Il y a 18 mois, Viet Cong faisait une grosse impression avec son premier album. Depuis, on a surtout entendu parler d’eux avec la polémique qui les a forcé à changer de nom.
Dès l’apparition des Canadiens avec leur premier E.P Cassette en 2014, leur choix de s’appeler Viet Cong provoque des critiques. Mais c’est surtout au moment ou ils commencent à rencontrer le succès en 2015 que les sanctions tombent, les empêchant de jouer normalement : annulation par les organisateurs de leur participation à un festival à Melbourne (Australie) en février 2015, puis à Oberlin (Ohio) un mois plus tard. L’idée de reprendre le nom péjoratif du Front National de Libération du Sud Viet Nam, tristement célèbre pour ses actes de terreur et de torture durant la guerre du Viet Nam, est susceptible de choquer les différentes communautés Vietnamiennes et provoque en tout cas l’hostilité de nombreuses associations. Même s’il ne s’agit que du simple nom d’un groupe de post-punk, par ailleurs totalement ignorant de l’histoire de cette guerre … Pas suffisant comme excuse.
Ils décident donc en septembre de changer de nom. C’est leur pote Chad Van Gaalen qui les baptise officiellement en avril 2016 : ils deviennent Preoccupations. Toujours bizarre mais moins choquant. Sous ce nouveau nom, le quatuor s’apprête à sortir un nouvel album. Intitulé simplement Preoccupations, il sort le 16 septembre chez JagJaguwar. Deux titres ont déjà été dévoilés : Anxiety et Degraded.
Parlons musique (c’est le plus important). Les quatre Preoccupations confirment les espoirs entrevus lors de la sortie de Viet Cong. Ils tissent un monde musical sombre et inquiétant, aux échos post-punk et cold-wave. Leurs outils de prédilection sont une basse qui gronde, des guitares suspendues par la reverb et la voix de baryton du maitre de cérémonie Matt Flegel. Les fantômes de Joy Division ou Interpol rodent dans leur répertoire, dont les titres des chansons sont sans ambiguité : Anxiety, Monotony, Degraded, Stimulation ou Fever. Il faut dire que, en plus des histoires de changement de nom du groupe, les quatre musiciens ont eu des vies personnelles mouvementées ces derniers mois, entre déménagements et ruptures. Des mois catastrophiques qui les ont poussés en studio avec l’urgence et la rage au cœur.
De quoi constituer le terreau fertile d’un grand disque, dans lequel l’obscurité n’est jamais totalement étouffante. Dans le maelstrom et le brouillard sonores la lumière finit toujours par briller, étincelante et salvatrice.