Quel bonheur de retrouver Edwyn Collins sur le devant de la scène ! Le vétéran et rescapé Ecossais revient en effet avec un nouvel album : « Understated ».
Et dans son cas il nous faut ressortir de l’armoire notre vieux manuel de l’Histoire du Rock, et l’ouvrir à la page consacrée à la période Afterpunk des années 1980/81. A l’époque, en Ecosse, Postcard, un épatant label indépendant, fait découvrir au monde entier son trio magique : Aztec Camera, Joseph K et Orange Juice. Edwyn Collins est le charismatique chanteur et guitariste de ces derniers qui mêlent audacieusement la chaleur des guitares funky avec la froideur de l’attitude New Wave. En voici un bel exemple avec « Rip it up », leur plus grand succès populaire.
Après la séparation du groupe en 1985, Edwyn Collins entreprend une carrière solo, dont les débuts se font dans l’anonymat de la fin des 80’s. Le premier album « Hope and Despair » sort en 1989, sans rencontrer un grand succès en dépit de très bonnes chansons comme « 50 Shades of Blue ». Il est suivi en 1990 de « Hellbent on compromise », qui prend directement le chemin des oubliettes. On se dit que ce sera définitif. Et non ! c’est l’incroyable surprise du grand come-back de Collins en 1994, dix ans après le split d’Orange Juice, avec son troisième album « Gorgeous George » qui contient ce qui restera le grand tube de sa carrière : « A Girl Like You », une chanson inspirée par la Northern Soul et dans laquelle on entend Paul Cook, le batteur des Sex Pistols jouer du xylophone ! La chanson se classe dans tous les charts mondiaux, et même en France (16ème) ce qui n’est pas un mince exploit …
Après un tel carton, Edwyn Collins a du mal à rester à ce niveau et les albums suivants marquent une lente disparition dans l’oubli. Jusqu’à 2005, année où il côtoie l’enfer, quand le 20 février, il est victime d’une très grave hémorragie cérébrale, suivie d’une récidive deux jours après. Il ne doit son salut qu’à la dextérité des chirurgiens du London’s Royal Free Hospital qui l’opèrent en urgence et le sauvent, au prix, hélas de lourdes séquelles neurologiques, notamment une terrible aphasie (impossibilité de parler). Quand on le qualifie de rescapé, c’est sans exagération …
Car Edwyn va s’en remettre ! Aidé par ses nombreux potes musiciens dont l’un des plus fervents est Alex Kapranos de Franz Ferdinand, après de très longs mois de bagarre contre son propre corps dans un centre de rééducation, il refoule les planches des scènes rock, avec de grandes difficultés pour marcher, mais de manière incroyable, pas pour chanter ! Et fin 2009 on le revoit sur les scènes des grands festivals avec une émotion intense. Un an après, en 2010, il publie « Losing Sleep », son premier album depuis la maladie, qui remporte un bon succès d’estime.
Et nous voici en 2013. C’est la sortie de son successeur, le huitième album d’Edwyn Collins, « Understated ». On se dit qu’on va être gentil avec lui, ne pas en dire trop de mal et PAF ! C’est une grosse claque car CE DISQUE EST EXCELLENT! Notre crooner à la voix de baryton est revenu à son meilleur niveau avec une pop puissante et mélodique à la classe folle. Même si la voix dérape un peu dans les aigus, voici avec « Dilemna » une chanson qu’on aurait pu entendre sans problème chez Arctic Monkeys ou Pulp.
C’est donc avec un bonheur total et une grande émotion que nous vous présentons dans TheMusicalBOx le grand retour dans la lumière de ce personnage à l’histoire si particulière.