Zistor

Ça y est : voilà la ligne d’arrivée ! Fin des chroniques et du bilan de l’année 2016 … Aujourd’hui, on vous révèle le meilleur album de l’année du Best OF The Best Of.

Comme on vous l’avait annoncé, le Best of 2016 reflète une étrange ambiance de cimetière et de maison de retraite. Un hommage servile aux dinosaures du rock, de la pop et du rap ainsi qu’à ceux disparus pendant l’année.

C’est totalement le cas pour le premier de ce classement.

N°1 – David BOWIE – Blackstar. (Columbia/Sony)

Rendons lui cet honneur : David Bowie est l’incontestable vainqueur de l’année 2016. Blackstar apparait partout dans les bilans. Mojo, Q, Paste, Uncut, OOR, Les Inrocks et Double J, pour ne citer qu’eux, en ont fait leur meilleur album de l’année.

Évidemment David Bowie est une immense star du rock. La sortie de son album deux jours avant sa mort à l’âge de 69 ans a bouleversé tout le monde. La mise en scène de celle-ci par Bowie dans un espèce de jeu macabre, à l’image du clip de Lazarus, est foudroyante et géniale. De même l’éternelle recherche expérimentale du chanteur qui est allé s’acoquiner avec des musiciens de free-jazz New Yorkais pour enregistrer un disque âpre et audacieux, accouplement hybride de jazz, de hip-hop et d’électro. Aucun doute là-dessus.

Maintenant est-ce que c’est vraiment un grand album de Bowie ? Qui, parmi tous ces rock-critiques béats d’admiration l’a réellement écouté en boucle ou en a fait son disque de chevet dans la vraie vie ? Très peu probablement.

Attention qu’on ne se méprenne pas sur mes intentions : David Bowie est l’un des artistes qui a le plus compté dans ma vie. Il a bercé mon enfance, mon adolescence avec des chansons extra-ordinaires (au sens propre), des albums brillantissimes et une attitude incroyable, incarnant à lui seul toute l’histoire du rock de ces cinquante dernières années. Blackstar reste pourtant à mon sens un album musicalement mineur. Intéressant, historique, émouvant, oui, mais finalement inférieur à une bonne demi-douzaine de ses prédécesseurs.

Peu importe ! Cet album per-mortem a marqué de son empreinte 2016 et s’inscrira dans l’histoire du rock comme la dernière œuvre d’un musicien essentiel.

Adieu Monsieur Bowie.

On récapitule le classement complet du Best Of The Best Of 2016 :

1 – DAVID BOWIE – Blackstar
2 – BEYONCE – Lemonade
3 – FRANK OCEAN – Blonde
4 – RADIOHEAD – A Moon Shaped Pool
5 – NICK CAVE – Skeleton Tree
6 – BON IVER – 22, A Million
7 – ANGEL OLSEN – My Woman
8 – LEONARD COHEN- You Want It Darker
9 – ANOHNI – Hopelessness
10 – SOLANGE – A Seat At The table

Passons à la fin du ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°1 – Kevin MORBY – Singing Saw. (Dead Oceans)

Forcément, mon choix est à l’opposé de tout ce qui précède…

Le meilleur l’album de 2016 est pour moi celui d’une révélation, et non une valeur sûre éprouvée. Certes Kevin Morby trainait sur les scènes Américaines depuis quelques années (au sein de The Babies et de Woods), mais c’est vraiment grâce à ce troisième opus que ce musicien de moins de 30 ans éclate en plein jour.

Singing Saw est un album complet, composé de 9 chansons qui se découvrent du début à la fin, jamais ennuyeuses. Au contraire, au fur et à mesure des écoutes on savoure avec de plus en plus de plaisir le folk épuré et crépusculaire de Singing Saw, la pop douce de Destroyer, le groove funky de I’ve been to the mountain et l’énergie rock de Dorothy.

La révélation de ce disque parfait nous a même permis de découvrir les précédents disques de Morby, injustement ignorés à leur époque : Harlem River en 2013 et Still Life en 2014 . Et l’ex bassiste de Woods nous offre même en plus un supplément de bonheur lors de ses concerts. En live, les chansons de Singing Saw prennent une toute autre saveur, gagnent en intensité et en muscle pour devenir de grands moments de rock, portés par la personnalité très attachante et chaleureuse de Kevin Morby.

On tient là un album somptueux, déjà un classique, à ranger entre les meilleurs disques de Bob Dylan et Leonard Cohen.

Pour terminer, voici l’ensemble de mon ZISTOR’S TOP 10 :

1 – KEVIN MORBY – Singing Saw
2 – MUTUAL BENEFIT – Skip A Sinkin Stone
3 – PARQUET COURTS – Human Performance
4 – The AVALANCHES- Wildflower
5 – PJ HARVEY – The Hope Six Demolition Project
6 – CAR SEAT HEADREST – Teens Of Denial
7 – The MAGNETIC NORTH – Prospect Of Skelmersdale
8 – MINOR VICTORIES- Minor Victories
9 – The RADIO DEPT. – Running Out Of Love
10 – The KILLS – Ash & Ice

Avant de se quitter, toute l’équipe de The Musical Box vous souhaite UNE BONNE ANNÉE 2017 !

Qu’elle vous apporte de nombreux bons moments musicaux. N’hésitez surtout pas à sortir des autoroutes de l’information musicale pour aller explorer des nouveaux sons et des talents inconnus. Rien ne vaut le plaisir de la surprise et de la découverte !!!

C’est bientôt la fin de l’année ! Et par conséquent aussi celle de son grand bilan musical. Plus que deux articles…

Aujourd’hui, on vous présente les médailles d’argent de 2016. D’abord le Best Of The Best Of 2016.

N°2 – BEYONCE : Lemonade (Columbia)

Tous les ans le R’n’B se niche aux premières places de ce classement. En 2014 par exemple, c’était la révélation FKA Twigs. Cette année il s’agit d’une artiste confirmée. Beyoncé est loin d’être une jeune débutante. Son sixième album solo, Lemonade, est l’album de l’année chez des médias plutôt mainstream (The Guardian, Rolling Stone), mais aussi dans les bilans de sites pointus comme Stereogum et Consequence Of Sound. Il figure dans tous les top 10, à l’exception de celui des Inrocks … Pourquoi une telle unanimité ? Pas simple pour moi de vous répondre. Je ne fais clairement pas partie du fanclub de Beyoncé.

Reconnaissons à Lemonade une efficacité irrésistible. Cet album est une véritable machine de guerre, qui n’hésite pas à balayer très largement le spectre des genres musicaux. La pop bien sûr, mais aussi la dance-music, la country, le hip-hop, le dancehall, le R&B, les balades romantiques et le rock sont passés à la moulinette par Beyoncé, qui a su s’entourer d’experts dans chaque matière (Kendrik Lamar, Jack White, James Blake). Le disque est accompagné de son complément vidéo plutôt malin et réussi, avec un clip réalisé pour chaque chanson. La diva Américaine n’a pas hésité à chausser ses plus hauts talons et faire briller ses plus belles paillettes pour aller défendre ses chansons en live et écraser toute sa concurrence (pauvre Rihanna …) lors d’évènements hyper-médiatisés comme les Music Awards ou la finale du Superbowl. Enfin rappelons que ce disque a été écrit par une femme qui venait de découvrir les infidélités de son mari Jay-Z. Ses textes ont été scrutés et disséqués lors d’un gros suspense dans les gazettes people !

Bref Beyoncé est la reine et s’est confortablement installée sur le trône. En plus, elle enfourche la monture d’un militantisme de bon aloi, prenant fait et cause pour le mouvement Black Lives Matter, défendant également le statut des femmes noires et les appelant à la révolte et à la lutte. Elle n’est pas encore à la hauteur de Che Guevara, mais en cette année d’élection de Donald Trump, l’écho de ses prises de position a néanmoins pris une ampleur considérable.

Un féminisme black et métis qui se hisse au sommet de la représentation de la société du spectacle. C’est déjà ça…

Et voici le Top 2 du ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°2 – MUTUAL BENEFIT – Skip A Sinkin Stone. (Mom + Pop)

C’est une relation très particulière qui me lie à Jordan Lee, celui qui se cache derrière Mutual Benefit. Elle est historique, artistique et affective.

Historique, car j’étais un des premiers à vous faire découvrir un soir d’automne 2013, Love’s Crushing Diamond, les premières chansons du groupe, disponibles sur un vinyl 7 titres rapidement épuisé. A l’époque nous le défendions déjà avec une conviction très forte. Avec l’impression de découvrir une pépite, un nouveau talent trop timide et caché.

Artistique : comment ne pas tomber sous les charme et saluer les délicats arrangements de guitares, cordes, vibraphones, percussions soigneusement tissés par Lee ? Le chant et les harmonies vocales sont d’une fragilité extrême, pudiques, belles à pleurer. Un folk orchestral et céleste, ouvert sur la voie lactée et les étoiles d’un soir d’été. Un song-writing d’une classe absolue qui échappe au temps et à l’espace.

Et enfin une relation affective. Skip A Sinkin Stone est le disque que j’ai le plus écouté en 2016, haut la main. Un genre de doudou musical, apaisant, réconfortant, ou détendant. Une oasis de sons, beaux et harmonieux, pour se réfugier les jours où la tempête soufflait dans le désert de nos vies en 2016. Un refuge de bonheur. Et pour ces nombreux moments de plénitude musicale, de communion, c’est à son auteur qu’il faut rendre aujourd’hui hommage.

Merci Jordan Lee. Merci beaucoup.

Ça y est ! Place aux choses sérieuses avec la découverte du podium de fin d’année ! On vous révèle aujourd’hui le 3ème du Best Of The Best Of 2016, scientifique classement de synthèse mondiale.

Mais, juste avant, jetons un regard malicieux sur les ventes d’albums en France. C’est vrai ça ! C’est bien joli les jugements des critiques musicaux célèbres, mais dans la vraie vie, qu’est ce que les vrais gens achètent ? En France, selon les chiffres publiés par le site Pure Charts, le classement des meilleurs ventes d’albums est le suivant : 1er Renaud (650.000 albums venus), 2ème Céline Dion (530.000), 3ème Kids United (440.000), 4ème Kendji (315.000) et 5ème Christophe Maé (300.000). La France reste un petit village chauvin qui résiste encore et toujours à l’envahisseur Anglo-Saxon …

Dans le monde, c’est le rap qui triomphe. Ainsi Drake a été l’artiste le plus écouté sur Spotify. Mais ce n’est pas lui qui figure dans le Best of.

N°3 – Frank OCEAN : Blonde (Boys Don’t Cry)

Le rap est depuis bien longtemps confortablement installé dans les bilans de chaque fin d’année. Ses leaders s’appellent Kendrick Lamar (1er en 2015), Kanye West (2ème en 2013) et … Frank Ocean.

Album de l’année avec Channel Orange en 2012, l’Americain est à nouveau le premier de la classe rap en 2016. Un véritable exploit si on tient compte de la qualité de la concurrence cette année : Anderson.Paak, A Tribe Call Quest, Chance The Rapper, Kanye West, Danny Brown et Blood Orange figurent tous dans le Top 20.

Mais Frank Ocean se détache de la meute. Il est nettement plus discret, peu présent sur les réseaux sociaux. Pas de punchline, pas d’apparition voyante à la fashion week ni de faits divers. Très peu d’interview. Seule compte sa musique. Blonde est paru au mois d’aout, quelques jours après l’album video Endless. C’est un disque très pop, audacieux et expérimental, dans lequel on retrouve pêle-mêle Kendrick Lamar, Yung Lean, André 3000, Beyoncé, SebastiAn, des samples de Stevie Wonder et Brian Eno.

Mais il reste marqué par un sentiment d’intimité. Celle d’un song-writer enfermé dans sa chambre qui écrit des textes d’une gravité essentielle sur l’amour, la perte, le chagrin, la politique et les violences policières raciales.

Blonde est quasiment classé partout dans le top 3 des Best of 2016, même s’il n’apparait sur la première marche du podium que chez les Ecossais de The Skinny.

Maintenant le Top 3 du ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°3 – PARQUET COURTS – Human Performance. (Rough Trade)

Encore un vrai bon album de rock ! C’est toujours possible en 2016 …

Human Performance, le troisième album de Parquet Courts, nous a tenu éveillé toute l’année.

Depuis son premier single, le très Sonic Youth Dust en février jusqu’à Outside en fin d’été, les compositions du quintet de Brooklyn ont définitivement convaincu de leur grand talent. Entre garage-rock revêche et pub-rock mélodique, c’est à dire entre Velvet Underground et Elvis Costello, Andrew Savage et ses acolytes enchainent les titres ou plutôt enfilent les perles. La castagne noisy (Dust, Paraphrased) la surf-pop 60’s(Human Performance, Berlin Got Blurry, Steady On My Mind) le punk (Outside, Two Dead Cops) ou le post-punk (I Was Just here) et même du rock érudit à la Talking Heads (Captive Of The Sun, One Man No City) : ce sont finalement toutes les tendances de l’histoire du rock New Yorkais qu’on retrouve réunies sur ce disque épatant, surprenant et par conséquent jamais ennuyeux.

Parfait à tous les moments de la journée, à la maison ou en voiture, pour rêver et même courir, Human Performance s’est insidieusement infiltré jusqu’à devenir le compagnon de notre bande-son 2016.

Un immense album …

Dernière étape avant la découverte du podium des meilleurs albums de l’année d’après le Best Of The Best Of 2016, classement de synthèse des bilans mondiaux.

N°4 – RADIOHEAD : A Moon Shaped Pool (XL Recordings)

Bien que devenus de véritables dinosaures du rock, les Anglais figurent encore et toujours dans le bilan du meilleur de l’année. Même en 2016, 31 ans après leur formation dans la région d’Oxford…

A Moon Shaped Pool, leur neuvième album, paru après cinq ans de silence, truste les félicitations. Album de l’année chez les Canadiens Exclaim, sur le podium en Australie (Double J), en Belgique (Humo), en Angleterre (Uncut) et aux Pays-Bas (Oor). De notre côté, nous avions aussi plutôt bien accueilli à l’époque les nouveaux morceaux du groupe.

Et pourtant Thom Yorke et ses amis ont choisi la prise de risque maximum, en infligeant à leurs chansons à la structure pop (couplet/refrain) un traitement expérimental poussé. Rythmes lents et acrobatiques, labyrinthe sonore de guitares épineuses, nœuds de cordes emmêlées (assurées par le London Contemporary Orchestra), de claviers dissonants. Seul le chant semble avoir gagné en clarté et simplicité, contrastant avec les arrangements hallucinés et futuristes. Le tout est produit de manière calme et légère par Nigel Godrich. Une ambiance curieusement champêtre émane de ces chansons qui ne parlent pourtant que de chaos, d’apocalypse, de désolation, psychique ou terrestre …

Après à la question « S’agit-il d’un de leurs meilleurs albums ? » la réponse est ouverte et mérite le débat, car ce n’est pas évident. Mais en tout cas pour beaucoup de chroniqueurs la réponse est nettement « oui » si on se fie aux différentes critiques de l’album.

Finalement l’Histoire jugera.

On passe au ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°4 – The AVALANCHES – Wildflower. (XL Recordings)

Encore un album qui me donne l’impression de ne pas être seul au monde. Wildflower de The Avalanches est en effet largement salué dans les gazettes mondiales, et se hisse à la 30ème place du Best Of The Best Of 2016.

Tant mieux car voilà un disque qu’on a attendu pendant des siècles ! 16 ans séparent le premier et le second album des Australiens. Le risque était grand qu’ils soient devenus anachroniques et décalés par rapport au son actuel. Ce n’est pas du tout le cas. Leur DJ-mix insaisissable et plein de surprises continue à séduire et épater. Certains titres sont même utilisés en bande son d’émission TV à la une (Subways chez Yann Barthes et son Quotidien).

Wildflower reprend la formule magique de Since I Left You : des tonnes de samples issus de vinyls inconnus, assemblés d’une manière unique, virtuose et tout de suite reconnaissable. Des chansons malicieuses, caressantes, drôles et festives, délirantes. Ce qui démarque ce nouvel album, ce sont les invités. The Avalanches ont convié des guests prestigieux pour incarner leurs titres. Le rappeur de Detroit Danny Brown, Biz Markie, le duo hip-hop Camp Lo, Jonathan Donahue de Mercury Rev, Chaz Bundick de Toro Y Moi, David Berman de Silver Jews et Jennifer Herrema de Royal Trux apportent leur voix avec justesse et complémentarité, donnant à ce deuxième album une épaisseur que le premier n’avait pas.

Beaucoup de morceaux de cet album ont trainé dans nos play-lists cette année. Mention spéciale à Frankie Sinatra (feat. Danny Brown), Subways, If I Was A Folk Star (feat. Chaz Bundick) et surtout l’incroyable Colours, douce hallucination psychédélique insufflée par Jonathan Donahue.

Et avant de se quitter, en ce jour de fête, The Musical Box n’oublie pas de vous souhaiter un JOYEUX NOEL !

2016 année lugubre ? Pas sûr qu’elle ait été une année plus mortelle que les autres. Par contre c’est la première fois que la Mort influence autant les bilans musicaux d’une fin d’année. Soit directement (Leonard Cohen, David Bowie) soit indirectement, comme pour le 5ème du Best Of The Best Of.

N°5 – Nick CAVE : Skeleton Tree (Bad Seed Ltd)

« Qu’advient-il lorsqu’un événement catastrophique surgit au point de nous bouleverser littéralement ? On passe alors d’une personne que l’on connaissait à un être inconnu. Dans le miroir, on reconnaît la personne d’avant, mais sous la chair, on est un autre. » (N.Cave)

Le 14 juillet 2015, Arthur Cave, 15 ans, se tuait accidentellement en tombant de la falaise Ovingdean Gap à proximité de la maison familiale de Nick Cave à Brighton. L’enquête établit qu’il avait pris pour la première fois du LSD. Nick Cave venait alors de se mettre au travail d’enregistrement de son 16ème album avec les Bad Seeds.

Skeleton Tree est donc l’œuvre d’un homme anéanti par la perte de son fils, son difficile travail de renaissance après un deuil insupportable. On retrouve dans ce disque la trame de Push The Sky Away, déjà acclamé en 2013, avec des chansons noires, crépusculaires, mystiques. Mais le rythme est encore plus lent, écrasant, l’ambiance post apocalyptique. Les chansons d’un Nick Cave assommé par la douleur, apparaissent comme de splendides prières, déclamées d’une voix brisée soutenue tantôt par des drones, tantôt par des violons, un orgue ou un piano fantomatique. Dans ces moments là, les bons copains sont toujours présents : Warren Ellis et les Bad Seeds contribuent à construire l’écrin idéal pour ces chansons bouleversantes, mélange hybride de blues, d’ambient, de jazz, d’expérimental, de country et de musique religieuse (liste non exhaustive).

Skeleton Tree est un disque d’une intensité incroyable. Une histoire d’amour paternel et d’amitié portée avec justesse et sincérité à un niveau musical stratosphérique. En évitant de tomber dans un pathos de pacotille.

Il est meilleur album de l’année chez les Espagnols Mondo Sonoro, et sur le podium des Anglais Mojo, Uncut et du Hollandais OOR.

C’est aussi le moment du top 5 pour le ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°5 – PJ Harvey – The Hope Six Demolition Project. (Island)

PJ Harvey est une valeur sûre. Ce neuvième album, pourtant enregistré dans des conditions casse-gueule (des sessions enregistrées en public dans un vieux bâtiment public Victorien), le confirme encore une fois. C’est un des meilleurs albums de l’année. Ce n’est pas mon seul avis. Car ce disque se retrouve très bien classé dans le Best Of The Best Of, à la 22ème place pour être précis, devant Rihanna et Kendrik Lamar … Ouf !

The Hope Six Demolition Project a accompagné toute notre année 2016. Depuis les cuivres du latin The Wheel, jusqu’aux mélodies chorales de The Orange Monkey, en passant par les tambours de The Community Of Hope ou le saxo décomplexé de The Ministry of Defence, les nouvelles chansons de PJ Harvey nous emmènent dans une découverte non touristique du monde, en suivant un véritable carnet de voyage alternatif : Afghanistan, Kosovo, bas quartiers de Washington. Car l’Anglaise reste avant tout une passionaria à la conscience militante, dont les colères et les coups de cœur s’expriment avec intransigeance sur ses hymnes blues rock épiques et incandescents.

Voilà en tout cas un album qui figurera plutôt dans les meilleurs de PJ Harvey. Une belle preuve de longévité artistique et de ténacité.

C’est déjà la mi -parcours pour le bilan des meilleurs albums de 2016. L’occasion de récapituler la première partie du Best Of The Best of 2016, synthèse des classements des disques de l’année de vingt revues mondiales de référence.

7 – Angel OLSEN – My Woman
8 – Leonard COHEN – You Want It Darker
9 – ANOHNI – Hopelessness
10 – SOLANGE – A Seat At The Table

Et aujourd’hui voici le 6ème :

N°6 – BON IVER : 22, A Million (Jagjaguwar)

Depuis le bouleversant For Emma, Forever Ago en 2007, en passant par Bon Iver, Bon Iver en 2011, Justin Vernon (de son vrai nom) a pris l’habitude de confortablement installer ses albums dans les bilans annuels. C’est encore le cas avec son troisième album 22, A Million, le premier depuis cinq ans.

Ce n’était pourtant pas gagné d’avance, car il a pris des risques énormes. Vernon a consciencieusement détruit son palais musical décoré de boiseries instrumentales folk à l’ancienne pour bâtir à la place une construction moderne et expérimentale à coup de synthés et samplers. Il en résulte un disque aux chansons futuristes, accidentées. Un ensemble constitué d’instables télescopages sonores avec des syncopes rythmiques, de la dissonance, des changements de tonalité. Les chansons habituellement cristallines de Bon Iver sont fissurées, fracturées ou parfois carrément pulvérisées dans un kaléidoscope technologique. Le chant est trafiqué et déformé au travers d’un vocoder.

Et pourtant cela fonctionne encore ! Une fois passée la surprise initiale, on apprivoise sans difficulté ces chansons douces et fragiles, qui parviennent toujours à toucher leur auditeur.
La preuve : ce disque est dans le top 10 de tous les bilans mondiaux.

La grande confirmation d’un artiste majeur.

Et maintenant, place au chauvinisme, à la partialité et à la mauvaise foi, avec le ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°6 – CAR SEAT HEADREST – Teens Of Denial. (Matador)

En fait ce choix est plus consensuel qu’il n’y parait. Car Seat Headrest est en effet aussi remarquablement classé dans le Best Of The Best Of, à la onzième place. Teens Of Denial se voit ainsi attribuer officieusement le titre de meilleur album de rock de 2016.

Will Toledo est à la tête de ce groupe. On vous l’avait présenté l’année dernière. C’est un étonnant personnage, dont il ne faut pas se fier à la tête de premier de la classe ou de jeune bizuth en première année de fac de droit… Débordant de talent, il écrit joue et chante des chansons intenses, touffues, brillantes par leurs options mélodiques, le travail sonore et leur construction. Il chante et gère les guitares, l’orgue, le piano et même le mellotron. Dans une inspiration très rock (Pixies, Nirvana, R.E.M), chaque titre réserve des surprises, de chausses-trappes en rebondissements inattendus. On ne s’ennuie jamais en profitant de cet album qu’on écoute en remuant la tête et tapant des pieds.

Pour tous ceux qui ont tendance à s’encrouter dans leur fauteuil de sénateur, préférant la sécurité douillette des valeurs sûres musicales de ces trente dernières années, voilà le remède !

Car Seat Headrest constitue à la fois une promesse et une révélation. Il ranime la flamme avec le souffle de la jeunesse !

Quelques commentaires encore sur la synthèse du classement des meilleurs disques de l’année, dont vous trouverez le mode d’emploi ici.

2016 restera sans doute comme une année de transition. Le rock donne l’impression de s’épuiser, au profit du rap et du RnB. Un phénomène lié à une génération qui vieillit, jusqu’à disparaitre même : R.I.P David Bowie, Prince et Leonard Cohen

Ceci dit, les stars du rap et de la pop ne sont pas non plus des petits nouveaux au talent fraichement éclos. On ne dévoilera pas de nom pour préserver le suspense de ce classement. Mais la somme des années de carrière des dix artistes classés dans ce top 10 atteint le total de 270 ans! Une moyenne 27 années chacun ! Et par conséquent une petite odeur de musée, voire de maison de retraite … En tout cas une démonstration claire que les disques élus en 2016 sont ceux réalisés par des valeurs sûres, des musiciens bien installés, bref des notables… Peut-être une solution de refuge en période de crise ?

Ce qui souligne d’autant plus l’exploit de la septième classée, que nous vous révélons aujourd’hui, car elle est vraiment une nouvelle venue.

N°7 – Angel OLSEN : My Woman (Jagjaguwar)

Angel Olsen est apparue il y a 6 ans, mais c’est surtout sa collaboration avec Bonnie Prince Billie qui l’a révélée en 2011.

My Woman est son troisième album. Il a été enregistré à Los Angeles avec le producteur Justin Raisen (Santigold, Charli XCX, Kylie Minogue). Angel Olsen souhaitait par ce choix donner une couleur beaucoup plus pop à cet album, par rapport à un (très bon) précédent disque en 2014, plus indie et lo-fi et basé sur du « rock à guitares ». Les chansons ont été composées sur un piano, arrangées avec des synthés, et la voix est mise nettement plus en avant, pour souligner des textes jamais anodins, qui abordent l’amour selon le versant de la passion, de l’indépendance et de la féminité.

Mission accomplie : la réussite est au rendez vous pour ce nouvel album, qui a su trouver un large public, depuis les talibans du rock jusqu’aux amateurs de pop mainstream. Il apparait dans tous les classements de fin d’année, souvent dans le top 10, mais jamais sur la première marche. Son meilleur classement est donné par les Ecossais de The Skinny (5ème) et les Canadiens de Exclaim (6ème).

C’est la (seule) grande révélation du bilan de l’année 2016.

Passons maintenant au ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°7 – The MAGNETIC NORTH – Prospect Of Skelmersdale. (Full Time Hobby)

On aurait pu faire un simple copier-coller de mon article précédent. Car cet album d’un autre « supergroupe », The Magnetic North , est lui aussi complètement resté dans l’anonymat cette année. C’est bien simple : il n’apparait dans aucun classement.

Quel dommage ! Car il s’agit vraiment d’un disque pas comme les autres. Il raconte une belle histoire vraie, celle de la ville fantôme de Skelmersdale, au nord de Liverpool, déclinée tout au long d’un album structuré, avec une intro, des chapitres et une conclusion, à écouter du début à la fin. Une approche originale en cette époque de zapping permanent.

Musicalement l’ambition est également assez élevée. Le trio, constitué de deux musiciens de Erland & The Carnival et de la chanteuse Irlandaise Hannah Peel, a tissé de délicates pièces de folk-pop symphoniques, aux arrangements luxueux de cuivres et de cordes. Un monde champêtre et enchanté proche de celui de Fleetwood Mac, ou San Fermin.

C’est à Noémie Lecoq que l’on doit leur découverte via les Inrocks en fin d’hiver, et depuis ils sont devenus des tauliers inséparables de notre programmation musicale durant toute l’année.

Notre seul regret est de ne les avoir finalement gardés que pour nous …

On poursuit l’exploration des bilans de fin d’année établis par les grandes revues musicales du monde entier. Le Best of The Best Of en constitue le classement de synthèse, effectué par nos calculateurs infaillibles. Pour les curieux, le mode d’emploi est résumé ici.

Aujourd’hui, découverte de la huitième place. D’abord celle du Best Of The Best Of, puis celle de mon classement personnel, qui n’a rien de scientifique, lui …

N°8 – Leonard COHEN : You Want It Darker (Columbia)

L’année 2016 a vu surgir une star incontestable : la mort. En un an des artistes majeurs de l’histoire de la musique ont tiré leur révérence, bouleversant le monde entier, spécialistes comme néophytes. Les trois géants Prince, David Bowie et Leonard Cohen figurent sans trop de doute dans les dix musiciens les plus importants de ces cent dernières années.

Alors forcément, la parution du quatorzième album de Leonard Cohen quelques semaines avant sa disparition a constitué un évènement essentiel de 2016. Enregistré pendant sa dernière année de vie, parfois depuis le lit médical installé chez lui dans son salon, You Want It Darker n’est pas un disque comme les autres. D’une voix caverneuse et déjà extra-terrestre, Cohen aborde des sujets terribles comme la mort, Dieu, la nostalgie, mais avec la distance qui le caractérise, pleine de finesse. Il passe d’une prière funèbre à une chanson d’amour, avec des moments d’humour et même des allusions salaces … Un ensemble de chansons crépusculaires, à la beauté soulignée par les chœurs somptueux des enfants de la synagogue de Montréal.

Est-ce que You Want It Darker est vraiment un des meilleurs albums du Canadien ? Mérite-t-il un tel classement ? On ne le saura finalement jamais. Rappelons que Popular Problems, son prédécesseur en 2014, apparaissait certes dans les bilans de fin d’année, mais au delà de la quarantième position juste derrière Taylor Swift !

Le choc de sa mort trois semaines après la sortie du disque a définitivement brouillé son appréciation objective. Les sentiment de deuil, de nostalgie et d’absence sont encore trop intenses.

So long Léonard !

Pas évident comme transition, mais voici quand même la suite du ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°8 – MINOR VICTORIES – Minor Victories. (Fat Possum)

Ce classement est, lui, totalement subjectif, et parfois en décalage complet avec les Best-of internationaux.

Ainsi Minor Victories n’apparait pas du tout dans les bilans, sauf ceux de quelques sites rock pointus, comme Rough Trade par exemple.

Pourtant à sa sortie c’est un disque qui a été plutôt bien accueilli. Minor Victories est un quatuor en mode « supergroupe« , composé de la chanteuse de Slowdive, épaulée par des musiciens issus de Mogwai et Editors.

Leur debut-album est construit sur dix titres imposants, d’une grande densité sonore, intense, sombre et shoe-gaze.

A Hundred Ropes, Cogs, Breaking My Light ou For You Always ont été régulièrement joués dans notre programmation radio. Mais c’est Scattered Ashes (A song for Richard) qui remporte tous nos suffrages. C’est un bel hymne qui conjugue la tension de l’effet fuzz des guitares avec la mélodie d’un chant à deux. Rachel Goswell bénéficie de l’appui de l’excellent James Graham de Twilight Sad.

Densité, générosité et qualité. Trois bonnes raison de découvrir si nécessaire ce très bon disque de 2016.

Deuxième page consacrée aux bilans de fin d’année. La présentation des meilleurs albums de 2016 est effectuée en suivant un scientifique classement de synthèse le Best Of The Best Of, dont vous trouverez le mode d’emploi ici.

Quelques chiffres : 302 albums sont classés, ce qui constitue une vingtaine de plus que les années passées et un nouveau record. La preuve en tout cas que la production en nombre et en qualité des disques n’est pas complètement en récession. Chacun peut ainsi trouver des coups de cœur à défendre qu’on ne trouve pas chez les autres. Par exemple The Cult chez Mojo, Lady Gaga pour le NME ou Julien Doré pour les Inrocks ! Par contre si on s’intéresse de plus près aux quinze/vingt premiers, il apparait que ces disques sont quasiment tous les mêmes chez les uns et chez les autres et que seul l’ordre de classement diffère. En 2016 il existe un vrai consensus entre les magazines et sites de notre panel, qu’ils soient plutôt généralistes (Rolling Stone, The Guardian) ou hyper-pointus (Pitchfork, Stereogum).

C’est bien le cas avec le 9ème du classement, qui figure dans presque tous les bilans, souvent dans le top 10.

N°9 – ANOHNI : Hopelessness (Secretly Canadian)

Son meilleur classement est une cinquième place chez Mondo Sonoro, Consequence Of Sound et Double J. Antony Hegarty est habituée à ces récompenses de fin d’année, avec ses multiples incarnations : Antony & The Johnsons, Hercules & The Love Affair ou maintenant Anohni.

Cinquième album d’Antony, Hopelessness est le premier sous le nom d’Anohni, depuis son changement de sexe. Co produit avec l’expérimental Oneohtrix Point Never et le DJ Ecossais Hudson Mohawke, il dévoile une électro-pop malsaine et tourmentée, hyperfragile et bourrée de sensualité et d’émotions, au contenu lourd de significations (le réchauffement climatique, les drones de guerre, la surveillance technologique, les enfants abusés). Des protest-songs drapées de strass et de paillettes pour danser jusqu’au matin. Oubliée la délicate musique de chambre jouée avec The Johnsons, et place désormais à une machine de guerre bardée d’électronique.

« Crushing and glorious » écrivait Pitchfork à la sortie de l’album en lui attribuant une note très élevée.

Cela va bien à Anohni : l’anéantissement et la gloire …

Passons au ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.

N°9 – The RADIO DEPT. – Running Out Of Love. (Labrador)

Mon best-of de l’année vient lui se situer à l’exact opposé du classement de synthèse. Il est très peu consensuel et fait preuve d’une grande originalité. On peut aussi y voir de la mauvaise foi … C’est totalement involontaire. Ces dix albums sont vraiment mes préférés, tout simplement.

Prenez The Radio Dept. Le trio Suédois ne figure dans aucun bilan de fin d’année. Aucune importance. Cela nous rend encore plus fiers de l’avoir défendu dans The Musical Box. Dès le mois de juillet 2015, le single Occupied nous avait conquis :  » Une chanson de haute densité et d’une grande justesse. Une merveille qui bouleverse et fait pleurer le dance-floor ». Et la découverte de l’album Running Out Of Love, leur quatrième, confirmait en octobre les promesses : « une électro minimaliste, étrange, imprégnée de tristesse, de colère mais débordante de nostalgie et d’amour. Un romantisme moderne qui provoque une adhésion immédiate. »

Il existe un point commun entre Anohni et The Radio Dept. Ils écrivent des chansons engagées prêtes à être jouées en soirée par les DJs. Par contre chez les Suédois l’ambiance est plus douce, embrumée, et moins écorchée que chez l’Américaine.

En tout cas les deux réconcilient avec intelligence et sans concession le militantisme et le dance-floor. Une vraie tendance de l’année 2016.

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Nous y voilà ! C’est le temps de la préparation des cadeaux et de la décoration du sapin de Noël. C’est aussi le moment de démarrer les bilans musicaux de fin d’année. Alors que faudra-t-il retenir de 2016 ? Est-ce qu’il s’agit d’un bon millésime discographique ? Qui sera l’album de l’année ?

Pour répondre à ces questions ,nous avons ressorti notre outil habituel : le Best Of The Best Of. Il s’agit d’un méta-classement qui compile avec un algorythme savant les bilans des meilleurs disques de l’année des plus grandes revues et sites musicaux mondiaux. Pour 2016 nous avons retenu : Rolling Stone, Spin, Stereogum, Consequence Of Sound, Paste et Pitchfork (USA), NME, Q, Uncut, Mojo, Clash et The Guardian (GB), Les Inrocks (Fra), Mondo Sonoro (Esp), Rumore (Ita), Oor (P-B), Humo (Bel), Explain (Canada), The Skinny (Ecosse) et l’Australien Double J . L’addition mathématique de tous leurs Best Of constitue ce classement que nous allons vous présenter jusqu’au 31 décembre en suivant le compte à rebours.

Cette fin d’année est aussi l’occasion de vous présenter nos choix personnels. Le Zistor’s Top 10 récapitule les dix albums que je retiendrai de cette année 2016.

Fin des explications. Entrons dans le vif du sujet !

D’abord le BEST OF THE BEST OF 2016.

N°10 – SOLANGE : A Seat At The Table (Saint – Columbia)

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Dans la famille Knowles je demande la petite soeur …

Frangine de Beyonce, Solange n’a pas perdu son temps et accumule déjà à l’âge de 30 ans une quinzaine d’années de carrière, commencée en 2001 avec Destiny’s Child et poursuivie au gré de styles musicaux variés, passant du hip-hop au funk, puis à la soul des 60’s.

Pour son troisième album solo, elle a nettement haussé la barre, en construisant un ensemble de chansons soul dépoussiérées et ambitieuses. Épaulée par une nuée de collaborateurs (Majical Cloudz, David Sittek, Rostam Batmanglij, Raphael Saddiq parmi tant d’autres), elle a su autant convaincre le grand public (le disque s’est classé n°1 des ventes aux USA) que les journalistes musicaux les plus exigeants. Son album à l’écriture et à la production classieuse aborde des thèmes sérieux comme le racisme aux USA, la condition des femmes, les droits civiques, ou simplement les émotions de son histoire familiale. Elle les décline dans un registre définitivement placé sous l’étendard de la black-music, entre soul, jazz et funk futuriste.

A Seat At The Table apparait dans quasiment tous les classements, en particulier dans le top 10 de The Guardian, The Skinny ou Stereogum, et surtout chez Spin et Pitchfork qui en ont fait leur album de l’année.

Le ZISTOR’S TOP 10 maintenant .

N°10 – The KILLS – Ash & Ice. (Domino)

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Rien d’exceptionnel dans cet album de The Kills, mais la confirmation que le duo est bien une valeur sûre.

Les 13 titres du généreux Ash & Ice s’enchainent avec à chaque fois le plaisir de retrouver un rock incandescent, sans compromis, nourri de sang de sueur et de sexe. Après avoir frôlé le pire pour un guitariste avec la perte accidentelle de la mobilité d’un doigt, Jamie Hince a réussi à adapter sa façon de jouer pour effectuer, avec une Alison Mosshart pourtant très courtisée par d’autres, un come-back éclatant de talent et d’inventivité. La palette du duo s’est élargie avec des morceaux d’inspiration parfois plus blues ou parfois plus exotique, mais sans rien enlever à leur caractère incendiaire et stimulant.

Cinq ans après Blood Pressure son pâle prédécesseur et 13 ans après les grands débuts du groupe, Ash & Ice mérite largement de figurer dans le meilleur de l’année.

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Encore une dernière séance de révision de l’année 2016 avant d’attaquer les bilans des meilleurs disques de l’année…

Oublié injustement de nos chroniques lors de la sortie de son album en septembre, King Creosote mérite vraiment d’être salué. Le faire en quelques lignes relève pourtant de l’exploit. Car voici un musicien atypique, touche à tout, à la discographie abyssale. Depuis 1998, entre ses vrais albums, les vinyls et les CD-R faits maison, le décompte est particulièrement compliqué. Les experts estiment ce total à 50 !

En tout cas, Astronaut Meet Appleman est bien son nouvel opus, qui succède à From Scotland With Love, unanimement applaudi en 2014 et Diamond Mine, co-écrit avec Jon Hopkins et nominé pour le Mercury Prize en 2011 . C’est un superbe disque ! Originaire de Fife, l’ Écossais Kenny Anderson (c’est son vrai nom), qui nous avait jusqu’ici plutôt habitué à un folk de chambre épuré et exigeant, a effectué le grand nettoyage. Il introduit des arrangements modernes, électroniques, qui viennent s’ajouter aux sonorités traditionnelles de son Écosse adorée, harpe, violons et cornemuse. Le mélange est parfaitement dosé, préservant l’authenticité sauvage de King Creosote d’une chute dans le mainstream indigeste. L’enregistrement a eu lieu en Irlande, sur l’Ile de Mull et à Glasgow, d’où sans doute l’ambiance très Celtique qui émane de ce disque, co-produit par Paul Savage (ex The Delgados et aux manettes de Mogwai et Franz Ferdinand).

Et on se régale à l’écoute des dix titres de l’album. Depuis la symphonie paisible et extra-terrestre de You Just Want, digne du Radiohead de OK Computer, jusqu’au poppy Love Life, en passant par la majesté mystérieuse de Surface, proche du meilleur Flaming Lips, et l’hymne pastoral et malicieux qu’est Wake Up To This, Anderson nous promène les yeux fermés dans son univers poétique, où le rêve côtoie l’humour et la science fiction. Un dialogue finement orchestré entre la nature et la technologie, l’homme et la machine, l’analogique et le numérique, la terre et l’espace.

Un drôle de bonhomme, bouleversant.

Willie J Healey

C’est un peu le « portrait d’un branleur »… Willie J Healey incarne l’image en miroir vue côté Europe d’un Kurt Vile ou Mac De Marco. Le visage poupon d’un spécialiste de rock lo-fi flemmard et déconneur en apparence, mais finalement bourré de trouvailles de qualité.

On l’a découvert en début d’année avec Dude Like Him, tube de pop-rock intemporel et punchy.

Âgé de 22 ans, auteur compositeur basé à Oxford, Healey est apparu en 2015 avec ses premiers singles enregistrés dans son garage, pleins d’une lenteur nonchalante : Subterraneans, HD Malibu ou Pipedreams. Un style qu’il définit lui même « Rock’n’Stroll » (le rock qui flâne).

Would You Be, son nouveau single, vient de sortir. Le progrès constaté est flagrant : chant mieux maitrisé, avec des réminiscences rockabilly-sixties et un côté Weezer ; midtempo nettement plus enlevé, et propulsé par un mur de guitares à la distorsion très Pixies ; des arrangements à tiroir avec des changements d’intensité, mais une chanson de moins de 3 minutes facile à retenir et à brailler sous la douche ou dans sa voiture. Un hymne irrésistible.

Le clip est lui aussi totalement iconoclaste. Réalisé par Finn Keenan (Raglans, Louis Berry), il présente Healey comme un « mute-cian » spécialisé dans l’enregistrement de sons muets, les « nonophonic sounds ». Une bonne tranche de rigolade avec ce garçon qui sans avoir l’air de rien s’affirme comme un wonderboy en devenir.

Signé chez National Anthem/Columbia Records (Chvrches, Haim, The Orwells), il est actuellement en tournée avec les pétroleuses de Hinds.

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Quels débuts ! Il est rare que des tout nouveaux venus parviennent à impressionner autant. En seulement deux singles, le trio Londonien Little Cub a surgi du néant pour s’imposer avec talent et classe. Et en plus, certainement pas par hasard, ils viennent de décrocher une signature prometteuse chez Domino.

On les avait découverts il y a un mois avec Loveless, une chanson sur une histoire d’amour ratée qui finit mal. Un morceau pop-dance particulièrement moite et glauque. Une électro sombre et vibrante qui fait penser à New Order et Depeche Mode, mais aussi au meilleur de la musique de danse actuelle (George Fitzgerald, LCD Soundsystem).

Ils confirment maintenant avec My Nature, tout récemment paru. C’est une chanson plus nocturne encore, marquée par un énorme son. Une véritable machine de guerre avec ses synthés glaciaires et noirs, soutenus par une basse sismique. Cette force de frappe contraste étrangement avec le chant qui se veut beaucoup plus réservé, doux et mélodique. « Là où Loveless était écrite dans une perpective mélancolique et peut-être naive, My Nature est beaucoup plus endurcie et sans honte. Elle traite du refus de chercher à être pardonné et peu donner l’impression d’être un peu hostile » déclare avec justesse le communiqué de presse.

Antipathique ou pas, voilà en tout cas une belle vague d’électro mélancolique qui emporte tout sur son passage.

Little Cub est formé par Dominic Gore, Duncan Tootill et Ady Acolatse, musiciens, producteurs et DJs issus du quartier branché et cosmopolite de Peckham, dans la banlieue sud-est de Londres. Avant de signer chez Domino, le groupe, qui était encore un quatuor, avait publié son tout premier single Breathing Space en novembre 2015, suivi de Intent en février 2016.

L’album serait déjà prêt et ses morceaux vont petit à petit être mis en ligne jusqu’à sa sortie officielle.

A suivre attentivement donc …

LVL UP

Séances de rattrapage : nouvel épisode ! Alors que se profilent les bilans de fin d’année, on se dépêche de reparler des bons disques de 2016 restés jusqu’ici dans l’anonymat. Une volonté de mémoire d’autant plus essentielle que les premières tendances laissent augurer des bilans officiels de 2016 qui devraient plutôt sentir le renfermé …

Alors, vite ! Quelques mots sur LVL UP, excellent groupe hébergé par Sub Pop. C’est un quatuor de New York, qui a sorti en septembre l’ album Return To Love, son premier sur le label de Seattle. Il sévit depuis 2011, formé à la State University of New York de Purchase par les guitaristes/chanteurs Dave Benton et Mike Caridi épaulés par leurs potes de collège Greg Rutkin (batterie) et Nick Corbo (basse et chant). Mais c’est surtout leur deuxième album Hoodwink’d qui leur permet de se faire remarquer en 2014, avant la signature chez Sub Pop cette année.

Ils jouent un rock à guitares, avec un gros travail sur le son, sculpté par la reverb et la distorsion. Il en résulte une ambiance très 90’s, à la Pavement / Dinosaur Jr, teintée de couleurs psychédéliques. Des chansons à la fois expérimentales et mélodiques. La grande force de LVL UP repose sur la variété du song-writing. Il n’est pas réservé et détenu par un seul musicien leader et éclairé. Au contraire, les compos sont écrites indifféremment par trois auteurs (Benton, Caridi et Corbo) qui participent aussi à part égale au chant. D’où ces morceaux complexes, denses, agrémentés de belles harmonies vocales, qui s’intéressent à la spiritualité, au mysticisme et aux choses occultes. On y découvre un espèce de grunge-garage aux arrangements de guitares très noisy, mais au climat tout en retenue, grave et plein de poésie. Poignant contraste entre un son qui tabasse et des mélodies caressantes.

Un disque qui brille par sa sincérité, son authenticité et son énergie.

Et pour faire plus ample connaissance avec eux, Sub Pop a gentiment mis en ligne le streaming de l’album :

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Disque après disque, année après année, Kate Bush est devenue un personnage majeur du monde de la musique, une figure. Souvent citée aujourd’hui comme référence incontournable par toutes les jeunes apprenties-sirènes contemporaines, elle est apparue il y a presque quarante ans. En 1978, on découvrait avec émerveillement sur son premier disque Wuthering Heights une voix exceptionnelle de soprano parvenant à couvrir quatre octaves. Par la suite, durant toute sa carrière, elle a su préserver une trajectoire exigeante, cohérente, installée entre succès public et expérimentation, de Babooshka à Running Up That Hill ou de Army Dreamers à Hounds Of Love. Celle qui était au départ une jeune fée clochette est désormais devenue une véritable légende, assise sur le trône aux côtés de Ella Fitgerald, Billie Holliday ou Joni Mitchell, avec à ses pieds des collaborateurs prestigieux comme David Gilmour ou Peter Gabriel.

Bien au delà de son talent musical, unanimement reconnu, c’est sa personnalité hors du commun, bouleversante, atypique et fragile, qui provoque un rapport passionnel, une adoration quasi mystique auprès de ses fans. Issue d’une formation musicale classique (piano, violon, chant), éduquée jeune dans un couvent, Kate Bush utilise avec brio la danse et le mime. Elle est une des pionnières dans l’art de ce qu’on appelle alors les « vidéos-clips ». Mais c’est surtout par sa voix qu’elle se distingue. Très haute, enfantine, céleste, elle sait aussi devenir mystérieuse, menaçante ou perverse.

En avril 1979 se déroule la tournée « Tour Of Life ». C’est la seule qu’elle effectuera jamais. Car la chanteuse est terrorisée à l’idée de monter sur scène. Elle se retire donc dans son studio bâti dans sa maison du sud de Londres depuis lequel elle enregistre, dans la réclusion, des disques qu’elle délivre avec parcimonie et perfectionnisme au cours des décennies suivantes.

Jusqu’en mars 2014 où elle se décide à refaire une série de concerts, à l’Hammersmith Apollo de Londres. Quinze dates sont prévues, toutes sold-out en un quart d’heure. Sept de plus sont ajoutées, également à guichets fermés. Des concerts jugés exceptionnels et bouleversants, récompensés d’une pluie d’Awards. « Une soirée qu’il faudra raconter à nos petits-enfants » titrait le Evening Standard. Un album live en est tiré : Before The Dawn. Il est sorti le 25 novembre chez Rhino. En format triple CD, il est auto-produit par Kate Bush, évidemment, et ne contient aucun ajout ni overdub effectué à postériori en studio.

Pour illustrer ce nouveau disque, un clip est sorti. Comme elle ne fait jamais les choses à moitié, la chanteuse n’a pas hésité à s’immerger pendant trois jours de suite dans un réservoir d’eau des studios de cinema Pinewood, près de Londres, allant même jusqu’à souffrir d’hypothermie.

Avec la patine des années sur sa voix, And Dream of Sheeps, qui date de Hounds Of Love, apparait plus que jamais d’une beauté crépusculaire. Et foudroyant…

L’occasion rêvée de rendre hommage à cette chanteuse exceptionnelle.

Compte tenu de l’évènement que constitue ce coffret live, voici l’intégralité du contenu des trois CDs.

Disc 1:
Lily
Hounds of Love
Joanni
Top of the City
Never Be Mine
Running Up That Hill
King of the Mountain

Disc 2:
Astronomer’s Call (Spoken monologue)
And Dream of Sheep
Under Ice
Waking the Witch
Watching Them Without Her (dialogue)
Watching You Without Me
Little Light
Jig Of Life
Hello Earth
The Morning Fog

Disc 3:
Prelude
Prologue
An Architect’s Dream
The Painter’s Link
Sunset
Aerial Tal
Somewhere In Between
Tawny Moon
Nocturn
Aerial
Among Angels
Cloudbusting

warpaint

Aujourd’hui, c’est une séance de rattrapage ! Alors qu’à l’horizon se profilent les bilans de fin d’année il est encore temps de mettre à la une un album survolé trop rapidement lors de sa sortie.

Heads Up est le troisième album de Warpaint. A sa sortie il y a deux mois, on lui avait trop vite tourné le dos, assommé et rebuté par son premier single, le sirupeux New Song, trop dégoulinant pour notre gout. Jugement beaucoup trop hâtif car au fil des écoutes, ce disque se révèle finalement un bon cru pour 2016.

Les quatre Californiennes n’ont pas voulu replonger dans les contraintes des sessions d’enregistrement interminables des deux précédents albums (The Fool en 2011 et Warpaint en 2014). Elles ont choisi l’immédiateté et la proximité. Le disque a été réalisé en quatre mois, à la maison à Los Angeles, avec Jake Bercovici, le producteur de leur tout premier single Exquisite Corpse en 2008. C’est un retour aux sources, donc, après une multitude d’aventures en dehors du groupe pour chacune des filles depuis 2014, qui sont allées enrichir leur pratique dans d’autres expériences musicales collatérales, dont la liste est trop longue pour être citée ici.

Il en résulte un profond changement de direction et une volonté de sonner beaucoup plus pop. Les références avouées pour ce disque sont Kendrick Lamar, Outkast et Erikah Badu ! Mais finalement Warpaint n’a pas effacé d’un clic ses premières créations sonores, noires, expérimentales, engagées et mystérieuses. On retrouve sur Heads Up le venin noir et les incantations habituelles du groupe soit frontalement (Whiteout et By Your Side ) soit de manière plus insidieuse, avec une contamination subtile de chansons d’apparence plus sages (Above Control, Dre ou Heads Up). Et comme souvent en pareil cas, c’est dans l’équilibre et l’harmonie qu’éclatent les meilleurs morceaux. So good et Don’t Let Go sont particulièrement réussis. La rythmique assurée par la bassiste Jenny Lee Lindberg et la batteuse Stella Mozgawa est prodigieuse de violence retenue et de compression sonore. Et le chant choral d’ Emily Kokal et Theresa Wayman est plein de malice et de sortilèges, quelque part entre les Talking Heads et Bananarama

Au final, Heads Up s’avère un disque complexe et passionnant, avec plusieurs niveaux et strates sonores qui se dévoilent au fur et à mesure des écoutes. Il ne faut donc pas hésiter à réécouter en mode repeat les onze titres qui le composent.

En illustration voici Whiteout, mais c’est So Good qui a été choisi pour tourner dans notre play-list.

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C’est un moment de grâce. Une parenthèse enchantée. Quand Emily Reo commence à chanter sur Stronger Swimmer, après 47 secondes d’intro, le sol s’ouvre sous nos pieds. Jusque là, ce morceau de synth-pop flottante développait une lente et mystérieuse progression de claviers rythmés par une drum-machine aérienne. Le genre d’ambiance sonore prisée par David Lynch. Et puis c’est l’éclair. La voix surgit, sidérale et mystique, sculptée au vocoder . Dans un timbre émouvant par sa beauté et sa tristesse, elle raconte une histoire qui est tout sauf mièvre : celle des hésitations d’une femme battue, bonne nageuse, dont le canoé s’est retourné dans la rivière et qui se demande si elle va sauver ou laisser couler son mari violent, qui lui ne sait pas nager …

Stronger Swimmer, aussi bouleversante soit-elle, n’est que la B-Side de Spell, tout nouveau single de l’Américaine. Mais c’est pourtant vers elle que penche notre cœur.

Emily Reo est originaire d’Orlando, mais elle s’est installée à Brooklyn après être passée par Boston et Los Angeles. Chanteuse hors norme, elle écrit, joue et produit seule sa musique, recluse dans son laboratoire de synthétiseurs et d’effets spéciaux. Son premier album Olive Juice la révèle en 2013. Mais il faut remonter encore plus loin, jusqu’en 2009 pour retrouver ses toutes premières traces musicales avec une cassette intitulée Minha Gatinha. Stronger Swimmer figurait déjà sur cette cassette dans une autre version, nettement plus brute. Elle a été réarrangée pour figurer en face B de Spell, son nouveau single paru chez Orchid Tapes. Le travail est somptueux. On y entend notamment un ensemble de cordes de 9 musiciens conduit par Owen Pallet (Final Fantasy, Arcade Fire, Last Shadow Puppets). Un album devrait suivre dans les mois qui viennent.

Une bonne occasion de découvrir cette musicienne vraiment pas comme les autres, qui entre par la grande porte dans notre play-list.

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Notre découverte du jour nous propulse à Sheffield.

Luxury Death est né sur les cendres de Nai Harvest, duo local slacker-pop éparpillé façon puzzle l’été dernier après cinq ans de carrière par le départ de son batteur Lew Currie, envolé pour Copenhague pour suivre une formation de Master en Game Art, Design & Development. Resté tout seul, le chanteur et guitariste Ben Thompson embarque alors à bord son amoureuse Meg Williams (claviers). Sous le nom de Luxury Death, ils s’installent à Manchester et publient assez vite deux très bons premiers titres : Radiator Face en aout, puis I Feel Your Pain en septembre.

En ce mois de novembre, c’est le tour du troisième. Et il surpasse encore ses prédécesseurs. Painkiller est un intense moment de plaisir. Voilà une ritournelle pop irrésistible chantée à deux voix masculine et féminine façon Los Campesinos. Une chanson qui semble déjà un classique avec ses roucoulades mélancoliques, les guitares jangle en mode fuzz sur une rythmique plutôt 60’s. Un joli tube indie !

Initialement un projet très intime, très bedroom-pop, Luxury Death est déjà victime de son succès et contraint de sortir de sa zone de confort pour monter sur scène avec des premiers concerts. Pour l’occasion, ils se sont renforcés avec Tommy Stewart à la basse et Luke Rowland à la batterie.

Un groupe encore au stade embryonnaire, mais qui semble parfaitement profilé pour briller rapidement dans la lumière des espoirs à suivre.

Et une nouvelle pépite déterrée pour notre plus grand plaisir !

On nous reproche parfois la difficulté rencontrée pour se procurer nos sélections. Pour Luxury Death c’est ici que vous pouvez l’acheter, avec un joli pin-badge en bonus …

Les Mancuniens figurent en effet sur le petit label indépendant de Bristol Art Is Hard, connu par la qualité de ses packagings et pour avoir servi de tremplin pour les premiers titres de Splashh ou Joanna Gruesome.

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C’est une véritable malle aux trésors ! A chaque fois qu’on fouille dans les tiroirs de Bella Union, c’est toujours avec l’émerveillement d’y découvrir des perles et trésors inconnus. Le label de Simon Raymonde nous délivre depuis de longues années l’assurance de grands bonheurs musicaux surgis de nulle part. Citons au hasard Arc Iris, Lanterns On The Lake, Exmagician, Landshapes, Promise And The Monster

Aujourd’hui c’est le tour d’Indian Queens, toute nouvelle signature de la maison. Un trio du quartier de Hackney Wick, à l’est de Londres dont on avait jamais entendu parler. Et pour cause : Us Against The World leur premier single ne sort que dans deux jours. Raison de plus pour bien vous les présenter. Les deux sœurs O’Neill, la brune Jennifer (guitare et chant) et la blonde Katherine (basse) sont épaulées par un garçon, Matt Bick à la batterie. Ils jouent ensemble depuis leurs années d’école. Le trio s’est fait connaitre il y a quelques années sous le nom de Bleech , déjà franchement apprécié dans nos chroniques. Rappelez vous de ce coup de cœur de 2012 pour leur sauvage et irrésistible Adrenalin Junkie. Après un deuxième album Humble Sky en 2014 et une série de concerts remarqués en Grande Bretagne et en Europe, Bleech avait disparu des écrans radar.

Jusqu’à fin 2015 où ils réapparaissent en Indian Queens, signés ces derniers mois dans la galerie magique de Bella Union, avec une nouvelle ligne artistique, plus mature, qui a gommé leur côté hard-rock au profit d’une pop ténébreuse nettement plus sophistiquée, concrétisée désormais par Us Against The World, le debut-single.

On apprécie tout de suite ce premier titre, mystérieux tourbillon d’humeurs brumeuses. Le rythme est lent, presque blues, accentué par l’omniprésence des guitares, décapantes. Le contraste est net avec le chant évaporé des deux sœurettes, qui tissent des mélodies touchantes et incantatoires. Il y a du Cocteau Twins là dedans, du Siouxsie, des teintes de Shoegaze (le contraste mélodies/son abrasif) et de Grunge (la lenteur, l’indolence). Mais aussi le spleen urbain et barré de Massive Attack ou de Warpaint. Pas mal comme références non ?

En tout cas c’est une certitude : on tient là une chanson complexe et séduisante, qui suscite de bien belles promesses pour l’avenir. Une histoire à suivre de près.

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C’est l’évènement de la semaine ! Non, pas l’élection de Donald Trump , même si on aurait aussi pu en écrire des tartines… Mais ici, c’est de musique dont il s’agit. Et la grande nouvelle de ce côté c’est On Hold, premier titre en ligne du troisième album de The XX.

Sorti il y a trois jours, il titille déjà le million de vues Youtube. C’est le premier ballon d’essai de l’album I See You, annoncé le 13 janvier chez Young Turks, promis à être sans doute un des futurs albums de l’année 2017. The XX brise un long silence de quatre ans, depuis leur précédent opus Coexist en 2012. I See You a été enregistré au long des deux dernières années entre New York, Marfa, Reikjavik, Los Angeles et Londres. Il sortira en plusieurs formats : digital, CD, trois versions vinyl, une de luxe avec trois titres en plus et un CD live, différentes pochettes signées Alasdair McLellan. Voilà pour le contexte bizness et le buzz. Maintenant que faut-il en penser SINCÈREMENT ?

Soyons clair : ceux qui vont chercher à reconnaitre l’essence des deux premier albums risquent de souffrir. The XX a évolué, grandi. Ils sont devenus pour beaucoup un modèle et une référence prestigieuse. Jamie XX est maintenant un des plus grands producteurs mondiaux. Et ça s’entend. On Hold est avant tout un morceau de dance-music, presque de RnB, basé sur un sample de Darry Hall et John Oates, princes dans les 80’s de la pop mielleuse pour Top of the Pops. Et donc à des années lumières de la pop fragile et minimaliste de leurs deux premiers disques. Le changement c’est maintenant !

Après, il n’est pas non plus question de hurler à la trahison. On retrouve bien dans On Hold les fondamentaux de The XX qui nous ont fait les aimer : guitare crépusculaire, basse qui pleure, ambiance aérienne et mélancolique, duo de voix qui se marient à merveille. Sur ce nouveau single, Romy et Oliver chantent mieux que jamais.

Finalement, c’est l’éternel conflit qui surgit de la confrontation entre les attentes des vieux fans transis et l’évolution naturelle d’un groupe reconnu qui s’ouvre de plus en plus à la multitude planétaire.

Et c’est à chacun de se faire sa propre conclusion à l’écoute de cet impressionnant single.

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Grosse émotion aujourd’hui avec le retour de Surfer Blood !

Six Flags In F Oor G est en effet le premier titre publié depuis la disparition de leur guitariste Thomas Fekete, emporté à 27 ans par un cancer en mai dernier. Il était à l’origine de la formation du groupe en 2009 et avait participé à leurs trois premiers albums. Depuis, les membres restants étaient restés muets.

Ils sortent aujourd’hui de leur silence avec l’annonce d’un quatrième album, Snowdonia, prévu pour le prochain mois de février. Ce disque a été écrit et enregistré par John Paul Pitts, chanteur et leader du groupe. Six Flags In F Or G est le premier single à en être extrait. Plutôt bien ficelé d’ailleurs : riff entêtant de guitare à la Black Keys, tempo très 70’s façon Can, mélodies psyché construites sur des pyramides de chœurs raflent vite la mise. On tient là une chanson facile à aimer, à la fois lumineuse et mystérieuse, qui dévoile lentement ses couleurs indie-rock et ses nombreux effets de guitares très T-Rex sur cinq bonnes minutes. L’omniprésence des voix, empilées sur différentes couches, est une approche totalement inédite chez les Américains. C’est surtout une très bonne surprise, réalisée avec maitrise et bon gout.

Surfer Blood est localisé à West Palm Beach en Floride. A son crédit trois albums : Astro Coast en 2010, Pythons en 2013 et 1000 Palms en 2015. Le groupe évolue désormais dans une nouvelle configuration. Les anciens John Paul Pitts (chant/guitare) et Tyler Schwarz (drums) ont recruté deux nouveaux musiciens : Mike Mcleary (guitare/chœurs) et Lindsey Mills (basse/chœurs).

Snowdonia sort le 3 fevrier 2017 chez Joyful Noise.

En attendant on salue avec plaisir son tout premier single.

vessels

Quand The Musical Box vous faisait découvrir Vessels en 2013, et ce grâce au flair de Vanke, on regrettait alors l’absence de voix sur la musique de ces Anglais. Certes leur électro expérimentale impressionnait par l’audace de ses trouvailles sonores, mais il manquait une inspiration mélodique susceptible d’illuminer ces abysses musicales insondables.

Et bien réjouissons nous, c’est désormais chose faite. Le trio s’est adjoint les services de Anna Lotterud du duo Scandinave Anna Of The North. Et c’est une très bonne idée ! Ecoutez Had A Love, le single paru avec cette nouvelle configuration. Dans une lignée de dance-music ténébreuse à la Caribou, le chant de Lotterud, magnifique, resplendit de chaleur, de charme et d’émotions et vient compenser à la perfection la froideur métallique des arrangements de claviers. Cette chanson se révèle capable de transporter le dance-floor sur la voix lactée.

Finalement Vessels donnent l’impression de s’ouvrir un peu plus aux lumières de la pop. Ils le font sans trahir leur ligne artistique, initialement dans un registre entre post-rock et electro, à mi chemin de Mogwai et Four Tet, pour résumer. Et devant une telle réussite que constitue ce Had A Love, on en vient à souhaiter que le quintet de Leeds poursuive dans cette voie plus abordable, tant elle semble une évidence.

Avec ce titre, Vessels reviennent dans notre play-list haut la main. Et on est ravi de les accueillir à nouveau!

Had A Love est sorti chez Different Recordings. Le quatrième album du groupe est, lui, attendu pour 2017.

patience

Aujourd’hui, retour à notre activité préférée : la plongée dans l’inconnu et le mystère des découvertes musicales !

Quoique … Ce n’est pas tout à fait le cas ! Patience est certes un nouveau nom qui n’évoque pas grand chose, et pourtant il s’agit du projet solo de Roxanne Clifford, qui, elle, nous est beaucoup plus familière pour avoir tenu la guitare chez les excellents Veronica Falls, qui enchantaient l’année 2013 avec leur beach-pop noisy.

La chanteuse et guitariste profite de la mise entre parenthèse de Veronica Falls pour se lancer en solo. Son premier single sous le nom de Patience est sorti en mai dernier. The Church est une chanson electro-disco à la fois sombre et très touchante. Un premier coup de maitre dont les exemplaires se vendent comme des petits pains et sont rapidement « sold out ».

The Pressure, son successeur, vient de paraitre. Et il confirme tout le talent de la Mancunienne. Avec des airs de Yazoo, Depeche Mode (période Vince Clarke) ou Fad Gadget, Patience nous emmène sur la pointe des pieds dans l’univers de la synthpop. Elle séduit instantanément avec cette ritournelle sucrée et enchanteresse, ses mélodies câlines et fragiles qui illuminent les lignes de claviers et la boite à rythme très 80’s. Effet garanti pour ce morceau enregistré à Glasgow par Lewis Cook des Happy Meals, et publié sur le label Ecossais Night School Records.

Un brillant single, avec juste ce qu’il faut de nostalgie. Une fine mélancolie automnale idéale en cette saison.

SAN ANTONIO, TEXAS - APRIL 09:  Musician/vocalist Wayne Coyne of The Flaming Lips performs onstage during the Maverick Music Festival at Maverick Plaza on April 9, 2016 in San Antonio, Texas.  (Photo by Rick Kern/WireImage)

(Photo by Rick Kern/WireImage)

De Franz Ferdinand à Austra, en passant par The Mission, Garbage ou Cloud Nothings : notre actualité musicale est décidément lourdement chargée alors qu’il s’agit plutôt d’habitude d’une période de l’année assez calme.

C’est encore le cas aujourd’hui avec Flaming Lips. Un groupe vraiment important de ces trente dernières années (leur formation remonte quand même à 1983). L’annonce de Oczy Mlody, 16ème album studio de la joyeuse bande de l’Oklahoma, ne passe pas inaperçue. Prévu le 13 janvier chez Warner Bros, il coïncidera avec le jour de l’anniversaire du chanteur Wayne Coyne. C’est leur premier disque depuis With A Little Help From My Fwends, tribute album de reprise des Beatles en 2014 et leur vrai dernier The Terror en 2013. Il contiendra 12 titres, produits par leur éternel complice Dave Fridmann, dont The Castle qui est le premier single rendu public.

Et ce titre est une jolie surprise. Flaming Lips reviennent à une forme musicale épurée, abordable et digeste, où prédominent les mélodies, loin des expérimentations iconoclastes et parfois imbuvables des opus précédents. On replonge avec plaisir dans la pop psychédélique et le space-rock qui nous avaient conquis à l’époque des grandioses The Soft Bulletin et Yoshimi Battles The Pink Robots. Une drum machine fait onduler des chœurs célestes beaux à pleurer et des carillons de synthés en cascades sur un rythme de slow-hip hop déjanté. Irrésistible.

L’ambiance voulue par Wayne Coyne pour ce nouveau disque est celle de “Syd Barrett qui rencontre ASAP Rocky et se retrouvent ensuite coincés dans un conte de fées futuriste”.

Tout un programme auquel on souscrit bien volontiers.

Oczy Mlody Tracklist:

01. Oczy Mlody
02. How
03. There Should Be Unicorns
04. Sunrise (Eyes of the Young)
05. Nigdy Nie (Never No)
06. Galaxy I Sink
07. One Night While Hunting For Faeries and Witches and Wizards to Kill
08. Do Glowy
09. Listening to the Frogs with Demon Eyes
10. The Castle
11. Almost Home (Bliski Domu)
12. We A Family

austra

Le grand retour d’Austra est toujours l’occasion d’un rendez vous immanquable avec la classe et l’élégance artistique.

Katie Stelmanis, lumineuse chanteuse qui porte ce groupe de Toronto, annonce pour le 20 janvier prochain la sortie chez Domino de Future Politics, nouvel album qui succède à Olympia (2013). C’est le troisième opus d’Austra et de loin le plus ambitieux. On en connait déjà un premier extrait, Utopia.

C’est une belle pièce de dance-music. Sur un mid-tempo léger ricochent les mélodies cristallines de la diva Stelmanis. Mais il ne faut pas se fier à cette ambiance de clubbing cossu et sage. Les textes sont tout sauf mièvres et résonnent du militantisme des Canadiens. Un appel a construire un monde futur loin de l’apocalypse annoncée actuellement. « Pas juste croire dans le Futur, mais plutôt dans l’idée qu’on a besoin de tout le monde pour aider à écrire ce futur, pour qu’il devienne fascinant et sans limite. Il ne s’agit pas de faire de la politique, il s’agit de dépasser toutes les frontières, dans tous les domaines. » résume la chanteuse et leader du groupe. Une nouvelle dystopie dans laquelle le progrès technologique ne serait plus destiné au profit à tout prix, mais plutôt à l’amélioration de la vie humaine, sous le signe de la compassion, de la créativité du développement personnel et de l’humanisme. Austra écrit des hymnes pour le dance-floor, mais lourds de sens et de réflexions philosophiques.

Katie Stelmanis est ici épaulée par Maya Postepski, Dorian Wolf, et Ryan Wonsiak. Elle a écrit, produit et enregistré Future Politics quasiment toute seule. Depuis le premier album Feel It Break il y a cinq ans, son groupe enchaine sans répit les tournées live. Sans domicile fixe, elle réside à Montréal puis Mexico. C’est vraiment une artiste à part, dotée d’une forte personnalité, à la voix solaire, troublante et terriblement fragile. Née d’un père Italien et d’une mère Lettonne et Anglaise, elle est venue tardivement au rock, après une formation musicale classique et d’opéra.

C’est cet étonnant bagage, à la fois philosophique et sonore, qui donne aux chansons d’Austra une singularité et une force qui séduisent à tous les coups. Utopia en est une nouvelle fois la preuve.

Future Politics:

01 We Were Alive
02 Future Politics
03 Utopia
04 I’m A Monster
05 I Love You More Than You Love Yourself
06 Angel In Your Eye
07 Freepower
08 Gaia
09 Beyond A Mortal
10 Deep Thought
11 43

L’album sort le 20 janvier 2017 chez Domino.