Habitués de nos chroniques, vous connaissez déjà depuis longtemps notre affection particulière pour les artistes qui prennent très progressivement leur envol. Ceux qui partent d’un niveau brut de décoffrage pour petit à petit, année après année, disque après disque, sculpter une oeuvre sonore de plus en plus resplendissante.
Cherry Glazerr fait partie de ceux-là. Ce trio de Los Angeles débute en 2014 avec Axell Princess, un ensemble de chansons garage-punk mal dégrossies qui certes impressionnent, mais peinent à susciter l’adhésion immédiate. Quelques mois plus tard on les retrouve avec Had Ten Dollaz, single prometteur paru chez Suicide Squeeze, perle pop déjantée et accrocheuse qui provoque un succès d’estime et sert même de bande son pour les défilés Saint Laurent…
L’eau a encore coulé sous les ponts et le groupe poursuit sa métamorphose. Tout d’abord, ils signent chez l’excellent label Secretly Canadian (Damien Jurado, The War On Drugs, Whitney). Ensuite c’est le remaniement de personnel : départ de Sean Redman (basse) et de Hannah Uribe (drums), remplacés par un batteur, Tabor Allen, et la multi-instrumentiste Sasami Ashworth . De la formation initiale ne reste donc plus que la chanteuse et guitariste Clementine Creevy, chef de bande incendiaire et talentueuse dont le song-writing a vraiment progressé à grands pas.
C’est ce que révèle le nouveau single Told You I’d Be With The Guys. Riffs rageurs à la guitare, tempo syncopé qui tabasse, chant tantôt hurleur tantôt caressant : tous les ingrédients d’un rock nerveux et mélodique sont joliment réunis et emportent facilement notre conviction. Cherry Glazerr a franchi un nouveau palier avec cet énorme tube plein d’humour et de féminisme. Et si les nouvelles chansons sont toutes de cet acabit il va falloir désormais compter avec ce trio pour illuminer les tristes mois d’automne-hiver qui viennent.
Personne ne s’en plaindra …