Zistor

cloud-nothings

S’il n’étaient pas si jeunes, on pourrait presque les qualifier de vieux habitués de nos chroniques…

Car après 2012 et 2014, revoici Cloud Nothings. Modern Act est le premier single extrait de leur nouvel album Life Without Sound, prévu pour début 2017. Trois ans après Here and Nowhere Else (2014) ce sera leur cinquième opus. Il a été enregistré en trois semaines seulement au Sonic Ranch à El Paso (Texas), sous les manettes de John Goodmanson, qui a produit par le passé Sleater-Kinney et Death Cab For Cutie.

Dylan Baldi, le chanteur et frontman de Cloud Nothings, a déclaré que ce disque sera plus calme et plus riche sur le plan vocal que ses prédécesseurs. C’est bien l’impression que laisse Modern Act. Baldi chante plus qu’il ne hurle, dans un registre pop-rock construit sur de beaux contrastes entre la douceur des couplets et la rugosité des refrains. Le son parfait de la batterie et des guitares dégage une énergie pleine d’intensité, d’urgence. Voilà encore une fois un très bon single, une vraie spécialité chez ces Américains de Cleveland. On les accueille une nouvelle fois à bras ouverts !

Cloud Nothings est redevenu depuis cette année un quatuor avec l’ajout du guitariste Chris Brown, qui vient compléter le trio antérieur constitué de Dylan Baldi (chant, guitare), Jayson Gerycz (batterie) et TJ Duke (basse).

L’album Life Without Sound sort le 27 janvier chez Carpark (US) et Wichita (Europe). Il contient 9 titres :

Tracklist:
01 “Up To The Surface”
02 “Things Are Right With You”
03 “Internal World”
04 “Darkened Rings”
05 “Enter Entirely”
06 “Modern Act”
07 “Sight Unseen”
08 “Strange Year”
09 “Realize My Fate”

franz-ferdinand

C’est pratique : l’article d’aujourd’hui nous permet une double actualité !

Tout d’abord, la découverte du premier titre de Franz Ferdinand depuis le départ de leur guitariste Nick McCarthy. Petit rappel : celui-ci a quitté le groupe à l’amiable en juillet, fatigué des longues tournées à travers le monde, pour mieux s’occuper de sa petite famille et rejoindre le projet musical de son épouse, sous le nom de Manuella. Une défection plutôt inquiétante vu l’importance de McCarthy au sein des Écossais, que ce soit à la guitare rythmique, aux claviers, et même à l’écriture des chansons dont il était co-auteur avec Alex Kapranos depuis leur début en 2002.

On prête alors forcément une oreille très attentive à Demagogue. Concise (2 minutes 30) mais efficace, elle est plutôt bien ficelée et séduisante. Rythme minimaliste et syncopé, alternance de temps forts et temps faibles, mélodies malignes et accrocheuses : on retrouve les qualités habituelles qui ont valu à Franz Ferdinand leur reconnaissance mondiale. La suite des nouveaux titres est attendue avec plaisir et curiosité. Le groupe est en effet en train de bosser sur la suite de son album de 2013 Right Thoughts, Right Words, Right Action et de sa collaboration avec les Sparks en 2015 intitulée FFS.

Ce nouveau single ne jaillit pas de nulle part. Il figure dans une compilation spéciale, réalisée par une coalition d’artistes anti Donald Trump.

Et c’est notre deuxième info du jour. Baptisé 30 days, 30 songs, ce projet initié par l’écrivain Américain Dave Eggers se décline en un compte à rebours d’un mois qui se terminera le 8 novembre, date de l’élection présidentielle aux États Unis. A raison d’une chanson par jour, de nombreux musiciens appellent à voter contre Donald Trump. Sous le slogan « Written & Recorded By Artists For A Trump-Free America » se rangent Death Cab For Cutie, Jim James, Aimée Mann ou R.E.M. La liste complète va se dévoiler progressivement jusqu’au 8 novembre, à suivre ici. Les bénéfices de l’opération seront intégralement versés au Center for Popular Democracy, une structure qui incite les Américains à s’inscrire massivement sur les listes électorales.

D’où le texte particulièrement incisif de Demagogue, qui s’en prend clairement à Trump : « He’s a demagogue / He plays with my fears / A demagogue / My shadow side dreaming / The demagogue / It feels so good to be dumb … »

C’est la lutte finale …

tasseomancy

Cette chanson là, au moins, vous ne risquez pas de l’entendre partout !

Complexes, intimidants, le parfum d’audace et la sophistication élégante de Missoula font d’elle une pièce plutôt avant-gardiste . Elle est l’œuvre de Tasseomancy, un duo Canadien constitué des sœurs jumelles Sari et Romy Lightman, toutes deux choristes d’Austra. C’est leur tout nouveau single, annonciateur de l’album Do Easy qui parait le 18 novembre.

Sur une trame de folk-jazz-électro langoureux épicé de notes hébraïques glissent majestueusement les voix des deux frangines. Aériennes, veloutées, elles décollent avec splendeur, dans un registre qui n’est pas sans rappeler les merveilles sonores de Kate Bush. Ce chant des sirènes est arrangé de manière classieuse, à la manière d’un Bon Iver période Holocene. Le morceau est à la fois sensuel, perché, zen et brumeux. Il aurait fait une parfaite bande son pour un film de David Lynch.

Tasseomancy vient de signer chez Bella Union, le label de Simon Raymonde (ex Cocteau Twins). Elles pourraient d’ailleurs dignement figurer sur l’héritage 4AD, fantastique marque de fabrique synonyme d’un son éthéré, savant mais toujours d’une grande sensibilité, dont Cocteau Twins et Dead Can Dance sont les modèles. Côté line-up, on retrouve en plus des deux sœurs Lightman, Johnny Spence (synthés), Evan Cartwright (drums) et en musicien additionnel Brodie West qui vient ponctuer les mélodies avec son sax alto.

« Missoula est une chanson d’errance et un éloge de l’Inconnu » déclaraient récemment Sari et Romy. On approuve totalement. C’est le moment de se bander les yeux et de se laisser entrainer par la main dans le monde mystérieux de ces deux musiciennes enchantées…

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Habitués de nos chroniques, vous connaissez déjà depuis longtemps notre affection particulière pour les artistes qui prennent très progressivement leur envol. Ceux qui partent d’un niveau brut de décoffrage pour petit à petit, année après année, disque après disque, sculpter une oeuvre sonore de plus en plus resplendissante.

Cherry Glazerr fait partie de ceux-là. Ce trio de Los Angeles débute en 2014 avec Axell Princess, un ensemble de chansons garage-punk mal dégrossies qui certes impressionnent, mais peinent à susciter l’adhésion immédiate. Quelques mois plus tard on les retrouve avec Had Ten Dollaz, single prometteur paru chez Suicide Squeeze, perle pop déjantée et accrocheuse qui provoque un succès d’estime et sert même de bande son pour les défilés Saint Laurent

L’eau a encore coulé sous les ponts et le groupe poursuit sa métamorphose. Tout d’abord, ils signent chez l’excellent label Secretly Canadian (Damien Jurado, The War On Drugs, Whitney). Ensuite c’est le remaniement de personnel : départ de Sean Redman (basse) et de Hannah Uribe (drums), remplacés par un batteur, Tabor Allen, et la multi-instrumentiste Sasami Ashworth . De la formation initiale ne reste donc plus que la chanteuse et guitariste Clementine Creevy, chef de bande incendiaire et talentueuse dont le song-writing a vraiment progressé à grands pas.

C’est ce que révèle le nouveau single Told You I’d Be With The Guys. Riffs rageurs à la guitare, tempo syncopé qui tabasse, chant tantôt hurleur tantôt caressant : tous les ingrédients d’un rock nerveux et mélodique sont joliment réunis et emportent facilement notre conviction. Cherry Glazerr a franchi un nouveau palier avec cet énorme tube plein d’humour et de féminisme. Et si les nouvelles chansons sont toutes de cet acabit il va falloir désormais compter avec ce trio pour illuminer les tristes mois d’automne-hiver qui viennent.

Personne ne s’en plaindra …

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Ils sont dans notre ligne de mire depuis leur tout premier single il y a deux ans.

The Magic Gang nous avait impressionnés avec No Fun et son côté sombre et Nirvanesque, mené par les irrésistibles riffs lancinants de la lead guitar. On peut d’ailleurs le réécouter sans aucune lassitude.

La régularité avec laquelle on a écouté l’ensemble de leurs titres ne doit pas faire oublier qu’ils n’ont paradoxalement que peu de disques à leur actif. En tout et pour tout deux E.P. Le premier baptisé tout simplement E.P riche de 5 titres paru en décembre 2015 et le tout nouveau, The Second E.P From, dont on découvre cette semaine All This Way.

C’est encore une chanson qui place la barre très haut. Elle dégage une impression de maturité, de maitrise et d’expérience. Un côté Adult-Rock inattendu de la part d’un groupe encore émergent, qui réussit pourtant à conjuguer la modernité du présent et le classicisme d’antan. On peut évoquer chez The Magic Gang des références 50’s, 60’s, voire Rythm n’Blues. Entre The Kooks et The Kinks en quelque sorte.

Ils sont quatre et basés à Brighton : Jack Kaye (chant, guitare), Kristian Smith (chant, guitare), Angus Taylor (basse), et Paeris Giles (drums). Après avoir multiplié les titres sur Soundcloud sous des identités diverses et variées, ils se sont stabilisés depuis deux ans sous l’intitulé Magic Gang.

Leur avenir semble tout tracé et frémissant. Leurs concerts attirent de plus en plus de monde, depuis les premières parties de Hinds, Swim Deep ou Wolf Alice, jusqu’à leurs propres shows en tête d’affiche, souvent sold-out. On les a même vus sur plusieurs grands festivals cette année, notamment à Leeds et Reading. Et pour couronner le tout ils viennent d’être signés par la major company Warner UK.

Sans prendre trop de risque on peut leur prédire des lendemains qui chantent …

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Inutile d’essayer d’y réserver un court pour le week-end prochain ! Ce Hooton Tennis Club n’est en effet que le nouveau groupe emblématique du label Heavenly.

Depuis 18 mois, on suit avec attention sa lente et sûre maturation. Le quatuor de Chester, au sud de Liverpool et de la Mercey River, avait signé en février 2015 pour plusieurs singles (Jasper, le très prometteur Kathleen Sat On The Arm Of Her Favourite Chair , P.O.W.E.R.F.U.L. P.I.E.R.R.E) et un premier album Highest Point In Cliff Town, bel ensemble de morceaux indie-pop solaires, mélodiques et sensibles produit par Bill Ryder-Jones de The Coral.

Pour 2016, voilà la suite avec Big Box Of Chocolates et le tout premier single extrait, Katy-Anne Bellis . On craque pour cette chanson écrite en hommage à une ancienne coloc’ du chanteur Ryan Murphy, agréable friandise pop acidulée, épicée par des guitares à la Big Star, aux mélodies lumineuses et dont l’ambiance festive rappelle le meilleur Teenage Fanclub. Un air venu d’Ecosse qui ne surprend pas : c’est en effet Edwyn Collins , musicien légendaire d’Orange Juice, qui produit ce titre et l’album, dont la sortie est annoncée le 21 octobre. On l’attend avec impatience.

Le clip est à l’image de la chanson, avec une délirante fête dans un appartement, célébrée dans la bonne humeur par ces dignes héritiers de The La’s que sont : Ryan Murphy (chant/guitare), James Madden (chant/guitare), Callum McFadden (basse) et Harry Chalmers (batterie) .

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A chaque fois c’est la même chose. L’arrivée d’un nouveau Kings Of Leon ne déclenche pas d’enthousiasme particulier. On se penche un peu contraint, un peu poli, sur les nouveaux titres … pour découvrir que finalement c’est plutôt bien fichu et largement écoutable.

C’est encore le cas avec Waste A Moment, premier single annonciateur de l’album Walls à paraitre le 14 octobre. Cette chanson explose de manière fougueuse autour d’une basse crépusculaire, d’un tempo sec à la batterie et d’une guitare rythmique nerveuse sans fioriture. On se croirait revenu au temps de Youth & Young Manhood . Il suffit d’ajouter des chorus enflammés et ronflants, mais toujours mélodiques, et voilà un joli tube en platine pour démarrer l’automne du bon pied. L’histoire de la musique n’en sera pas bouleversée, mais c’est plutôt agréable de retrouver les Américains à ce (bon) niveau.

Walls sera le septième album des Kings Of Leon. Et le premier depuis 2013. Il est produit par Markus Dravs, une belle garantie quand on sait qu’il était aux commandes de The Suburbs d’Arcade Fire et Viva La Vida de Coldplay, et surtout une forte personnalité capable de s’opposer aux quatre incontrôlables Followill (3 frères et un cousin) et de les mettre au pied du mur si nécessaire. C’est le premier disque sans Angelo Petraglia , leur producteur depuis les débuts. Il a été enregistré à Los Angeles, à distance de leur Nashville natal. Il faut dire que le besoin d’un coup de fouet pour leur carrière était devenu crucial. Car depuis Only By The Night en 2008 (et ses tubes Use Somebody et Sex On Fire) les deux albums suivants, Come Around Sundown en 2010 et Mechanical Bull en 2013 étaient plutôt insipides.

On attend l’intégralité de l’album pour se prononcer, mais sur la base de ce Waste A Moment, il y a de quoi espérer une rédemption des Kings Of Leon.

The Musical Box leur ouvre ses portes avec chaleur.

L’album Walls sort le 14 octobre chez RCA. En voici la track list:

1“Waste a Moment”
2. “Reverend”
3. “Around the World”
4. “Find Me”
5. “Over”
6. “Muchacho”
7. “Conversation Piece”
8. “Eyes on You”
9. “Wild”
10. “WALLS”

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C’est un des tubes du moment de notre programmation du soir : Slippery Slopes des Cold Pumas est devenu en quelques semaines une des petites musiques de notre fin d’été, et mérite donc bien ce petit mot de présentation.

Ce quatuor de Brighton souffle délicieusement un air froid et brumeux synonyme d’une glaciation à venir. Batterie minimaliste et motorique, impressionnantes guitares cristallines, et chant hanté et incantatoire : on tient là de nobles descendants de Joy Division et Interpol, qui construisent une belle pop atmosphérique dans des nuances de gris.

Slippery Slopes est tiré de The Hanging Valley, deuxième L.P du groupe paru il y a un mois. Un disque qui marque le passage du groupe de trois à quatre et un déménagement de Brighton à Londres. Malgré ces changements, Cold Pumas poursuivent l’exploration de l’univers musical déjà abordé avec le précédent Persistent Malaise, un premier album très bien accueilli en 2012. Entre post punk et Kraut-rock, leurs chansons suintent l’angoisse, la tension et l’intensité d’une époque difficile à vivre, de la dégradation de la planète au surmenage de la vie urbaine. Le dégout et la colère émergent des neuf titres de cet album qu’on vous recommande.

Cold Pumas existent depuis 2008, formé autour des frères Fisher, Patrick et Oliver respectivement à la batterie et à la guitare, associés au guitariste Dan Reeves. C’est cette année qu’ils ont intégré en renfort le bassiste Lindsay Corstorphine.

L’album The Hanging Valley est disponible chez Faux Discx.

Grandaddy

Une décennie déjà ! Dix ans se sont écoulés depuis la décision prise par Jason Lytle de mettre fin aux épatants Grandaddy. Leur retour constitue donc une bonne surprise et une vraie grande nouvelle !

Les Californiens ont mis en ligne deux nouveaux morceaux : Way We Won’t et Clear Your History. Après avoir repris le chemin des concerts pour quelques dates cet été, ils annoncent également un nouvel album à suivre sur 30th Century Records, le label de Danger Mouse. « Grandaddy a toujours été un de mes groupes préférés » a récemment déclaré le célèbre producteur.

Il n’est pas le seul. Pour beaucoup d’entre nous, Grandaddy est un groupe majeur de la fin des 90’s et du début des 00’s. Inclassable, le quintet de Modesto, constitué de Jason Lytle (chant, guitare, claviers), Kevin Garcia (basse ), Aaron Burtch (batterie), Jim Fairchild (guitare) et Tim Dryden (claviers) a su résoudre l’équation savante lui permettant d’associer dans un même style pop, rock, folk, prog, psychedelique, country, grunge et space rock (liste non exhaustive, on en oublie sûrement … ) dans une cohérence parfaite, une harmonie pleine d’émotions et d’humour. Leurs trois premiers albums, Under the Western Freeway (1997), The Sophtware Slump (2000) et Sumday (2003) sont des valeurs sûres dans lesquelles on peut se replonger à chaque fois avec bonheur.

Leur dernier disque à ce jour est Just like The Fambly Cat, en mai 2006, juste après leur séparation, provoquée à l’époque par les causes habituelles : surmenage des tournées incessantes, déception du manque de rentrées financières malgré un succès d’estime, abus en tout genre … Il faut y ajouter la grande fragilité de Jason Lytle, personnage hyper-sensible et fragile. Après la dissolution du groupe, le chanteur avait quitté Modesto pour se réfugier dans le Montana. Il avait réalisé deux albums solos, plutôt ternes et dispensables, sortis en 2009 et en 2012. Durant ce long et sombre break de Grandaddy une seule éclaircie est à signaler, en 2012, lorsque le groupe est remonté sur scène à la fin de l’année pour quelques festivals et le ravissement de ses fans.

Ce qui est étonnant avec ces deux nouvelles chansons, c’est qu’elles repositionnent les Californiens exactement là où on les avait laissés il y a 10 ans. Way We Won’t est dans la lignée de Crystal Lake ou Now It’s On. Un mid-tempo soutenu par la guitare rythmique sur lequel la voix de falsetto de Lytle déroule une belle mélodie triste et fragile, égayée par des notes bancales de claviers cheaps. Un mix parfait de bonheur et de nostalgie, de lumière et de ténèbres.

Un plaisir retrouvé et garanti qui nous fait applaudir chaleureusement le retour de Jason Lytle et ses copains.

TOY

Du nouveau chez TOY. L’album Clear Shot est annoncé pour le 28 Octobre . Ce sera leur troisième, le successeur de Join The Dots paru en 2013. Ces Anglais sont de véritables habitués, suivis dans nos chroniques depuis leurs grands débuts en 2012. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ont joliment tracé leur chemin. Leurs nouveaux morceaux sont à la fois différents et supérieurs !

Le processus créatif a été étalé sur une longue période. Il commence au début de l’année 2015, avec l’enregistrement des premières démos dans deux home-studios implantés dans leurs apparts à New Cross et à Walthamstow. Puis le travail se poursuit lors des sessions définitives sous les manettes de David Wrench en octobre 2015 aux Eve Studios de Stockport, un endroit avec “plein de bon vieux matos dans une maison bizarre et retirée” . Le mix final a été effectué par Chris Coady (Beach House, Yeah Yeah Yeahs) à Los Angeles, en utilisant les même effets de reverb et les vocal-processors de l’album Purple Rain de Prince. Le groupe a dévoilé il y a quelques semaines Fast Silver , un premier extrait tout en mid-tempo. Et c’est maintenant I’m Still Believing qui est rendu public, avec en accompagnement une vidéo signée par le réalisateur Bunny Kinney.

C’est une superbe entrée en matière qui souligne à quel point TOY a évolué. Exit le gros son shoegaze et noisy. Place à la finesse, à la délicatesse. L’ambiance est beaucoup plus acoustique et pop, presque symphonique, pleine de nuances rêveuses, quelque part entre le Velvet et des splendeurs passées de l’hemisphère sud (Go Betweens, The Chills). Tom Dougall chante encore mieux qu’avant, avec toujours autant de charisme, mais moins contracté, plus cool, irradiant de bonheur. La mélodie est radieuse et sophistiquée, portée par une rythmique aérienne. C’est de très loin leur meilleure chanson.

TOY affirme avoir trouvé l’inspiration dans les musiques de film de Bernard HerrmannJohn Barry et Ennio Morricone, des extraits radiophoniques , l’Acid House , le Incredible String Band, The Langley Schools Project, ou le folk de Rob Young. Un ensemble de références foutraques, insolites mais toutes plutôt solaires. Un courant d’air chaud qui dissipe sans complexe les brumes noires de la psyche-pop fuzzy antérieure du groupe.

On avait appris à les aimer. On les adore désormais.

Allez hop : en play-list évidemment …

The Shimmer  Band

The Shimmer Band apporte exactement ce qu’il faut pour affronter la reprise des activités habituelles de la rentrée : de l’énergie, de la rage et de la flamboyance !

Ce tout nouveau combo de Bristol échappe à toutes les étiquettes, surfant avec bonheur entre rock, pop, psychédélisme et groove. Il manie sans aucun complexe des références pleines de classe et de variété : James Brown , Sly Stone, Suicide ou The Chemical Brothers parmi tant d’autres.

Le quintet avait déboulé en début d’année avec un tout premier titre, le torride Shoot Me (baby), suivi quelques mois après par le rutilant Freedom. Paru chez Komplex, le label indie de Bristol, Sunkick est son troisième single. Il est irrésistible. On tient là un hymne accrocheur, intense, fait pour faire vibrer les foules. La chanson se déploie de manière progressive depuis une intro martelée à la batterie jusqu’à des chorus enflammés dignes du U2 de la grande époque, renforcés encore par des chœurs très 70’s (dus à l’ensemble de gospel de Bristol The Renewal Choir). Les guitares sont sublimes de justesse, entre arpèges cristallins et riffs foudroyants. Il est étonnant de voir à quel point ce groupe de newbies peut faire preuve d’autant d’ambition et de hauteur. C’est bluffant de talent et de maturité.

Tom Newman (chant), Daniel Barry (guitare), Tom Kuras (basse), William Hatcher (drums) et Tom Schmit (claviers, guitare) ont démarré leur carrière en remplissant les petites salles de Bristol avant de se lancer en première partie de The Strypes, The Jesus And Mary Chain ou The Vaccines. Cet été ils foulaient déjà les scènes des grands festivals d’outremanche : The Great Escape, Isle Of Wight, Reading et Leeds. Ils effectuent à l’automne une grande tournée en Grande Bretagne, et s’apprêtent à sortir un album dont la production a été confiée à David Francolini, ex batteur du groupe mythique Levitation qu’il co-fonda avec Terry Bickers.

Bref ça commence à sentir bon pour ces nouveaux venus, dont le rock épique et débridé pourrait bien conquérir le monde dans les mois à venir.

radiodept

Du nouveau chez les Suedois The Radio Dept. Le trio annonce la sortie de Running Out Of Love, son premier album depuis Clinging To A Scheme en 2010. C’est un évènement heureux pour nous, qui avons pris l’habitude de saluer avec des chroniques hantées la pop crépusculaire du groupe.

Depuis la très longue tournée qui avait suivi leur précédent disque en 2010, Johan Duncanson, Martin Larsson et Daniel Tjäder avaient décidé de ralentir le rythme et de profiter un peu plus de leur temps libre avant de se remettre à l’ouvrage. Il n’y eut donc que très peu de nouveaux titres durant ces six années, à l’exception de la compilation Passive Aggressive: Singles 2002–2010. Ce n’est qu’à partir de l’été 2014 que le trio retrouve l’inspiration avec le E.P Death To Facism, suivi en 2015 par This Repeated Sodomy.

Notre dernière rencontre avec eux remonte au très beau Occupied l’été 2015. Un titre qu’on retrouvera d’ailleurs sur le quatrième album des Suédois, qui parait le 21 octobre chez Labrador. Running Out Of Love accueille 10 chansons. Comme d’habitude, leur mystérieuse dark-pop est habitée par des textes sérieux, inspirés par les réactions du trio aux joies et peines de la vie moderne en Scandinavie. Les titres engagés parlent d’eux même : Thieves of State, Cant’ Be Guilty, Commited To The Cause ne sont pas des bluettes amoureuses… Ils décrivent ainsi le contenu du disque : « An album about life in Sweden in 2016 and how our society seems to be in regression on so many levels. Politically, intellectually, morally… »

Swedish Guns constitue le premier ballon d’essai de ce nouvel album. Sur un tempo plutôt lent, presque reggae-dub et dans une forme très synth-pop, le trio développe une chanson engagée qui s’en prend directement à la politique de l’armement en Suède. Le contraste est saisissant entre un climat musical doux et caressant et des textes plutôt mordants. Mais au-delà de l’engagement, on prend surtout plaisir à se laisser porter par cette électro minimaliste, étrange, imprégnée de tristesse, de colère mais débordante de nostalgie et d’amour.

Un romantisme moderne qui provoque une adhésion immédiate.

sylvan esso

C’est la rentrée des classes pour tout le monde. Même pour les musiciens. Et quand il s’agit de celle de Sylvan Esso, c’est une nouvelle qui répand plutôt l’allégresse et la bonne humeur.

Radio est le premier single du duo depuis leur attachant et éponyme premier album de 2014. On se souvient avoir vraiment craqué à l’époque sur les chansons électro-pop de Sylvan Esso, souvent délicieusement sucrées et parfois carrément bouleversantes (la sublissime Coffee qui donne encore instantanément la chair de poule deux ans après).

A vrai dire la parution de ce titre est une surprise inespérée. Amelia Meath et Nick Sanborn avaient bien annoncé des travaux préparatoires pour un nouvel album en 2017, mais ce single en avant-première prend tout le monde de court, plus habitué à les voir multiplier les apparitions sur scène ces derniers mois.

Pourtant il est loin d’être bâclé ce nouveau titre. On retrouve avec bonheur l’ADN musical du duo. Des gazouillis et bidouillages techno propulsés par un beat très dance-music, sur lesquels surfe la voix enfantine et charmeuse d’Amelia, chargée de malice, de tendresse et d’émotion. La conjonction d’une pop avant tout dansante mais dont l’ambiance créée par les arrangements reste mélancolique. Voire franchement grinçante au niveau des textes, qui appellent au rejet des excès commerciaux du show-biz et des médias. Sur la forme, Radio est un très bel écrin, plus rutilant, plus riche et coloré que les premières chansons de Sylvan Esso, dont la structure était plus minimaliste.

En somme deux ans d’une maturation qui semble réussie, avec une nouvelle chanson dont le gain d’épaisseur et de puissance ne nuit pas au caractère touchant et intimiste, qui s’adresse plus au cœur qu’aux pieds de ses auditeurs.

Une bien belle rentrée …

War Waves

Sorti discrètement au milieu de l’été, Horses est le nouveau single de War Waves. Il annonce l’album All That We Lack qui parait le 7 octobre chez Backwater.

Ce quatuor d’Ipswich est tout récent, mais n’en est pas à son coup d’essai. All That We Lack est son deuxième album. Il succède à l’éponyme War Waves de 2015.

Coup de foudre instantané de notre part pour ce rock de facture assez classique, porté par des superbes guitares à la fois rythmiques et lead, dont les mélodies imparables sont à brailler une pinte de stout à la main. Pourtant les lyrics sont tout sauf superficiels. Dans une ambiance sombre et amère, ils dressent le tableau d’histoires simples et de situations de la vie de tous les jours avec humour et décalage. Des textes venimeux sur un indie-rock d’apparence soyeuse. On retrouve chez eux un peu de l’énergie du post punk, beaucoup de la ferveur contagieuse des premiers R.E.M, des Smiths ou du rock à guitare des 90’s. Et, au final, toute l’alchimie du rock qu’on aime, qui unit de manière idéale la puissance sonique et la délicatesse mélodique.

Marc Newby (guitare, chant) écrit des chansons tout seul depuis l’âge de 15 ans. Au bout de quelques années il finit par les mettre en musique avec ses amis Andrew Girling (guitare), David Booty (batterie) et James Booty (basse), qui partagent avec lui une passion pour Brand New, The Smiths et Frightened Rabbit. C’est ainsi que fut conçu le premier album War Waves, auto produit par le groupe et paru l’an passé.

Pour son successeur, la méthode a évolué. Les chansons, toujours écrites par Newby, ont été construites collectivement par l’ensemble du groupe. l’enregistrement a eu lieu dans de bien meilleures conditions, aux Punch Studios à Ipswich avec l’ingénieur du son George Perks en renfort. Le résultat obtenu est éloquent : Horses est de loin leur meilleur morceau entendu à ce jour.

Un hymne irrésistible annonciateur de lendemains qui chantent.

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Après trois ans d’absence, c’est le temps de la rentrée des classes pour les Americains Balance And Composure.

Au moment de leur révélation en 2013 avec le second album The Things We Think We’re Missing, on avait un peu trop tendance à ranger ce jeune quintet de Doylestown, Pennsylvanie, dans la catégorie « Emo revival », une catégorie qui a depuis fait pschitt.

Cette étiquette grossière permet cependant de souligner le versant hypersensible des chansons de Balance And Composure. Leur aspect extérieur chargé de guitares et d’énergie punk-rock ne doit pas occulter un contenu plus profond, bourré d’émotions, de mélodies et d’harmonie.

Après une longue période de discrétion les Américains repointent le nez avec un nouvel album. Light We Made est produit par Will Yip, déjà derrière les manettes du précédent disque, mais aussi de Nothing ou Turnover. Il concrétise la signature récente du groupe chez Vagrant Records (Bloc Party, PJ Harvey) et sort le 7 octobre.

La ligne artistique du groupe a clairement bougé. « Nous avons pris tout notre temps pour profiter de la vie, pour nous pousser à essayer des choses que nous n’avions jamais tentées auparavant » déclarent-ils. La traduction musicale est évidente : le premier single Postcard, avec l’utilisation surprenante d’une boite à rythme, a provoqué un tonnerre de réactions chez les fans. La rumeur du départ du batteur Bailey Van Ellis a même circulé, archi-fausse évidemment.

After Party le deuxième single vient de paraitre. Il éloigne les premières craintes en se révélant beaucoup plus proche des anciens morceaux. Sur un tempo enlevé déferle un indie-rock à guitares, classique dans la forme, mais bien accrocheur et plein d’énergie. Jon Simmons chante ses beaux textes tristes d’une manière lancinante. On s’éloigne de la pure rage adolescente de The Things We’re Missing. Un phénomène finalement logique et normal au vu du long intervalle entre les deux albums, durant lequel ces cinq jeunes musiciens ont grandi et muri.

Pour nous en tout cas pas de problème : After Party a largement sa place dans notre play-list !

Las Kellies

C’est un beau pays mais hélas peu fréquenté par nos chroniques. Et pourtant les rares fois où nous nous sommes intéressés au rock venu d’Argentine, ce fut pour des coups de foudre éternels.

Originaire de Buenos Aires, Las Kellies est un trio féminin, qui annonce son nouvel album Friends & Lovers chez Fire Records, excellente maison qui accueille également The Chills, Scott & Charlene’s Wedding et Hospitality.

Cecilia Kelly (guitare et chant) et Silvina Kelly (batterie et chant) se sont rencontrées en 2005 à un concert de rock. Bien que n’ayant aucune pratique musicale, elles décident alors de créer leur propre groupe de rock en empruntant au départ les guitares et amplis de leurs amis. Elles chantent en Espagnol bien sûr, mais aussi en Anglais, Allemand, Français, Portugais, Japonais et même Catalan… Leur fond musical est un garage rock vintage et sauvage, épicé avec un brin de folie post punk qui trouve son inspiration chez Devo ou ESG. Elles citent même quelque part comme influence le groupe des 80’s Humpe Humpe. Une référence carrément collector, deuxième groupe de Annette Humpe l’éclatante chanteuse du groupe Allemand Ideal, dont personne ne se souvient sans doute, mais qui était pour moi vraiment un des chouchous de ces années lointaines. Allez un petit cadeau spécial bons souvenirs : c’est . Et aussi.

Retour à The Kellies : après avoir débuté avec Shaking Dog ! en 2007, elles franchissent les frontières de l’Argentine en 2009 avec leur deuxième album Kalimera qui rencontre un écho international. Promesses confirmées en 2010 avec Kellies, puis en 2013 avec Total Exposure, mixé par Dennis Bovell (The Slits, Madness, Fela Kuti), avec une couleur plus reggae dub.

Produit par le très reggae Iván Diaz Mathé (Lee “Scratch” Perry & Mad Professor), Friends & Lovers est donc le cinquième disque des trois Argentines, qui en ont profité pour changer de bassiste (pour la 5ème fois …) avec l’arrivée de Manuela Ducatenzeiler . Le descriptif du communiqué de presse de Fire met l’eau à la bouche : « inflected new wave post-punk blends garage-psych with infectiously deft dance beats and melodic pop ».

En attendant la confirmation pour le 14 octobre, date officielle de sortie, on découvre le brillant Summer Breeze, premier titre publié. Voilà une irrésistible chanson emmenée par un riff de guitare qui tourne en boucle, une rythmique à la fois tribale et martiale, instaurant dans la lenteur un son punk-noisy survolé par les voix angéliques de Cecilia et Silvina. Opposition divine de la lumière d’un chant diaphane et des ténèbres d’une musique bruitiste. Et garantie de notre plaisir à déguster de nouveau ce délicieux cocktail des contraires.

Vivement la suite.

Friends & Lovers sort le 14 octobre chez Fire Records.

Bon Iver

Elle est bien loin la petite cabane en rondins du Wisconsin … Justin Vernon a parcouru un chemin considérable depuis For Emma, Forever Ago, disque révélation de 2007 construit de chansons folk très épurées, enregistrées dans des conditions d’ermite pendant 4 mois dans une cabane coupée de monde. En comparaison, les nouveaux morceaux publiés de son nouvel album 22, A Million ressemblent à de la science fiction. Synthés, voix trafiquées, accidents sonores, et même des saxophones sont des outils jamais entendus jusqu’à présent chez Bon Iver qui les transforme ici en fragments, en incantations venus d’outre tombe, d’autres mondes.

Le disque attendu et espéré de tous est annoncé le 30 septembre chez Jagjaguwar. Et il suffit de lire sa track-list pour réaliser l’altitude à laquelle s’est perché l’Américain. 10 d E A T h b R E a s T ⊠ ⊠, 715 – CRΣΣKS ou 22 (OVER S∞∞N) évoquent quand même plus des graffitis urbains de l’an 2158 ou un doigt qui se promène au hasard sur un clavier d’ordinateur que des bons vieux titres de chansons.

22, A Million est le troisième album de Bon Iver, 5 ans après l’éponyme Bon Iver, Bon Iver, chef d’œuvre de 2011. Mais Justin Vernon est resté hyperactif dans l’intervalle. En dehors de Bon Iver, il a multiplié les apparitions, entre collaborations illustres (James Blake, Peter Gabriel, Kanye West) et projets personnels gigognes (The Shouting Matches, Volcano Choir).

Pour la construction de ce nouvel album, Justin Vernon est parti des enregistrements de plusieurs centaines d’heures d’improvisations. Il en a extrait des ébauches de mélodies, de vagues textures et ambiances sonores. Puis greffé des textes inspirés par des chapitres de la bible, des mathématiques, le mysticisme et l’informatique qui abordent de manière intuitive des thèmes essentiels : la douleur et l’amour, la souffrance et la rédemption, les présages et le hasard. Les dix chansons ont été conçues aux April Base Studios à Fall Creek le QG de Vernon dans le Wisconsin, , puis complétées à Londres et Lisbonne avec toute une équipe de musiciens collaborateurs (liste complète ici).

Après le délicat travail d’orfèvre de Bon Iver,Bon Iver en 2011 22, A Million est assez déroutant. Mais il parvient à atteindre des sommets. Sa musique d’alien tutoie la beauté des étoiles d’un soir d’été.

Pillow Person

Durant ses premières années de carrière, Sarah Jones a longuement fréquenté Hot Chip. Et on l’entend tout de suite en découvrant son premier single sous le nom de Pillow Person, paru depuis hier.

Go Ahead est une tuerie estivale pour les dance-floors planétaires, mais en mode extravagant et décalé. Gimmicks accrocheurs aux claviers, clapping-hands en percussions, boucles mélodiques chantées d’une voix enfantine et malicieuse, on tient là un tube à la fois implacable et bizarre. Une ritournelle facile et festive, presque cheezy, mais qui tourne sur des arrangements détraqués dans un esprit proche de celui d’Alexis Taylor et sa bande, contemporain aussi de Jessy Lanza ou Gilligan Moss, autres artistes atypiques célébrés dans nos chroniques.

Sarah Jones n’est pas née de la dernière pluie. Anglaise originaire de Hereford, cette récente trentenaire a tenu la batterie des formidables New Young Pony Club (si vous ne connaissez pas c’est le moment d’écouter Ice Cream), ainsi que chez Bat For Lashes, Bloc Party, Cold Specks, Jon Hopkins et donc Hot Chip. Un C.V plutôt impressionnant.

Pillow Person est son tout nouveau projet, le premier en solo, signé chez Moshi Moshi. La chanson est illustrée par un clip tourné par le street-artiste Australien basé à Londres Dscreet. Il parvient à créer une ambiance Lynchienne et psychiatrique qui colle parfaitement aux notes givrées de Pillow Person.

Un drôle de tube de l’été underground. Et l’occasion de sortir les paillettes et la boule à facettes.

IRAH

C’est une petite brise glaciale qui nous arrive de Scandinavie au bon moment pour adoucir la canicule estivale.

IRAH est un trio de Copenhague apparu au printemps avec son tout premier single Into Dimensions, un titre électro-jazzy enregistré lors d’un périple à Berlin dans les anciens studios de la radio de RDA. En attendant un mini album, annoncé le 14 octobre chez Tambourhinoceros (label de Palace Winter et Efterklang), un deuxième single est publié en ligne, le très beau Fast Travelling.

Il repousse les limites du précédent et prend le large vers de nouveaux horizons. Ceux d’une dream-pop céleste et cristalline, hantée par des figures tutélaires comme Cocteau Twins ou Portishead. L’écrin musical est très vaporeux. La batterie légère et aérienne d’Oliver Louis Brostrøm ponctue délicatement les nappes de claviers tissées par Adi Zukanović. Et dans ces volutes sonores retentissent les somptueux vocaux de Stine Grøn, dont le registre de sirène galactique est sculpté par d’harmonieuses superpositions de couches de voix. Un chœur des anges venu d’ailleurs qui chante l’amour universel, celui « qui résout et guérit tout » selon la Danoise. Magie et pureté des sentiments.

C’est sur scène que IRAH a commencé à faire ses preuves, remplissant depuis un an des salles de plus en plus grandes et impressionnant par sa qualité musicale haut de gamme. Pas étonnant compte tenu du niveau très élevé des arrangements de chacun des trois musiciens pris isolément, très loin de l’utilisation systématique des machines parfois monotone chez leurs contemporains de la dream-pop.

Une sacrée promesse venue des territoires du Nord …

Et une découverte qu’on partage avec plaisir dans notre Musical Box.

Motorama

Un peu en retard sur ce coup là, mais aucune importance. Car Motorama est un fidèle compagnon de nos chroniques depuis le début de ce site il y a cinq ans, une valeur sûre qui échappe à l’urgence de l’actualité musicale.

Holy Day / Mirror est un single paru au printemps en édition limitée chez Talitres, passé au travers des mailles de notre filet par faute d’inattention, mais qu’on repêche avec bonheur. Il contient tout l’ADN de Motorama, cette ambiance sonore en demi-teinte dont on reconnait les textures familières : rythmique synth-pop minimaliste et légère, basse mélodique à la New Order, entrelacs de claviers tristes et oniriques et voix de baryton mélancolique et touchante. On tient là encore une chanson définitivement brillante.

Une habitude chez les cinq de Rostov-Sur-Le-Don, inlassables musiciens qui enchainent les disques (Powerty, leur dernier album est sorti en janvier 2015), les mises en ligne de vidéos et photos, et les tournées live (France, Belgique et Suisse dans les semaines à venir). Et malgré cette activité multitâches, ils parviennent à maintenir une qualité artistique irréprochable à leur répertoire, régulièrement renouvelé. Ils incarnent la Russie qu’on aime, romantique et pleine de classe, loin du bruit des bottes et des démonstrations de force nationalistes …

Leur immense travail mériterait évidemment la reconnaissance planétaire éternelle, façon Editors ou Interpol. Mais finalement , on est plutôt ravi de pouvoir encore les voir sur des petites scènes au lieu des larges arènes du stadium-rock, et bien content de se les garder pour nous entre initiés.

Notre petit côté égoïste …

Dream Wife

Voilà une petite gourmandise idéale pour l’été.

Actuellement le nom de Dream Wife circule dans les meilleures gazettes, et ce buzz très favorable pourrait bien les installer pour de bon dans la lumière. C’est un trio purement féminin, Anglo-Islandais, apparu de manière assez improbable. Dream Wife – d’après un film de 1953 avec Cary Grant – est au départ un projet de spectacle de l’Art-School de Brighton, une imitation déconnante de girl-band pour une performance filmée. Et surprise ! Rakel Mjöll (lead chanteuse au délicieux accent Islandais), Alice Go (guitare, vocals) et Bella Podpadec (basse, vocals) sont tellement contentes du résultat et de l’accueil de leurs premières chansons qu’elles décident de poursuivre l’expérience en devenant un vrai groupe.

Elles sortent en mars leur premier E.P, chez Cannibal Hymns, qui rafle la mise et les propulse sur les ondes de la BBC, dans les magazines qui comptent, et même sur scène avec The Kills, dont elles assurent la première partie de la tournée estivale. Enfin épisode ultime de leur envol , le label Lucky Numbers (Hinds, Darwin Deez) décide de les prendre sous son aile protectrice. Beaux débuts …

Elles jouent une pop punky, pétillante, mais tout sauf lisse. Leurs chansons pleines d’humour, provocatrices, dissimulent une fêlure profonde et vénéneuse. Écoutez par exemple les guitares cinglantes qui viennent exploser les doucereux « hou ha » des chœurs de Kids. Ou le chant incendiaire de Hey Heartbreaker dont la rythmique basse batterie est digne de la new wave New Yorkaise des eighties. Impressionnants et irrésistibles.

Cette étincelante triplette de pétroleuses se révèle une bien jolie promesse estivale. On en redemande.

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Preoccupations

Il y a 18 mois, Viet Cong faisait une grosse impression avec son premier album. Depuis, on a surtout entendu parler d’eux avec la polémique qui les a forcé à changer de nom.

Dès l’apparition des Canadiens avec leur premier E.P Cassette en 2014, leur choix de s’appeler Viet Cong provoque des critiques. Mais c’est surtout au moment ou ils commencent à rencontrer le succès en 2015 que les sanctions tombent, les empêchant de jouer normalement : annulation par les organisateurs de leur participation à un festival à Melbourne (Australie) en février 2015, puis à Oberlin (Ohio) un mois plus tard. L’idée de reprendre le nom péjoratif du Front National de Libération du Sud Viet Nam, tristement célèbre pour ses actes de terreur et de torture durant la guerre du Viet Nam, est susceptible de choquer les différentes communautés Vietnamiennes et provoque en tout cas l’hostilité de nombreuses associations. Même s’il ne s’agit que du simple nom d’un groupe de post-punk, par ailleurs totalement ignorant de l’histoire de cette guerre … Pas suffisant comme excuse.

Ils décident donc en septembre de changer de nom. C’est leur pote Chad Van Gaalen qui les baptise officiellement en avril 2016 : ils deviennent Preoccupations. Toujours bizarre mais moins choquant. Sous ce nouveau nom, le quatuor s’apprête à sortir un nouvel album. Intitulé simplement Preoccupations, il sort le 16 septembre chez JagJaguwar. Deux titres ont déjà été dévoilés : Anxiety et Degraded.

Parlons musique (c’est le plus important). Les quatre Preoccupations confirment les espoirs entrevus lors de la sortie de Viet Cong. Ils tissent un monde musical sombre et inquiétant, aux échos post-punk et cold-wave. Leurs outils de prédilection sont une basse qui gronde, des guitares suspendues par la reverb et la voix de baryton du maitre de cérémonie Matt Flegel. Les fantômes de Joy Division ou Interpol rodent dans leur répertoire, dont les titres des chansons sont sans ambiguité : Anxiety, Monotony, Degraded, Stimulation ou Fever. Il faut dire que, en plus des histoires de changement de nom du groupe, les quatre musiciens ont eu des vies personnelles mouvementées ces derniers mois, entre déménagements et ruptures. Des mois catastrophiques qui les ont poussés en studio avec l’urgence et la rage au cœur.

De quoi constituer le terreau fertile d’un grand disque, dans lequel l’obscurité n’est jamais totalement étouffante. Dans le maelstrom et le brouillard sonores la lumière finit toujours par briller, étincelante et salvatrice.

jenn champion

Jenn Champion est une belle révélation, découverte grâce à l’épatant single No One, surgi du néant aujourd’hui même. Mais ces Américains qui semblent tout nouveaux venus sont en fait issus d’une histoire plus ancienne.

Jenn Ghetto (de son vrai nom Jennifer Hays) chante ses propres chansons qu’elle joue à la guitare depuis plus de quinze ans. Originaire de Tucson en Arizona elle bosse comme vendeuse de pizzas. C’est là qu’elle décide en 1997 avec ses collègues pizzaïolos Ben Bridwell et Mat Brooke de partir à Olympia former Carissa’s Wierd. Au bout d’un an le trio émigre à Seattle. Il publie trois albums entre 1998 et 2003, date de sa séparation. Bridwell et Brooke s’en vont de leur côté fonder Band Of Horses.

Jenn Ghetto se lance alors en solo, enregistrant toute seule ses chansons à la guitare dans sa chambre, sous le nom peu vendeur de S. Quatre albums voient le jour entre 2001 et 2014, dont le dernier, Cool Choices, produit par le guitariste de Death Cab For Cutie Chris Valla, déclenche de premiers échos sur les écrans de radars indie-rock. C’est le premier disque de S joué en groupe, en l’occurrence un quatuor composé de Zach McNulty (batterie), Betsy Olson (bass) et Carrie Murphy (guitare). Et enfin, en septembre 2015, Jenn Ghetto devient officiellement Jenn Champion et décide de publier désormais sa musique sous ce nom. No One est son premier E.P, et parait aujourd’hui chez Hardly Art. Une nouveauté du jour donc, mais qui est le fruit d’une longue maturation artistique commencée dans les années 1990.

C’est un morceau qui embarque ses auditeurs pour un impressionnant voyage. Le rythme est monotone et glacial. La basse synthétique et les arpèges de guitares bourrés d’écho accentuent la trame sombre et brumeuse. Jenn chante divinement un mantra qui se révèle plein de désespoir : “And there’s no one/And there’s no way out”. Implacable. On pense à la noirceur de Cure, à la mélancolie de New Order mais aussi à l’immense classe de Chromatics ou aux images du film Drive. Autant dire que le passé et le présent se croisent et s’unissent dans ce No One qui risque bien de hanter nos jours et nos nuits à venir.

Terrassant.

Jagwar Ma

Le grand retour de Jagwar Ma est une bonne nouvelle. C’est un réel bonheur de retrouver ce trio Australien qu’on apprécie beaucoup . En plus c’est le moment idéal pour se replonger dans leur musique, qui se révèle parfaitement en phase avec l’ambiance estivale. Des sons et des notes pour titiller les glandes sudoripares des noctambules et faire vibrer les clubs sans tomber dans la niaiserie.

Ecoutez O B 1, single annonciateur de leur prochain album Every Now & Then. On décolle en douceur avec des mystérieuses boucles synthétiques et des lamentations vocales en mode interrogatif: What do you need from me ?. Puis le beat s’installe en mode lent et groovy, et la chansons explose et s’enflamme dans des incantations trépidantes et hallucinées (you warm me up, you warm me up). L’esprit de l’Hacienda et du grand Madchester est bien là, omniprésent dans ces 5’20 qui mettent le feu au dance-floor. O B 1 est produit par le groupe, le mix étant confié au DJ Ewan Pearson. C’est Stella Mozgawa de Warpaint qui assure les parties de batterie, en plus du trio habituel, constitué de Gabriel Winterfield (chant, guitare), Jono Ma (guitare, synthés, samplers, production) et Jack Freeman (basse).

Mine de rien on attendait des nouvelles de Jagwar Ma depuis presque trois ans et leur excellent premier album Howlin’, dont les titres ont régulièrement trusté notre play-list en 2013. D’ici la sortie de l’album cet automne les Australiens vont prendre le temps d’effectuer une tournée mondiale, commencée en Australie il y a une semaine,et qui se terminera à Bordeaux le 22 novembre après être passée par l’Autriche, les USA, l’Allemagne, l’Angleterre l’Ecosse et la Canada. Aucune excuse donc pour rater leurs shows à la réputation barge et torride.

Ravi de vous revoir messieurs …

cymbals eat guitars

Aujourd’hui on remonte le son !

Plaisir coupable de pousser le volume de l’ampli et des enceintes pour retrouver Cymbals Eat Guitars. Ces habitués de nos chroniques annoncent en effet la parution de leur quatrième album, Pretty Years pour le 16 septembre, chez Sinderlyn.

On les avait quittés avec Lose en 2014, un album applaudi unanimement par les rock critiques les plus sévères, suivi d’une longue tournée triomphale, mais qui hélas est un échec sur le plan commercial.

Pas de quoi faire renoncer le quatuor, qui décide de se remettre rapidement à la tâche et de faire encore mieux avec un nouvel album. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à partager le songwriting : Joe D’Agostino le guitariste-chanteur-leader donne pour la première fois les clés de la composition au bassiste Matt Whipple (sur 5 titres) et au clavier Brian Hamilton (2 titres). Pour la production, c’est John Congleton, qui a travaillé avec de grosses pointures (St Vincent, The War On Drugs, Franz Ferdinand) et qui a déjà été récompensé par plusieurs Grammy Awards. Pas non plus d’interminables cogitations artistiques cette fois : le disque est conçu en six mois et enregistré en 8 jours à Dallas.

Le résultat ? Pretty Years surprend par l’émergence d’un côté classique dans le foutoir sonore habituel des quatre de Staten Island. L’énergie et la distorsion sont toujours présentes, mais épurées, domptées avec une sagesse qui ne leur enlève rien au niveau de l’efficacité. Une force tranquille et maitrisée digne d’héritiers de Bowie, Springsteen ou Pixies. Les guitares grondent sur des rythmes sismiques et motoriques, mais les claviers amènent la touche de légèreté nécessaire. On entend même du saxophone ( !) sur l’excellent Wish. Les thèmes des morceaux s’échappent nettement de la noirceur et de la colère des disques précédents.

Pas de trahison cependant, Pretty Years est bien du pur Cymbals Eat Guitars. Mais ce nouvel album constitue aussi un ensemble de chansons plus solaires et maitrisées, qui lui procurent un côté classique et intemporel.

Un grand disque du futur ?

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