dans une carrière musicale encore jeune mais précoce et de plus en plus mature, il glisse constamment vers de nouvelles pistes, et donc de nouvelles tentatives, dans la recherche de ce que pourrait être SA musique, car une chose que l’on peut lui accorder facilement, c’est qu’il est un des rares à savoir transmettre un univers et une personnalité aussi facilement, sa musique dégage cette impression évidente d’avoir à faire avec quelqu’un d’unique. Le bonhomme nous fait voyager depuis des années dans un univers qui n’est finalement que le sien, qu’il continue d’explorer inlassablement.

The Arrival, « Ne détachez pas vos ceintures avant l’arrêt complet de la navette. Le personnel de bord vous souhaite un agréable séjour sur Wizard Island. » Une légère pression monte tout au long de cette intro, on ne sait pas encore ce que l’on trouvera une fois débarqué, et c’est comme si la porte s’ouvrait lentement, nous laissant imaginer une dernière fois toutes les possibilités. La musique des réacteurs finit de s’éteindre, nous sommes chez les WZRD, il fait sombre, l’atterrissage présageait une ambiance étouffante et les premiers accords de High Off Life se dirigent vers nous.

Fin de la métamorphose du Rager de Cleveland. Il prend ses distances avec ses origines, et attaque l’album avec un ton résolument plus rock, plus lourd, coupé des influences hip hop qui l’ont vu apparaitre pour rejoindre un bain plus grand. La batterie martiale et les riffs rageurs ont libéré la pression de l’intro, ça crie pendant les refrains, pas besoin de tailler le diamant. Pas de flow tranquille et ensommeillé sur ce morceau, il le fallait pour passer à la vitesse supérieure.

Car ici pas d’album à la Lil Wayne, « pour faire du rock », comme s’essayent parfois les rappeurs pour des raisons bien souvent foireuses. Ici l’influence principale de la guitare est d’élargir simplement l’espace trop restreint de sa conception de la musique. Chaque influence trouvera ses branches dans quelque chose de plus grand. Plus proche des spotlights que le petite monde de l’indé, Cudi se permet lui aussi, et avec brio, à jouer l’hybride, à mélanger les textures pour forger une discographie impeccable. Et c’est ce dont on se rend compte dès l’intro de The Dream Time Machine où le terme hybride prend tout son sens. Il y a quelque chose d’organique dans cette musique, et la dureté de la guitare s’est fendue sous les coups de baguettes des Wizards. Ici elle est douche, lointaine, participant comme tout autre instrument ou arrangement à la conception d’un des meilleurs morceaux du disque, puisqu’on y retrouve tous les éléments de sa musique d’alors, plus libérée, grandie, presque apaisée. Nous sommes loin du titre précédent qui était une mise en garde.

Attendons nous à être surpris, à ce qu’ils jouent avec nos oreilles, chaque titre se démarquant du précédent. Love Hard retrouve ses guitare, on entend des rires, des cuivres. Un beat s’installe. Un titre plus festif, mais aussi plus dense, j’aimerais voir un clip pour ce morceau, juste pour avoir droit à un Pursuit of Happiness 2. En deuxième partie, après l’exaltation, arrive une mélancolie technoïde, pleine de synthétiseurs, plus grave. Schizophrène, comme en fait l’album dans son entier.

Toujours des guitares et un son lourd, Live and Learn est un titre un peu en dessous après la première partie de cet album dans ses premières minutes. Le rythme néo tribal est trop formaté, il est intéressant de constater l’usage constant de guitare et la volonté de faire un morceau rock. Le titre n’est pas vraiment intéressant, car beaucoup d’autres titres de ce genre sont bien plus intéressants. Etrangement, la fin du morceau, entièrement instrumentale, est surprenante, difficile d’imaginer ce genre de sonorités répétitives sur un album qui sera  écouté par beaucoup de monde, attendu par tou-te-s celles et ceux qui ont su s’imprégner de la musique du Kid. Un titre à la base très faible devient instantanément celui qui aura musicalement le passage le plus intéressant avec cette outro quasi sludge.

Reboot de la machine, Brake démarre tranquillement et à sa façon après l’arrêt de la machine. On retrouve cette ambiance un peu pesante, des murmures, une ligne de guitare et de synthé répétittives, hypnotiques. Le voyage continue après un mauvais coup sur la figure, on se réveille les yeux encore collés de fatigue. Et on traine sur les traces floues qu’ont laissé les deux compères.Premier single présenté au public l’an dernier. Alors que seul,il était difficile de le trouver réellement appréciable, il prend tout son sens en milieu d’album, excellente transition après Live and Learn qui trouvera certainement un intérêt nouveau à la prochaine écoute. Alors que les morceaux se succèdent comme différentes balles de jonglages dans les mains d’un clown, qui selon l’éclairage nous apparait triste ou rageur, excité ou contemplateur, ses mélopées lunaires s’embrasant parfois à la lumière d’un soleil plus rageur. La magie des WZRD est d’avoir doté de plus d’une ombre la silhouette du Man on the Moon, Dot Dat Genius en parfait architecte de ses rêveries.

Et c’est un autre bond en avant pour ce Teleport 2 Me Jamie, puisque si cette album est celui de l’expérimentation et de la maturité musicale pour Cudi, il se permet ici de livrer ce qui aurait pu être son meilleur morceau sur un album propre à sa mythologie. Les « nanana » et autre « hey » ont bonne place, les synthétiseurs sont apaisées, et son flow tranquille et sincère retrouve ici un espace vierge, à sa mesure. Il y a de bonne chances que ce soit ce morceau que vous remettrez en boucle en premier. Il s’éloigne de la lourde pesanteur, pause éléctropop planante nécessaire. Probablement un futur tube du à son contenu amoureux et ses synthés new wave.

Sur la planète WZRD, rien n’est jamais sûr, et les rêves futuristes s’évaporent, nous ramenant au solide, au terrien. Where did you sleep last night? Une reprise d’un classique américain, un morceau âgé de plus de 140 ans, dont l’auteur est inconnu, et que vous connaissez aussi sous le titre « Black Girl » ou « In the pines ». C’est en amoureux inquiet que Cudi s’essaye à la reprise, non loin des traces de Kurt Cobain, duquel il est un grand admirateur.

Le morceau suivant est celui qui surclasse mes autres coups de coeur. Efflictim est un morceau est doux, épuré, la guitare accoustique est minimale au possible, et sert pourtant d’ossature au morceau, sur laquelle viendra un moment s’ajouter un piano . Elle supporte aussi la ligne de chant, comme un appel, une prière, ou juste une confession, comme sait si bien le faire Scott Mescudi (The Prayer, sur sa mixtape « a kid named Cudi »). C’est le titre que certains trouveront chiants, tant il est différent du reste de l’album.

On reprend du poil de la bête avec l’avant dernier titre, Dr Pill,  où l’on retrouve également le type de rythmiques chères à Cudi. A la première écoute, le titre ne m’inspire pas plus que ça, l’album est propre, varié et à la fois très cohérent dans ce qu’il nous propose, ce titre ne déroge pas à la règle, Dr Pill n’étant donc pas le plus passionnant après un tel déluge de pépites.

Le dernier titre revient sur les terres ancestrales du hip hop, Dot Dat Genius ayant apporté son meilleur tout au long du disque, termine avec une production impeccable, riche, probablement le titre où il s’est le plus éclaté. Les deux wizards sont ensemble sur cet Upper Room pour nous accompagner vers la fin de cette promenade dans leur univers et laissent enfin la lumière du soleil révéler les paysages empruntés. Un titre positif qui s’avère être la première bouffée d’oxygène après le coma. Retour à la réalité, les magiciens continuent le combat. On espère les retrouver un jour.

Pour conclure mes impressions après cette première écoute,il s’agit clairement d’un album de la maturité pour le jeune rappeur américain. On retrouve dans ses textes les messages habituels, son ouverture d’esprit, mais aussi d’autres ambiances, d’autres facettes, entité déjà trouble sur ses albums solos, décuplées ici par Dot derrière ses manettes. La collaboration entre les deux est un succès, même si certains pourront trouver le mélange des genres brouillons, parfois simplistes, la multitude de voies empruntées et la collection d’ambiance musicales sont cohérentes, propres à ce que l’on connaissait d’eux, à ce dont on les savait capables, mais révèle une véritable richesse, une plus grande ampleur, prenant justement des libertés avec certaines marques de fabriques, explosant les codes et les genres pour mieux se recentrer sur le projet de fond d’un artiste hors norme.

A écouter :

The Dream Time Machine

Love Hard

Teleport 2 Me, Jamie

Efflictim

En attendant mon retour dans les chroniques de la Musical Box, je te fais une petite compile, sur K7, à l’ancienne, avec les titres marqués et des dessins. Mets là dans ton baladeur, et va faire du vélo. Je t’ai mis beaucoup d’années 90 avec, mais pas que, surtout des guitares.

Snowing – Could be better forever (I could do whatever I wanted if I wanted)

American Football – Summer Ends (American Football)

Pavement – Grounded (Wowee Zowee)

Des Ark – No more fighting cats, OK? (Loose Lips Sink Ships)

Bridge And Tunnel – Cooked Books (Rebuilding year)

Dinosaur Jr. – Gettin’ Rough (Hand it together)

Benton Falls – Tell him

Colossal – Work in Prague (Welcome the problem)

Radiohead – Let down (OK Computer)

The Promise Ring – Red & Blue Jeans (Nothing feels good)

Sonic Youth – Unwind (Washing machine)

Fugazi – Blueprint (Repeater)

The Walkabout – Ahead of the storm (Rag and Bones)

Et pour finir,  je n’arrive pas à ne choisir qu’un titre alors c’est un album entier que je t’ai mis à part
Modest Mouse – Lonesome Crowded West, 1997. (lien mediafire)

Modest Mouse en 97.

Rien à voir mais trois morceaux de Two Gallants, leur concert à Laval était extraordinaire.

Two Gallants – Steady Rollin’ (What the toll tells)

Two Gallants – Threnody (What the toll tells)

Two Gallants – Fail Hard to Regain (The throes)

Spirale de Fibonacci

Petit joyau de la musique, ce morceau de Tool est une chanson remarquablement bien construite, et d’une cohérence incroyable.
Je vous laisse découvrir comment les mathématiques se tapent l’incruste dans l’art, d’après les découvertes de Léonardo Fibonacci di Leonardo Pisano.

A savoir que tout l’album est construit d’après cette suite souvent représentée sous forme de spirale.
Paroles, musiques, construction artistique et mathématique, partant de deux idées, le corps et l’esprit, tout concorde et s’intègre dans cet ensemble.

Merci  Maynard James Keenan !

La chose n’est pas nouvelle et a déjà vue des collaborations entre stars de ces deux univers bien trop souvent, et maladroitement,  qualifiés comme antagonistes, alors qu’ils partagent beaucoup de choses en commun, de leurs origines à leur avènement.
On se souvient bien sûr de Run DMC et d’Aerosmith, l’un des duos les plus connus dans le genre, mais aussi d’Anthrax et Public Enemy, Calogero et Passi (« lol »)…

Ces deux milieux se côtoient, se déchirent parfois, et s’inspirent bien souvent (et ça, c’est tant mieux!). Les rappeurs ont beaucoup utilisé des instrus rock pour poser leurs textes, alors que le monde des gratteux, et plus particulièrement dans le métal, a pour évoluer dans le temps emprunté des ingrédients issus du hip-hop (les plus connus sont sûrement Rage Against The machine, mais aussi toute la vague nu-metal de la fin des années 90).

Parce que parfois certaines oreilles hermétiques n’ont pas encore su comprendre que la musique n’était pas une question de genres et de « styles », et que le regard incrédule des copains quand je leur avoue un certain penchant pour quelques artistes hip-hop m’ennuie profondément, je vous propose ce soir une petite sélection de morceaux mélangeant allègrement riffs de guitares et flows endiablés.

On commence par mes favoris dans le genre, à savoir Blakroc, le projet parallèle des Black Keys, orfèvres du garage blues moderne dont on vous a déjà parlé sur ce blog, et que vous pouvez retrouver régulièrement dans nos playlists.

Blakroc, où la rencontre en 2009 entre Damon Dash (ancien boss et cofondateur avec Jay-Z -dont il fut le manager jusqu’en 2002- de Roc-a-Fella, le plus gros label de hip-hop) et le duo d’Akron. L’idée est simple et efficace. Les chevelus se chargent de la musique, et le producteur, de recruter les mc’s. Onze titres, onze invités, onze jours d’enregistrements. Blakroc est né et prêt à en découdre. Oubliez les guéguerres de cours de récré, montez le volume, prenez un balais dans vos mimines (c’est pratique pour le air guitar et le « air pied de micro ») et prenez votre pied une bonne fois pour toute sur cette bonne grosse basse du titre d’ouverture qui se permet de convier le fantôme d’Ol Dirty Bastard aux festivités, histoire de bien faire comprendre qu’on n’est pas là pour faire de la soupe (n’en déplaise aux deux artistes crapules radiophoniques citées dans l’introduction de ce billet).

THIS IS BLAKROC! THIS IS DOPE!

On continue avec Danger Mouse, producteur béni des dieux de la musique et grand ami des Black Keys, qui en 2004, a eu la simple (et si géniale) idée de mélanger la musique comme on mélange les couleurs. Prenez le Black Album de Jay-Z, le White Album des Beatles… et, vous aurez deviné, on obtient le Grey Album, album autoproduit (pour raisons juridiques qui le mirent en conflit avec EMI, histoire que je vous raconterai dans un autre billet) constitué de mash-up* où les acapellas de l’ancien roi du Hiphop se superposent aux mélodies des cafards anglais pour un résultat des plus étonnants. C’est créatif, moderne (le « pillage » de sources dans sa plus belle incarnation), et en plus ça roule tout seul!

Le Grey Album qui vaut clairement le détour si vous êtes curieux et avides de chouettes découvertes. On trouve même sur ce disque une référence aux allégations des détracteurs de musique rock dans les années 60/70et qui frappèrent les Beatles ou les Doors avec l’interlude Lucifer 9, qui n’est autre qu’un couplet de Jay Z passé à l’envers et agrémenté d’une ligne de basse.

*Le mash-up (ou bastard pop, bootleg, etc) est une technique -bien souvent illégale- qui consiste à mélanger plusieurs morceaux pour n’en reformer qu’un.

Restons en 2004 et continuons notre folle promenade dans ce drôle d’univers après un arrêt sur le bord de l’autoroute pour laisser Jay-Z boire quelques gorgées de flotte (car il reste du voyage) et dire ciao à Danger Mouse qui s’envole vers de nouvelles aventures avant de retrouver dj n-we, un sombre inconnu débarqué du fin fond des internets. dj n-wee a lui aussi remixé le Black Album, mais cette fois ci en le mélangeant avec l’indie rock branleur des Pavement, dont je vous avais déjà parlé dans un de mes premiers billets alors qu’ils se faisaient gentiment remixer la face à la sauce électropop par Blackbird Blackbird.
Même technique de mash-up qu’au dessus, même efficacité, sauf qu’ici la ligne directrice est différente. Alors que Danger Mouse jouait sur les titres des albums, ici n-wee a suivi à la lettre le déroulement des disques puisque tous les titres du Black Album correspondent à leur homologue de Slanted and Enchanted (premier album des Pavement, 1994), chacune de ces galettes comportant 14 titres. Pour plus d’informations sur ce disque je vous invite à faire un petit tour sur la page de son créateur, où vous trouverez en plus d’informations intéressantes sur la genèse de ce disque, la possibilité de l’écouter en streaming et même de le télécharger. N’hésitez surtout pas à le faire, il le mérite, il a vraiment fait un travail remarquable!


La promenade s’arrête ici, vous pouvez détacher vos ceintures et, EH! je t’ai vu me piquer mes disques… +100 points pour ton esprit d’initiative!
J’espère que cet essai de chronique à thème vous a plu, et que vous n’hésiterez pas à me faire part de vos suggestions pour un autre Triple Listenburger et/ou de vos conseils musicaux concernant d’autres rencontres (d)étonnantes sur ce sujet.

Je me suis réveillé ce matin avec une pensée pour le satané Vic Chestnut, disparu tragiquement durant Noël 2009.
Il était donc impératif de lancer cette chanson magnifique, probablement ma favorite parmi tous les bijoux composés par Vic, pour accompagner mon thé. C’était sur At the cut, et c’était en 2009.

R.I.P Vic. Nous sommes encore beaucoup à penser à toi.

Je n’ai pas grand chose à dire sur ce groupe, si ce n’est qu’il s’agit là d’une de mes découvertes préférées de ces derniers jours, et que je me dois de la partager avec vous. Pas besoin d’en parler car tout le monde aura reconnu leurs références, leur univers, leur époque… et pourtant ils sont jeunes, ils sont russes, et sortent continuellement des nouveaux titres. D’ailleurs, toute leur discographie est téléchargeable gratuitement sur leur site internet. Ca représente pas moins de 3 singles, 2 EP et un LP, tout ça en 3 ans.

Alors oui, ça rappelle tout plein de groupes, mais c’est toujours aussi plaisant d’écouter ces mélodies et cette voix…
A écouter sans modération!
Discographie à télécharger : ici

Toutes leurs vidéos : ici

(un merci à Hervé Alapetite de la radio Radio-active.net et un coucou à son émission RockSide.)

Coups de coeur : Normandy, Compass, Wind in her air, Ghost, There’s no hunter here, Empty bed…

En 2009 débarquait Clues. Clues vient de Montréal. Et ce sont des fous.

Vous connaissez le label Constellation? Bien. Pour les retardataires, révisez votre google, vos godspeedyou black emperor! et autres Do Make Say Think peuvent eux rester au placard.
Grand admirateur du label, c’est avec un immense plaisir que j’ai pu découvrir une nouvelle dynamique dans le combat du label pour proposer une musique toujours plus honnête, sincère et libérée.
Dans Clues, on trouve Alden Prenner, du défunt groupe The Unicorns qui nous pondait des titres pop complètement barrés,et Brendan Reed, ancien membre d’Arcade Fire. Pourtant ils n’en sont que les initiateurs, le groupe reste ouvert à une géométrie variable puisqu’on retrouve pas moins de 10 noms crédités sur le disque, dont certains que nous connaissons bien, comme Efrim Menuck, et on retrouve un noyau dur qui vient solidifier le line up composé entre autres de Lisa Gambler et et Ben Border.

Si Clues se range dans un registre pop, c’est plutôt du côté d’une pop bricolée et sous psychotrope qu’il faut aller chercher, que de celui d’une musique crue, froide, déjà périmée, empalée au sommet de l’iceberg de la musique moderne et de masse, qui n’a plus rien à offrir que sa sonnerie de portable.
C’est lyrique comme un type qui tousse, bordélique comme ma chambre, mais mélodique et décomplexé comme un rire d’enfant (ces breaks, ces intros, ces la-la-laaaaa*)
Approach the Throne que je vous propose en début de post, est une folie heureuse, un débordement de joie échappé d’on ne sait où. Et on se met à courir avec le groupe sans même savoir où ils vont, juste parce que ça a l’air marrant de faire ça avec eux.

Si on devait toutefois choisir une chanson de ce disque pour essayer de trouver un des meilleurs morceaux de 2009, ce serait Ledmonton, où ces choeurs qui débarquent vous font hésiter entre l’ahurissement et la réjouissance, alors qu’au début tout commençait comme une jolie chanson à jouer au coin d’un feu, sur une bûche, avec des copains et du whisky. Une étincelle de génie pourrait bien tout faire cramer à des kilomètres à la ronde et on se marrerait tout autant.

(*Pari : combien d’entre vous demain fredonneront (en rêvant de le brailler) le cri de guerre païen que l’on entend dans Ledmonton?)

Après une petite absence, et avant d’avantages de chroniques et de musique à écouter, me revoilà pour vous parler de Into It. Over It. Petite découverte de la semaine.

On va faire simple.

Prenez un groupe qui fricote avec la crème de la nouvelle scène emo indie du Midwest, en plein revival généralisé de mineral, penfold, et autres pointures du genre dans les années 90.

Un type qui s’est mit en tête de sortir une bonne chanson par semaine (quand on connait un peu les discographies de ce genre de groupe, on sait déjà que ça va être bonbon pour parvenir à dégotter tous les morceaux qui traînent dans le monde, encore plus jouissif que pokemon!, mais il nous a fait plaisir en les regroupant toutes ensemble), et qui vient de sortir 2 LPs : « Twelve Towns » regroupant autant de chansons nommées d’après des villes américaines, parues auparavant comme faces B ou différents splits, ainsi que le premier véritable album, « Proper », dont j’aimerais vous faire écouter un titre.

Ce disque est une véritable bouffée d’air frais car il me ramène à l’époque où il commençait à être plus aisé de ce balader sur internet, où l’on pouvait découvrir et écouter de la musique dont on n’aurait jamais entendu parler ailleurs, les premiers téléchargements, les compiles sur le baladeur. Toute cette scène emo indie me manquait, et ces nouveaux groupes qui récupèrent cette recette de la parfaite pop song comme le faisait Jimmy Eat World en son temps (réécoutez Clarity les gens!), me replonge dans des souvenirs et sensations agréables. Le raccord avec toute cette scène se fait encore plus évident quand on sait que le producteur n’est autre que Ed Rose, qui produisait déjà à l’époque Appleseed Cast, Get up Kids, le premier album d’Emery, et plus récemment Touché Amoré. Sur certaines chansons, le tempo ralenti, le volume baisse,et on se retrouve avec un petit frère de Death Cab for Cutie.

C’est parce que le groupe a aimé et écouté les mêmes disques que moi que je considère cet album comme un vrai bijou.Les amateurs des labels du  genre Deep Elm, ou du plus jeune Count your lucky star vont, si ce n’est pas déjà fait, ce jeter dessus et l’écouter une bonne dizaine de fois dans la foulée…

Mais il est évident que si vous n’avez jamais trainé dans les sphères « emo » du punk et du rock indé, que des types en chemises à carreaux qui geignent sur leurs guitares ça vous semble pas très rock’n’roll, tout ceci ne vous plaira probablement pas, et nombreux pourront être ceux qui penseront « encore un groupe de punk pour adolescents ». Ce n’est pas plus grave, on aime bien garder nos trésors pour nous, mais ça fait plaisir aussi d’en parler un peu…

J’ai découvert Chokebore il y a un long moment déjà, comme beaucoup de monde, avec le titre Ciao L.A. Je n’avais jamais vraiment poussé la recherche plus loin. En revanche j’ai eu la chance de voir Troy en solo à Rennes lors de ma première année de fac, et j’étais conquis par ce type. Pour me rattraper, je me suis jeté sur le nouvel EP des Hawaiens dès sa sortie, histoire de comprendre ma douleur (il arrive parfois que je mette des années à écouter un groupe).

Après une quasi décennie d’absence, alors qu’on fête les 20 ans de Nevermind de Nirvana, à qui on les compara longtemps malgré les évidentes différences de style (peut-être plus à leurs débuts, alors que les grunges les plus célèbres du monde les aidèrent à tourner et se faire connaître, que Cobain déclarait qu’il s’agissait d’un de ses groupes préférés…), Chokebore revient avec un EP et une tournée dans quelques petites salles françaises.

Le constat est simple : cet album est un vrai régal. Du titre d’ouverture « Lawsuit » en passant par l’automnal Defenders, la bande à Troy a fait du bon boulot, et peu importe les raisons de leur come back. Faites vous votre avis en écoutant le gros rock aux relents Lo Fi  « Lawsuit » (disponible en téléchargement gratuit sur la page du groupe).

Parce que The National est mon groupe préféré depuis plus de 4 ans maintenant, et parce que le récent article sur la reprise de Bloodbuzz Ohio par Oh land (que je ne connaissais pas) m’y a refait penser, j’ai eu envie de fouiller dans l’ordinateur à la recherche de deux trois morceaux à poster dans lesquelles vous pourriez d’avantage découvrir la fabuleuse Annie Clark. Je parlais récemment de son nouvel album et vous conseille une fois encore de laisser sa douce voix se glisser jusqu’à vos oreilles,  tout d’abord avec cette reprise de Mistaken for Strangers, premier single de Boxer (quatrième album des « gatsbyesques » The National).

J’en profite également pour vous faire découvrir ce magnifique, splendide, sublime (etc, etc) duo entre Matt Berninger, chanteur baryton du groupe susnommé, et St Vincent, parce que pouhalala… vraiment…

Youtube vous aura aidé, mais vous aurez reconnu « Sleep All Summer » des Crooked Fingers.
Annie, si tu vois ce message, épouse-moi 😉

PS :
Et un petit bonus pour la route. Il se trouve qu’Annie a également collaboré avec Kid Cudi, qui est sans doutes l’un des artistes évoluant dans le milieu hip-hop que je préfère.

Parfois, au gré des sorties dans les bars, le temps d’un verre chez un copain, il y a un morceau qui nous plait instantanément, et on ne peut s’empêcher de courir vers le barman ou la personne chez qui on se trouve pour lui demander « mais c’est quoi ça? »
J’ai retrouvé ce matin un bout de papier où il était simplement marqué « QUANTIC/Time is the Enemy/22H41 ».Quelques clics plus loin je découvre que ce titre à déjà 10 ans et apparaît sur l’album The 5th Exotic, premier album de Quantic.

Derrière ce nom se cache Will Holand, DJ/producteur/multi-instrumentiste anglais, parti vivre en Colombie. C’est de là bas qu’il nous concocte ses morceaux teintés de trip-hop et de downtempo, jouant la plupart des instruments que l’on entend. S’inspirant librement des sonorités latines qu’il réactualise, modernise et sème le long de ses compositions. Pour faire de sa piaule le dernier lounge où ça cause, n’hésitez pas à laisser traîner The 5th Exotic dans le fond de la pièce…

C’est frais, ça vient de sortir, et ça débarque de Sidney, Australie. Tombant à pic pour nous aider à garder en mémoire les bons souvenirs de l’été indien qui s’achève. Si la température a plongé et que les nuages ont envahi le ciel, il reste encore ce superbe EP, à peine découvert, déjà apprécié, qui à n’en pas douter trouvera sûrement son public dans la foule anonyme des amateurs de musique indé. On pense à Foals, Two Door Cinema Club, Whitest Boy Alive, pour ne citer qu’eux. C’est pop, prenant, légèrement dansant, et ça a ses petits côtés atmosphériques, planants. Peut-être un effet de mode, mais la soupe a bon goût et on se ressert, parce que de la chouette musique comme ça, fine et légère, ça se refuse pas.

EP en écoute intégrale ici : http://soundcloud.com/futureclassic/sets/new-navy-uluwatu-ep-1/

Derrière ce pseudonyme se cache la magnifique Annie Clark, sorte de Björk indé US. Sa musique demande parfois une écoute exigeante mais en ce qui me concerne, le charme opère à chaque fois.

Découvrez le premier titre de son nouvel album, sorti il y a quelques jours seulement.

WU-LYF, c’est ma grosse découverte de la semaine dernière, bien que leur album date d’il y a déjà quelques mois. J’avoue les avoir un peu snobé tant je tombais sur leur nom un peu partout. Faisant ce qu’on appelle « le buzz » depuis un moment à cause de leur refus constant de donner des interviews, gardant le mystère sur leur identité, et l’étrangeté de leur nom (signifiant « World Unite – Lucifer Youth Nation), mais aussi par la montée en sauce par les chroniqueurs amateurs et professionnels qui ne tarissaient pas d’éloges sur ce quatuor de Manchester (et là déjà, on se dit que la ville a vu sortir tellement de bons groupes qu’on est obligé de se poser la question). Les groupes encensés par la presse et les blogs me donnent envie de fuir en général, et je n’avais pas envie d’écouter ce truc qui suivrait probablement la même trajectoire que beaucoup d’autres depuis quelques années… une appréciation « hype » collée à leurs basques, l’instinct de la « next big thing » pour finalement avoir affaire à un groupe comme un autre, « marketé » et pourri jusqu’à la moelle. Après 18 mois d’attente et de débats enragés sur la toile, l’album voit enfin le jour.

Il faut dire que pour celui ci, je m’étais trompé. Entendu par hasard ce weekend, j’ai été tout de suite séduit par ces jeunes types dont les guitares rappellent aussi bien Explosions in the Sky que les géniaux Foals, fleuron du revival post-punk dansant. WU LYF cache de manifiques trésors dans son album intitulé « Go Tell Fire to the Mountain, et la voix éraillée de Ellery Roberts qui apporte beaucoup à ces sonorités que l’on connait maintenant très bien n’y est pas étrangère. Enregistré brut dans une chapelle abandonnée, l’album est cohérent et apporte ces moments ou la joie se teinte d’un appel à la révolte. Entre la beauté glacée de l’orgue et les envolées de guitares, des soupçons de clairs-obscurs, des impressions de fin du monde que l’on n’oublierait pas d’enterrer rapidos pour aller célébrer ça. Entre noirceur d’un constat et l’aveuglante promesse de la libération, on danse et on joue de la musique pour tenter de sortir de ces rues trop étroites…
Le groupe veille précieusement à ne pas perdre le contrôle de leur projet, qu’ils présentent comme « une organisation non-lucrative établie en 1998, sur les valeurs véritables et concrètes d’une jeunesse autonome ». Cette volonté de créer quelque chose et d’en diriger toutes les ficelles sous ce concept de révolte par la musique et la revendication d’une jeunesse et d’une libération éternelle, simple coup marketing ou véritable projet? L’idée est pourtant séduisante quand on sait qu’à leurs débuts, ils avaient distribués 900 bandanas blancs (qu’ils portent régulièrement en concert ou sur les photos) avec leurs vinyles, permettant ainsi à leurs détenteurs de venir les voir en concert gratuitement à vie… Sorte de club alternatif proposant la simplicité face au toujours plus, les WU LYF , en plus d’avoir le chic de pondre un album incroyable qui m’aura transporté de bout en bout, serait un véritable collectif comportant tout un tas de gens échangeant et développant leur créativité (musique, dessin, poésie, peinture, etc).
Il suffit d’écouter ces quelques morceaux pour vous ranger à mes côtés pour rejoindre l’armée pacifiste des Bisounours révoltés.

Titre d’ouverture : L.Y.F (Love You Forever)

Spitting Blood (clip réalisé par un fan)

We bros, et son refrain/hymne à déposer les armes et faire la fête (néo-hippies urbains les WU LYF?)

Blackbird Blackbird est un projet musical non seulement prolifique (plusieurs albums, des remixes et une flopée d’EPs en moins de deux ans), mais également impeccable. Pas forcément évident de s’atteler à un remix des couillons foutraque de Pavement, et pourtant…
Voici le remix de Box Elder, pour vos esgourdes qui s’endormiront tranquilles…

En bonus, la version originale de la chanson, apparaissant sur le tout premier EP de Pavement (Slay Tracks (19331969), en 89, soit trois ans avant le premier album. Cet EP n’avait été pressé qu’à 1000 exemplaires à sa parution.

Un autre titre de Blackbird Blackbird, original cette fois,afin de mieux vous faire découvrir cet(ces?) artiste(s) électro. Issu de l’album Halo, sorti au printemps 2011, Montauk, avec la participation de Steffaloo au chant.

The Antlers. Petit bijou de délicatesse a l’écriture soignée, délivrait dans son premier album (Hospice) une histoire tragique et sensible sur la perte, un hôpital en arrière fond. Ici la piste 5, Bear.