Zistor

Arc Iris

Allez : soyons ambitieux ! Oublions la paresse estivale et la sieste au fond de la chaise longue pour stimuler nos méninges artistiques. Aujourd’hui notre chronique s’intéresse à de la musique nettement plus sophistiquée et expérimentale que d’habitude.

Voici Arc Iris, signature de Bella Union, le label chercheur et enchanteur de Simon Raymonde. A sa tête Jocie Adams, multi-instrumentiste et ex clé de voute de Low Anthem, dont elle a assuré pendant 8 ans le dulcimer, la clarinette, la basse et le chant. Basée à Providence, Rhode Island, elle choisit de partir sur un projet parallèle et se fait connaitre sous son nouveau nom avec un premier album en 2014 et surtout en ouvrant en première partie des concerts de St Vincent et Clap Your Hands Say Yeah.

C’est maintenant le deuxième album qui arrive. Baptisé Moon Saloon, co-produit avec David Wrench, faiseur d’or de FKA Twigs, il parait le 19 aout. Par rapport à son prédecesseur, il traduit une évolution dans un sens plus collectif, avec un véritable groupe plutôt qu’un simple projet solo de chanteuse. Le clavier Zach Tenorio-Miller et le batteur Ray Belli amènent une touche plus rythmée et groovy à l’ambiance musicale qui s’avérait plus traditionnelle sur le premier album. Mais ce qui faisait la beauté des débuts d’Arc Iris est toujours là : les envolées mélodiques de Jocie Adams, qui décollent du sol pour se nicher dans la stratosphère et nous éblouir ; les délicats arrangements de cordes de Robin Ryczek, étonnante violoniste de formation classique, qui a joué avec Jethro Tull et même fondé une école de musique rock en Afghanistan…

Le résultat produit est une pop classique, haut de gamme, pleine de la classe de Joni Mitchell ou Leonard Cohen, parée d’une couleur résolument moderne à la Bjork ou Radiohead. Pas forcément facile à chanter sous la douche, mais si brillant et envoûtant.

L’album Moon Saloon a été enregistré en quelques jours à Boston. De nombreux invités apportent leur pierre à l’édifice et enrichissent encore plus la palette musicale du quatuor Arc Iris : trompette (Mike Irwin ), basse (Max Johnson), pedal-steel guitar, banjo et trombone (Charlie Rose), ou chœurs (Martha Gunther et Josh Page).

Un véritable écrin musical pour les chansons de Jocie Adams.

She Drew The Gun

Encore une chronique de rattrapage estival. Memories Of The Future, l’ album de She Drew The Gun est en effet sorti il y a trois mois.

C’est le premier disque de ce groupe de Liverpool. A sa tête Louisa Roach, chanteuse charismatique à la voix solaire. Elle crée She Drew The Gun en 2013 pour diffuser ses tout premiers morceaux enregistrés avec une simple guitare et une table de mixage. Le groupe s’étoffe ensuite avec l’arrivée de la percussionniste Sian Monaghan, puis du guitariste Jack Turner et de la claviériste Jenni Kickhefer. Ils se font remarquer par James Skelly, le chanteur de The Coral qui les signe sur son label Skeleton Key . En ce qui nous concerne, on suit et présente She Drew The Gun dans nos programmes radio depuis la découverte il y a un peu plus d’un an de Since You Were Not Mine, une belle chanson sombre à l’ambiance presque blues, qui aurait pu figurer sans pâlir dans le répertoire de PJ Harvey.

Au printemps 2016, c’est l’album qui suit. Intitulé Memories Of The Future, il est produit par James Skelly. Il commence tout en douceur avec Where I End And You Begin, puis monte en puissance avec Chains où la tension et la colère de Louisa Roach commencent à émerger. On retrouve avec plaisir sur l’album les premier singles If You Could See et Since You Were Not Mine. Les sommets du disque sont atteints avec l’incendiaire Poem, aux airs de faux calme, et surtout le plus enlevé Pit Pony à l’énergie contagieuse. Le ton des chansons de She Drew The Gun est en effet plutôt engagé à la fois socialement et émotionnellement. Ces textes très forts sont déclinés sur une palette musicale plaisante et variée, allant du folk à la pop psychédélique, en passant par le blues et le rock.

Rien d’étonnant finalement, pour une artiste originaire des rives de la Mersey, lieu dont on connait la richesse musicale…

Few Bits

En matière de musiques actuelles, la Belgique possède un petit côté exotique et décalé qui nous attire toujours avec plaisir. Cette fois, c’est pour y découvrir Few Bits, un groupe Flamand qui s’est emparé de nos lecteurs de musique depuis un mois avec son épatant nouveau single Anyone Else.

Karolien Van Ransbeeck est le personnage principal de Few Bits . Chanteuse et guitariste, elle est l’auteur de toutes les chansons, dont elle revendique le caractère autobiographique et très personnel. Le groupe débute en 2013 avec un premier album éponyme, Few Bits. Il se fait remarquer lors de son passage cette année là au festival South By Southwest à Austin, ce qui lui vaut ensuite de jouer en première partie de War On Drugs ou Vampire Weekend et de s’aguerrir sur des grandes scènes.

Big Sparks est le nouvel album, annoncé pour le 30 septembre chez PIAS. Il a été précédé de deux singles, l’atmosphérique et nuageux Summer Sun et donc notre coup de cœur Anyone Else.

C’est une petite gourmandise de 2 minutes trente parée des paillettes de la pop Californienne des 60’s mais qui s’en démarque nettement avec son jeu de guitares cristallin dont la fragilité rappelle les premiers The Cure, et par son ambiance brumeuse à la Best Coast. Il reflète une évolution de Few Bits vers un fonctionnement plus collectif, riche des apports des cinq musiciens qui ont participé à son enregistrement, dans un studio paumé au milieu des Ardennes. Mais la chanson reste pourtant d’une simplicité désarmante, touchante, chantée d’une voix soyeuse et intimiste. On y retrouve la candeur et les émotions exacerbées qu’on appréciait il y a longtemps à l’écoute des groupes Sarah Records ou de la génération C 86, ou plus récemment chez Real Estate.

Anyone Else est la preuve définitive qu’il est possible d’écrire une chanson à la fois humble et brillante.

trentemoller

Le retour ! La dernière fois que TheMusicalBox a chroniqué Trentemøller, notre site avait été mis à mal par une cyberattaque. Croisons les doigts cette fois pour que vous puissiez lire tranquillement les dernières nouvelles de ce brillant producteur de Copenhague.

Anders Trentemøller a en effet annoncé un nouvel album, Fixion, pour le 16 septembre sur le label In My Room. Ce sera son quatrième album , dix ans après ses débuts avec The Last Resort. Si l’on en croit le premier single envoyé en éclaireur, il faut s’attendre à un format plus pop. Le musicien Danois a fait le choix de faire évoluer sa mélancolie ralentie vers des chansons plus romantiques et mélodiques. Il produit lui même ce disque, dont il assure également l’artwork.

Par contre il a décidé de faire appel au duo Suédois Riton Emenius (Åsa Riton et Andreas Emenius) pour la réalisation des vidéos. Trois sont annoncées pour Fixion, dont voici la première.

River In Me est un hymne destiné à mettre à genoux le dance-floor. Sur un tempo rapide, presque rock, Trentemøller développe une ambiance noire et inquiétante, structurée par des sons de claviers très 80’s. Le morceau bénéficie largement de la présence de Jehnny Beth, la sulfureuse chanteuse de Savages qui vient prêter sa voix pour parachever cette chanson-électrochoc.

Une belle décharge d’adrénaline.

dinosaur jr

Qui aurait cru qu’en 2016 on vous conseillerait encore d’écouter un nouveau Dinosaur Jr ?

Et pourtant c’est bien le cas. Jay Mascis et ses deux complices sortent le 5 aout un nouvel album Give a Glimpse of What Yer Not. Publié chez Jagjaguwar, c’est le premier disque depuis I Bet On Sky il y a 4 ans, autant dire une éternité. Il faut dire que dans l’intervalle, Jay Mascis et Lou Barlow se sont avant tout consacrés à leurs disques solo, ce qui n’est pas vraiment surprenant chez ce groupe à la trajectoire chaotique et qui a subi de nombreux changements de personnels. Pourtant, ce disque a été conçu avec le trio fondateur Mascis + Barlow + Murph, reformé depuis 2005. Le groupe a surfé sur l’euphorie d’une série de concerts donnés à l’occasion de l’anniversaire des trente ans de leur premier album pour décider de se remettre au travail il y a un an. Enregistré dans la cave de Mascis, l’album contient 11 titres, dont 9 qu’il a lui même composés. Les deux autres revenant à Lou Barlow.

Musicalement, plus de trente ans après leurs débuts, on retrouve Dinosaur Jr encore très à l’aise dans ce qu’ils font de mieux : du rock slacker avec la pédale fuzz poussée à son maximum, avec toujours en ligne de mire des mélodies bien fichues et entêtantes. Derrière ce gros son bien reconnaissable, les thèmes des chansons tournent autour des sujets de préoccupation habituels de Mascis : l’isolement, la difficulté à communiquer, l’enfermement sur soi même. Les chansons se déclinent en mode power-rock, parfois plus pop, parfois plus stoner-rock.

Finalement pas grand chose n’a changé chez Dinosaur Jr. Mais s’est sans doute pour cette raison qu’ils restent une référence pour beaucoup, une valeur sûre à laquelle se référer.

Intemporels en quelque sorte…

the velvet hands

Aujourd’hui , place à une découverte : voici The Velvet Hands.

Ce combo s’installe dans notre play-list avec Trains, un single qui est entré par la petite porte de notre programmation du soir, avant de vite devenir indispensable.
On est emballé par ce rock d’apparence classique, mais qui s’avère rugueux et acéré sous le vernis clinquant. Un côté garage-punk branleur qui rappelle nos New Yorkais préférés (Strokes ou Parquet Courts), mais aussi la fine fleur du British-rock ravageur (Buzzcocks, Libertines). Guitares tranchantes, tempo nerveux, mais mélodies implacables et accrocheuses , faciles à brailler après quelques bières. Ils transmettent une énergie festive et contagieuse.

The Velvet Hands est un groupe d’apparition récente. Originaires de St Austell (Cornouailles), Toby Mitchell (chant, guitare) Dan Able (chant, guitare) Louis Willbourne (chœurs, batterie) et Sean Nichols (basse) ont commencé à faire parler d’eux depuis moins d’un an. Leur tout premier single ne remonte en effet qu’à septembre 2015 (Who Cares/Games). Il est suivi par l’explosif Habit en février. Enfin le plus abouti Trains est sorti pour le Record Store Day il y a quelques semaines. Au delà de ces disques, ils attirent aussi l’attention avec leurs concerts dont la bonne humeur incendiaire suscite l’euphorie. Forcément les grosses maisons de disques commencent à s’intéresser à leur cas.

Au menu de leurs projets : I Don’t Mind un nouveau single cet été. Ils annoncent également un E.P à la rentrée et un album pour la fin d’année.

En attendant la consécration, The Velvet Hands méritent les espérances les plus prometteuses, et on ne se privera pas de leurs chansons stimulantes cet été.

Day Wave

Séance de rattrapage : suite! On poursuit les révisions estivales de 2016 avec les disques injustement oubliés de nos chroniques durant la première partie de l’année.

C’est le cas de Day Wave.

Sous cet alias se cache Jackson Philips, chanteur et multi-instrumentiste Californien. En 2014 il quitte Carousel, le duo qu’il formait à Los Angeles avec Kevin Friedman pour se lancer en solo sous le nom de Day Wave. Il part loin de la frénésie de L.A pour s’installer à Oakland, près de San Francisco, pour y trouver l’inspiration. Mais c’est finalement un pénible concours de circonstances qui va galvaniser son écriture musicale. Traité par des antibiotiques pour une banale sinusite, il est victime d’une intoxication médicamenteuse qui lui occasionne une atteinte neurologique des mains et des pieds, avec douleurs et paralysie, et le force à suivre un régime sans sucre et sans alcool. C’est durant ces longues semaines qu’il oublie ses souffrances en se jetant à fond dans la musique et l’écriture de nouvelles chansons. Elles naissent dans les mois qui suivent : Drag est le premier single en avril 2015, suivi des E.P Headacase en juillet 2015 et Hard To Read début 2016 . Depuis qu’il a signé sur l’excellent label Fat Possum, ces deux E.P ont été compilés sous la forme d’un album 10 titres paru en mars 2016.

L’occasion de se plonger dans les chansons de ce garçon inspiré par New Order, Beach Boys et Joy Division. La production est très minimaliste, assurée par Philips qui fait absolument tout : songwriting, chant, guitares, claviers, batterie, enregistrement, mixage et mastering. Le résultat est forcément atypique. Une pop fragile, humble et brumeuse, construite sur des guitares cristallines, des synthés nuageux et une batterie aérienne, chantée d’une voix délicate. On pense à DIIV, aux premiers Wild Nothing ou à Real Estate.

On l’avait repéré cet hiver avec le single Come Home Now, qui ne figure hélas pas sur cet album, sur lequel on retrouve par contre le reste de son répertoire, de Drag aux plus récents titres comme Gone ou Stuck.

Headcase/Hard To Read est sorti le 4 mars chez Fat Possum.

Oscar

C’est l’une de nos traditions estivales : profiter de l’accalmie dans la sortie des nouveautés pour effectuer une séance de rattrapage. Réécouter des albums trop vite zappés durant la première partie de l’année.

Oscar par exemple. Voilà un garçon régulièrement diffusé dans notre programmation radio, mais dont, faute de temps, nous n’avions pas encore eu l’occasion de vous parler. Et c’est dommage. Cut And Paste, son premier album, contient une belle collection de tubes et constitue le disque parfait pour accompagner le rythme et le climat de l’été.

Le jeune Londonien Oscar Scheller, âgé de 24 ans pour être complet sur son état civil, s’inscrit dans la lignée de ces chanteurs pop-rock Anglais qui parviennent à trouver le juste milieu entre le mainstream et l’indie, à la fois classiques et excentriques. Comme Morrissey, comme Damon Albarn, il conjugue des mélodies imparables et romantiques, qu’il chante d’une superbe voix de baryton, avec des arrangements suffisamment déglingués pour sonner rock : la distorsion d’un jeu de guitare minimaliste, des breakbeats des 90’s, une production au son franchement lo-fi qu’il a assurée lui même.

Oscar baigne dans la musique depuis sa plus tendre enfance. Ses parents jouaient dans le groupe new-wave The Regents (n°11 dans les charts en 1979 avec 7 Teen). Plus tard son père fut également l’un des pionniers des productions Acid House. Mais finalement en déroulant les dix morceaux de Cut And Paste, c’est plutôt d’une inspiration Brit-Pop qu’il faut parler et évoquer les héros des 90’s d’outremanche Blur ou Elastica, avec en plus une touche de dub bien dans l’esprit de cette époque, et réminiscence probable de ses souvenirs d’enfance.

A la fois l’outil parfait pour viser les charts ou s’incruster dans les play-lits des rock critiques exigeants, ce premier album d’Oscar Scheller est en tout cas un bon compagnon pour les semaines qui viennent.

Nice As Fuck

C’est l’ époque qui veut ça : chaque nouveauté bénéficie toujours d’une promotion à chaque fois plus sophistiquée. Les stratégies de com’ se veulent de plus en plus performantes, à base de teasers novateurs et autres diffusions virales sur les réseaux sociaux … Alors quand on découvre la bienheureuse insouciance du lancement de Nice As Fuck et leur côté « rien à foutre de tout ça », c’est un petit vent de fraicheur qui vient souffler de la bonne humeur et fait du bien.

Leur nom déjà. Nous, on apprécie plutôt, mais il est peu probable que les comités de censure des grands médias soient ravis de placer en haut de leurs play-lists un groupe avec « fuck ». Et pourtant Nice As Fuck est un vrai « supergroupe » constitué de Jenny Lewis, chanteuse et guitariste des injustement méconnus Rilo Kiley, d’Erika Forster, clavier d’Au Revoir Simone et de Tennessee Thomas qui tient la batterie chez The Likes. Au lieu de jouer sur cet aspect et d’amplifier son côté événementiel, le trio déboule de manière totalement imprévue le 17 juin avec un premier single baptisé Doors. Jusqu’alors la seule preuve de leur existence avait été un concert de soutien à Bernie Sanders, le candidat à la primaire démocrate Américaine. Pas une info n’avait filtré sur la sortie d’un disque, ni le moindre communiqué de presse.

Doors s’avère malgré tout vraiment brillant. Une chanson à l’ambiance post punk propulsée par une rythmique basse-batterie nerveuse et minimaliste, illuminée par le chant de Jenny Lewis qui scande ses mélodies de manière envoutante et irrésistible.

Et alors qu’on commençait à peine à découvrir ce single. Paf ! Voilà l’album qui arrive hier sans aucune annonce lui non plus. Baptisé simplement Nice As Fuck, il contient neuf morceaux , tous mis en ligne simultanément sur la page YouTube du groupe ( elle est ). On découvre avec plaisir le répertoire brumeux et déjanté des trois Américaines, entre rock urbain et groove hanté dans lesquels culminent les hauteurs vocales et mélodiques. Mention spéciale à Angel , Homerun,Higher et Guns, ce qui fait tout de même plus de la moitié de l’album à citer et souligne la qualité de ces morceaux.

En accompagnement du disque se trouve une biographie promotionnelle du groupe écrite par Father John Misty. Mais là aussi tout dérape très vite : c’est en fait un copieux texte iconoclaste et totalement loufoque, dans lequel il nous explique que Nice As Fuck est « objectivement le meilleur groupe exclusivement féminin des 25 dernières années ».

On veut bien le croire…

DEMS – Gold

Dems-1

L’engagement militant est devenu dans le rock une attitude plutôt marginale et minoritaire. On s’est désormais habitué à entendre aujourd’hui des chansons d’amours qui finissent mal (en général) et des lamentations d’adulescents pleurnichées du fond de leur chambre. Aussi quand on découvre la force des convictions et la colère des Londoniens Dems, il y a de quoi être impressionné.

Les membres de ce trio de Balham, au sud de Londres ont longtemps vécu dans les ruines d’un ancien Bureau de Poste inoccupé, avant de s’en faire éjecter par des promoteurs immobiliers pleins de Livres Sterlings dans les yeux à l’idée de construire à la place des logements de luxe aux revenus juteux. Gold est la réaction de Dems. Une réponse aux spéculateurs en forme de cri du cœur (Tu roules sur l’or / N’essaie pas de tester ma détermination) et un appel à lutter contre la crise du logement et la gentrification de Londres.

C’est aussi un excellent morceau. Une chanson pop électro à l’atmosphère techno brumeuse, propulsée par des claviers et machines électroniques sur lesquels rebondit le groove d’une ligne de basse des cavernes et survolée par la colère désolée des textes chantés par le falsetto de Dan Moss.

Dems existe depuis 2010. Dan Moss (chant, console de mixage) et Dave Gardener (chant, percus, samples) sont de vieux copains d’école. Ils fondent le groupe quand Dave quitte Edimbourg pour revenir vivre à Londres en ramenant dans ses bagages Duncan Mann (guitare, claviers). Ils se retrouvent dans une multitude d’influences musicales : Punk, Jazz, Drum n Bass, Garage. Mais c’est surtout la littérature qui leur fournit des références précises : Charles Dickens, Ted Hughes ou le poète Indien Jeet Thayil. Leur premier single, House, sort en 2011. Après quelques autres titres dans l’intervalle, leur premier album Muscles Memory parait en 2014.

Gold est le premier morceau publié depuis . Enregistré entre Londres et Montréal, il est le premier d’une série de chansons qui offrent une réflexion sur le devenir des villes dont l’authenticité est réduite à néant par l’évolution commerciale et la spéculation.

Du rock engagé. On vous le disait bien …

Lontalius

L’invité du jour constitue une découverte la fois pleine de fraicheur et d’exotisme. Lontalius est un tout jeune musicien de 18 ans, basé à Wellington en Nouvelle Zelande. De son vrai nom Eddie Johnston, il poste régulièrement sur le net ses chansons faites maison avec des instruments minimalistes, qui diffusent avec pudeur mais aussi beaucoup de talent une pop attachante et mélancolique.

C’est un jeune prodige à l’esprit très DIY. Biberonné par ses parents aux Beatles durant ses jeunes années, il se fait offrir sa première guitare à 8 ans dont il apprend à jouer tout seul en observant des tutoriels et vidéos sur internet. Toujours grâce à son ordinateur, il s’initie aux logiciels gratuits qui lui permettent de construire et d’enregistrer ses propres morceaux, de réaliser ses propres vidéos. Il ne lui reste plus qu’à s’équiper d’un vieux Casio MT-45, acheté pour 2 dollars, et c’est le lancement d’une carrière prometteuse pour ce jeune Néo-Z qui fait partie de la même génération dorée que sa compatriote Lorde.

Son debut-album I’ll Forget 17 est paru chez Partisan Records. Johnston a effectué les 20 000 kms qui le séparent de Bristol pour enregistrer ce disque dans les Toybox Studios sous les manettes de Ali Chant (PJ Harvey, Perfume Genius, M. Ward).

Sur cet album, Kick In The Head est notre préférée. Une belle chanson triste, dont la pop sombre, chantée d’une voix grave pleine d’émotion, est enluminée par des arrangements de cordes et des gimmicks déchirants de claviers. Le clip est lui aussi magnifique. Tourné avec une camera infra rouge afin de faire ressortir « l’essence de la lumière » , il montre toute la splendeur des paysages méconnus de Nouvelle Zélande. Une convaincante fusion entre l’image et le son.

Apaisant…

Sofi Tukker

La mi-juin : c’est toujours à cette époque que la recherche des futurs tube de l’été a pris l’habitude de commencer. En ce qui concerne notre Musical Box, l’objectif n’est pas vraiment de trouver la prophétie parfaite qui nous fera deviner en avance LE tube qui sera matraqué entre le 15 juillet et le 15 aout dans tous les campings et les discothèques. Mais plutôt le plaisir de dénicher et vous faire découvrir des perles de club-music ou des hymnes de groove qui s’incrusteront de manière décalée dans notre play-list durant tout l’été.

Sofi Tukker est l’une de ces découvertes. Contrairement à ce que son nom semble indiquer, ce n’est pas une artiste solo, mais un duo. Installés aujourd’hui à New York, Sophie Hawley-Weld (Sofi) et Tucker Halpern (Tukker) se sont rencontrés en 2014 à l’Université de Providence, Rhode Island, pour élaborer ensemble une dance-music electro bien foutue, exotique et irrésistible. Il ne leur a pas fallu beaucoup de temps pour convaincre. En mai 2015 sort Drinkee, un premier titre afro et funky, rendu célèbre dans une pub Apple Watch . Il est suivi en janvier 2016 par l’étonnant Matadora, d’inspiration Sud Américaine , puis en mars par l’excellent Hey Lion, et son Afrobeat soutenu par les congas. Leur passage au festival South By Southwest est très remarqué et les révèle à la planète musicale. Et maintenant ils annoncent enfin la sortie de leur premier E.P baptisé Soft Animals pour le 8 juillet.

Sur ce disque, C’est Déjà Vu Affair, tout dernier single en date, qui retient toute notre attention et se voit sélectionné dans notre play-list estivale. On cède sans résister à cette séduisante bombe incendiaire du dance-floor, dont la colonne vertébrale est une puissante rythmique house sur laquelle éclatent des riffs de guitares inspirés par les 60’s. Mais le sublime réside surtout dans la voix de Sophie Hawley-Weld, parfaitement dosée entre l’amertume douce et la magie cristalline, dans un registre fréquenté par Tracey Thorn, Romy de the XX ou Beth Gibbons de Portishead. Par sa fluidité elle envoie instantanément la chanson dans la stratosphère.

Galactique …

Korallreven live 2012

Il y a un peu moins d’un an, la surprenante nouvelle de la séparation de Korallreven nous attristait profondément. Car avec ses deux albums parfaits depuis 2011, le duo Suédois avait su conquérir nos cœurs pour la vie avec son electro-pop élégante et délicate.

C’est donc un grand plaisir d’entendre à nouveau les deux complices Marcus Joons et Daniel Tjäder réapparaitre sous le nom de Yoo-Yoo.

Un drôle de patronyme qui accueille en plus des deux ex-Korallreven un véritable collectif avec Nicklas Tjäder le frère de Daniel, des musiciens de Thanxxx, ORKID, et quelques-uns de leurs copains. Le titre de leur premier single est facile à retenir : Pet Shop Boys. Il s’agit évidemment d’un hommage au duo Britannique qui, finalement, apparait d’une grande logique. Car la pop synthé de Korallreven, teintée de paillettes, de douceur et de mélancolie peut dignement s’inscrire dans la lignée des Pet Shop Boys.

On retrouve donc ici sans surprise une chanson sucrée qui cède à la nostalgie des années 80, orchestrée par des nappes de synthés et une reverb de cathédrale. Même le chant est effectué sous la forme d’un spoken word fragile qui s’inspire de celui de Neil Tennant. Mais la touche irrésistible de Korallreven est toujours présente. Une ambiance exotique, presque tropicale, dans laquelle résonnent de fines boucles de flute ou de harpe et la cavalerie légère des percus électroniques qui font de ce tube retro un morceau totalement contemporain.

Pet Shop Boys est un très beau premier single et on accueille à bras ouvert Yoo-Yoo en souhaitant une longue vie à ce nouveau projet de nos Suédois préférés.

The Avalanches

16 ans ! C’est l’interminable et périlleux tunnel de silence traversé par The Avalanches, qui aurait pu les faire totalement oublier. Mais finalement c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Cette longue mise en veille les a fait accéder au statut rare de groupe culte.

En 2000, certains d’entre vous n’étaient même pas nés. Petite révision donc : avec l’album Since I Left You, le collectif Australien, originaire de Melbourne, mettait à mal toutes les règles de la musique électro et des DJ. Eux abordaient la discipline dans un style complètement décalé, extravagant, drôle, mais aussi terriblement rêveur et poétique. Osant les pires audaces de sampling et de mix (3500 samples auraient été utilisés pour l’album), ils n’hésitaient pas à puiser dans leur malle au trésor de crate-diggers pour associer des bandes originales de films surannés à la pop Française des 60’s, la sex-music des 70’s, la bossa-nova Brésilienne, les duos de comiques des années 40 ou la dance-music New Yorkaise et le rap des années 80.

Le résultat de ce délire créatif est un univers qui oscille entre le givré déconneur (Frontier Psychiatrist, le bien nommé) et la dance avec envolées romantiques (l’inégalé Since I Left You). Un monde musical tellement à part qu’il est devenu au fils des années (des siècles …) une référence essentielle. L’album figure maintenant dans quasiment tous les classements des meilleurs disques des années 2000 et régulièrement dans la liste des meilleurs de tous les temps.

Alors quand on apprend que 2016 est l’année de leur retour, forcément c’est le grand frisson et une attente incroyable. Les trois membres restants, Robbie Chater, Tony Di Blasi, et James Dela Cruz on travaillé plusieurs années pour parvenir à Wildflower, leur deuxième album. Depuis dix ans, il est régulièrement annoncé, puis différé. Mais cette fois c’est la bonne. Il arrive pour 2016, le 8 juillet précisément, précédé d’un premier single, Frankie Sinatra. C’est un disque dense, constitué de 22 morceaux, enrichi de multiples collaborations. On retrouve Danny Brown, MF DOOM, Father John Misty, Toro Y Moi, Jennifer Herrema, Camp Lo, Biz Markie, Warren Ellis, et Jonathan Donahue (de Mercury Rev). D’autres invités, comme Jens Lekman, Connan Mockasin, August Darnell (Kid Creole) et Luke Steele (Empire Of The Sun) ont participé à certains titres, mais finalement non retenus pour l’album.

L’idée générale de ce disque est de capter l’ambiance musicale d’un road trip imaginaire à travers les grands espaces Australiens, l’état d’esprit d’adolescents en virée en voiture avec un pack de bière au frais sur la banquette arrière.

Une ambiance qu’on ressent bien en découvrant Frankie Sinatra. Construit à partir d’un sample de « Bobby Sox Idol« , un titre du chanteur de calypso Wilmoth Houdini dans les années 40, il bénéficie des voix de Danny Brown et MF Doom. C’est une chanson déjantée et grinçante, assez proche de l’univers de Frontier Psychiatrist, qui se révèle particulièrement addictive, et nous emmène dans un monde de freaks fréquenté par Gorillaz, Tom Waits et Animal Collective.

Vivement l’album !

Pour être complet, voici l’intégralité du track-listing de Wildflower, avec ses différents featurings

1. « The Leaves Were Falling »
2. « Because I’m Me »
3. « Frankie Sinatra » (featuring Danny Brown & MF Doom)
4. « Subways »
5. « Going Home »
6. « If I Was a Folkstar » (featuring Toro y Moi)
7. « Colours » (featuring Jonathan Donahue)
8. « Zap! »
9. « The Noisy Eater » (featuring Biz Markie & Jean-Michel Bernard)
10. « Wildflower »
11. « Harmony »
12. « Live a Lifetime Love »
13. « Park Music »
14. « Livin’ Underwater (Is Something Wild) »
15. « The Wozard of Iz » (featuring Danny Brown)
16. « Over the Turnstiles »
17. « Sunshine »
18. « Light Up »
19. « Kaleidoscope Lovers »
20. « Stepkids » (featuring Jennifer Herrema & Warren Ellis)
21. « Saturday Night Inside Out » (featuring Father John Misty & David Berman)
22. « Frankie Sinatra (Extended Mix) » (Bonus Track)

The Strokes

Au moment où personne ne les attendait plus, The Strokes effectuent un tonitruant comeback et c’est l’un des évènements de la semaine. Trois ans après Comedown Machine, les New Yorkais ont sorti il y a deux jours Future Present Past, un nouveau E.P sur Cult Records, le label de Julian Casablancas. Il figure 4 titres, Drag Queen, Oblivius, Threat of Joy et un remix d’Oblivius par leur batteur Fabrizio Moretti.

L’évènement est double, car en plus de la bonne surprise de leur retour, The Strokes publient des nouvelles chansons qui atteignent un niveau de qualité plutôt élevé. On les retrouve avec ce qu’ils font de mieux, une pop-rock relax, indolente et sensuelle, qui ne cherche pas à bomber les muscles et à impressionner avec un gros son. Idéalement produits de manière humble et lo-fi par leur vieux complice Gus Oberg, ils sonnent comme une version moderne du Velvet Underground, garage et slacker, urbaine. Oblivius et Threat Of Joy auraient même pu figurer sans rougir sur le chef d’œuvre de 2001 Is This It ?. Drag Queen est à part, plus novatrice, et développe une ambiance post-punk glaciale à la New Order / Human League, nettement moins habituelle chez les Américains.

Future Present Past donne cette fois l’impression de retrouver un vrai groupe, uni et homogène, et non plus l’agglomérat d’égos surdimensionnés qui avaient tenté de se réunir après leur split de 2007 pour les dispensables albums Angles en 2011 et Comedown Machine en 2013, en marge d’aventures solo plus ou moins réussies . Cette nouvelle lune de miel devrait également se concrétiser sur scène durant l’été.

S’agit-il d’un heureux accident de parcours ou au contraire d’une réelle promesse de lendemains qui chantent ? L’avenir nous le dira. Pour l’instant, on reste optimiste et on accueille cette nouvelle livraison de The Strokes à bras ouvert dans notre play-list.

Holy Fuck

Après six ans de silence, Holy Fuck reviennent à la une de l’actu avec un nouvel album. Tout au long des pistes de Congrats, sorti le 27 mai chez Innovative Leisure, les Canadiens reprennent leurs travaux de recherche sonore pour essayer de résoudre l’équation suivante : comment faire danser les discothèques de la planète entière tout en jouant une musique expérimentale et instrumentale ?

Leur solution est juste et cohérente. Choisir une base rythmique très dance-music, faite de parties de batterie et percussions disco, d’une basse qui ronfle et de claviers qui tournoient. On se croirait chez le meilleur de DFA. Et rajouter ensuite des arrangements de samples à l’envers, des voix trafiquées, des synthés hors d’âge, des rythmes tribaux, des sons produits par des jouets et même de la guitare acoustique, mixés par un travail de production très pointu et exigeant. Le résultat est un foutoir sonore intrigant, drôle, effrayant parfois, iconoclaste toujours.

Holy Fuck est apparu en 2004 à Toronto en surprenant le monde entier avec leur dance-punk-techno, se décrivant comme « Einstürzende Neubauten inspiré par Fela Kuti avec Brian Eno aux claviers » . Depuis l’album Latin en 2010 et l’épuisante tournée qui a suivi ils avaient disparu des radars. On suivait alors plutôt la carrière de producteur de Graham Walsh (Metz, Vietcong, Alvvays, Operators). Cette pause salutaire a permis au groupe de se remotiver et de décider de retourner sereinement en studio pour Congrats. Le line-up est toujours le même qu’en 2010 : Brian Borcherdt (claviers et production), Graham Walsh (claviers et production), Matt “Punchy” McQuaid (basse), et Matt Schulz (batterie). Ce quatrième album est voulu comme un nouveau départ, un moment clé dans lequel Holy Fuck a choisi d’épurer sa folie et son chaos créatif en le concentrant et en essayant d’aller à l’essentiel de son projet musical.

Le résultat est plutôt probant. Ecoutez notamment Xed Eyes, l’un des sommets du disque. Il nous entraine sur un dance-floor extra-terrestre dans lequel se percutent Can, Animal Collective et Talking Heads.

Torride et futuriste.

Nothing

Il faut se méfier des effets de mode… En pleine période de retour en force du shoegaze, il serait tentant de classer Nothing dans le camp des hipsters revivalistes. Ce serait commettre une grosse erreur car les quatre musiciens de ce groupe de Philadelphie se situent bien au delà du respect opportuniste des dernières tendances musicales du moment .

Au contraire, ils affichent même une authenticité et une noirceur qui les singularisent. D’abord en présentant un répertoire assez dense, nourri par leur premier album Guilty Of Everything paru en 2014, qui vient s’enrichir depuis quelques jours d’ un deuxième disque, Tired Of Tomorrow. Ensuite par l’ aura sombre et inquiétante qui les entoure. Celle de leur histoire, le chanteur Domenic Palermo ayant fait deux ans de prison et cinq années de mise à l’épreuve à la suite d’une rixe lors d’un concert en 2002, avant d’être la victime à son tour d’une agression à Oakland en 2015, dont il gardera longtemps les séquelles d’un traumatisme crânien sévère. Mais aussi celle de leur musique dont le contenu est très noir. On y parle de mort, de maladie, de sang et de putréfaction. On est loin des clichés du shoegaze avec la classique petite voix doucereuse et angélique sur son mur de guitare. Nothing n’hésite pas à emprunter des chemins dont l’atmosphère est proche du métal (ils sont d’ailleurs signés chez Relapse, label heavy qui héberge Myrkur ou Nux Vomica).

La richesse de leurs morceaux est soulignée par l’absence d’étiquette précise. Shoegaze et métal d’accord, mais aussi punk, hardcore, alt-rock, et pop. Les chansons sont pessimistes et crépusculaires mais les mélodies et les harmonies restent agréables et hospitalières. Un univers dans lequel pourraient se croiser Ride, My Bloody Valentine ou DIIV.

Tired Of Tomorrow est un très bon album. Complet et dense il tabasse parfois sur des chansons métalleuses, émeut avec des moments épiques très 90’s à la Smashing Pumpkins et séduit avec ces perles de pop hantée que sont Everyone Is Happy ou The Dead Are Dumb.

Nothing existe depuis 2010. Il se compose de Domenic Palermo (guitare, chant), Brandon Setta (guitare et chant), Nick Bassett (basse) et Kyle Kimball (batterie).

G.O.S.N

Cette chronique illustre encore notre goût particulier pour essayer de dénicher des artistes émergents de grand talent et bien souvent inconnus.

Car c’est la découverte du mois. Le tout premier single de Ghosts Of Social Networks est un grand bonheur. Celui de faire connaissance avec le dernier né des groupes de Manchester d’une part, mais aussi le plaisir de voir se conjuguer la plus récente modernité de 2016 avec l’héritage et la continuité d’influences éternelles . Eux citent The National et The Jesus & Mary Chain, mais en les écoutant, on peut aller beaucoup plus loin. En prêtant une oreille attentive à Love Potion, on savoure le travail du son des guitares à la Stone Roses, et la belle voix du chanteur nous fait évoquer Ian Mc Cullogh, Wayne Hussey ou carrément Bono. N’ayons peur de rien …

Love Potion / Mockinbirds est le debut-single des Mancuniens. Paru le 6 mai chez Integrity Records, il est produit par Gavin Monaghan (Editors, Robert Plant, Paolo Nutini).

Notre choix se fait en faveur de Love Potion. Ses textes sont plutôt sombres et relatent une histoire d’amour noyée dans l’alcool.

Une chanson noire et poignante comme on les aime, qui mérite instantanément de rentrer dans notre playlist.

fujiya_miyagi

Encore un faux ami au nom trompeur ! Non Fujiya & Miyagi ne sont pas Japonais. Ils sont Anglais et basés à Brighton. C’est un duo formé par le chanteur et guitariste David Best (Fujiya) et Steve Lewis (Miyagi) qui joue des claviers et fait les chœurs. Leurs pseudos viennent pour le premier d’une marque de lecteur de CD et pour le second d’un héros du film Karaté Kid. Ce groupe déjà ancien, formé en 2000, est auteur de cinq albums dont Artificial Sweeteners est le dernier en date, de 2014, beau mix de dance-music épicée de krautrock.

Les deux anglais reviennent sous les feux des projecteurs avec la sortie le 27 mai de EP1, premier E.P d’une série de trois qui devraient se succéder jusqu’à l’album récapitulatif prévu en 2017. On peut y entendre le disco sexy et moderne de Serotonin Rushes et, encore mieux, la troublante To The Last Beat Of My Heart.

C’est une délicate chanson électro très minimaliste, dans laquelle Fujiya & Miyugi pratiquent avec talent l’art de la soustraction pour ne laisser subsister qu’une trame d’arpèges flottants de synthés et la voix de David Best, tout en prudence et douceur. Puis le tempo décolle avec la batterie et la basse et propulse les nappes de claviers dans la lumière de mélodies cristallines. Un morceau ciselé avec brio qui aborde un thème atypique dans le monde du rock : le bonheur de la paternité, un intense moment de vie qui les a fait mettre chacun leur carrière entre parenthèse entre 2014 et 2016.

Renforcés pour ces disques par Ed Chivers (drums) et Ben Adamo (basse), Fujiya & Miyagi nous délivrent avec leur EP1 une belle démonstration de leur large et brillante palette musicale.

Tracklist:
01 “Serotonin rushes”
02 “To The Last Beat Of My Heart
03 “Freudian Slips”
04 “Magnesium Flares”

EP1 is out 5/27 on Impossible Objects Of Desire.

leif erikson

Avec un nom pareil, on peut s’attendre à poursuivre notre voyage musical en Scandinavie, avec la rencontre d’un genre de barde folk Suédois. Perdu ! Leif Erikson est tout simplement un quintet en provenance de Londres.

Ils ont bien piqué leur nom à un explorateur Viking, célèbre pour avoir découvert l’Amérique avant Christophe Colomb, mais la référence nordique s’arrête là. Avec eux les influences musicales sont plutôt tournées vers l’ouest, suivant un grand saut transatlantique jusqu’aux grandes étendues du rock U.S. The War On Drugs, Fleetwood Mac, Fleet Foxes, voilà les racines auxquelles sont solidement arrimés ces Londoniens. Malgré ce classicisme, leur histoire est plutôt récente : un premier single, Looking For Signs cet hiver, un album annoncé pour 2016 et un morceau lancé en éclaireur, l’épatant Never Get You Out Of My Mind.

On est charmé par ses carillons de guitares qui résonnent sur une rythmique basse batterie plutôt groovy, ses tintinnabulements de xylophones et ses harmonies vocales stupéfiantes. Ces Anglais possèdent une maturité bluffante au point qu’on la croirait émaner d’un groupe de vieux requins de studio. Un cocktail de sagesse, de sérénité et de maitrise qu’on avait appris à savourer chez Midlake, Local Natives ou Other Lives. La fragilité et l’élégance réunies.

Leur histoire commune est basée sur une amitié qui dure depuis l’enfance. Le chanteur et guitariste Sam Johnston et le batteur Giles Robinson se connaissent depuis l’âge de 13 ans. Ils fondent un premier groupe, Flashguns, à 17 ans avec Olly Scanlon (basse) et O.J (claviers). Puis l’arrivée de Tom, un deuxième guitariste, donne sa forme définitive à Leif Erikson.

De véritables nouveaux venus donc, mais porteurs de grands espoirs, compte tenu du niveau déjà très élevé de leurs premiers titres.

Une découverte très prometteuse.

Palace Winter

Le plaisir de découvrir un duo électro Scandinave est un grand classique des musiques actuelles. On pense tout de suite au cliché de deux blondinets jouant une synth-pop délicate. Sauf que dans le cas de Palace Winter les choses se compliquent quelque peu. Certes ces deux garçons sont basés à Copenhague et appartiennent au club des musiques électroniques. Leurs compositions sont teintées de pop synthétique et chilly. Pourtant ils n’hésitent pas à ouvrir leur porte en grand pour élargir l’horizon fermé de ce genre musical. L’utilisation des guitares, les arrangements aériens et sophistiqués, qui entremêlent psyche-rock, country, krautrock, et surtout l’écriture de mélodies ensoleillées parviennent à illuminer, adoucir et réchauffer leurs chansons.

Même l’étiquette Scandinave ne leur correspond pas. Carl Coleman le chanteur-guitariste est en effet Australien. Ce n’est qu’en 2014, après avoir rencontré Caspar Hesselager, pianiste et producteur Danois, qu’il décide de le suivre à Copenhague pour les premières expérimentations de Palace Winter. Le duo sort en 2015 un premier E.P, Medication, très bien accueilli. Il est suivi de Positron cet hiver, puis récemment par les singles Soft Machine et H.W Running, tous deux annonciateurs de l’album Waiting For the World To Turn qui parait le 3 juin chez Tambourhinoceros.

La force et l’originalité de ce groupe est l’association d’un pianiste formé au classique, passionné de jazz et converti à l’electro, avec un chanteur songwriter venant de l’univers de la pop à guitare. Belle illustration du mariage réussi du chaud et le froid. La glace des arrangements électro de Hesselager qui créent un brouillard mystérieux et robotique, s’unit aux flammes des notes de guitare et au doux rayonnement des vocaux solaires de Coleman. L’ensemble fonctionne parfaitement et on succombe avec plaisir à leur rutilante Soft Machine.

Radiohead

Impossible de ne pas parler ici du nouveau Radiohead !

La sortie de Burn The Witch, qui brise cinq longues années de silence de la part de Thom Yorke et de ses complices, est évidemment l’énorme évènement de la semaine. On parle là d’un des groupes les plus importants des vingt dernières années. Une véritable institution. Ce que confirment sans hésitation les plus de 9 millions de vues de la chanson sur Youtube en trois jours.

Au delà du bruit médiatique, est-ce encore bien utile de se passionner et de hurler de joie avec les fans pour l’arrivée de nouveaux titres de Radiohead en 2016 ? La réponse dépend du côté où on se place. Ceux qui attendent de retrouver les Anglais au niveau d’excellence de OK Computer risquent d’être déçus. Par contre pour ceux qui, comme moi, ont pris un peu de distance au fil des années et accepté le vieillissement de ce groupe sans plus en attendre monts et merveille, Burn The Witch apparait réellement comme une bonne chanson.

Présenté avec un clip en mode Playmobil animé (en fait inspiré par la série pour enfants des 60’s Trumpton), on découvre dans cette chanson un nouvel angle d’approche musicale, avec des orchestrations quasiment sans guitare, remplacées par une section de cordes jouées staccato et pizzicato, comme des percussions, sur un rythme de batterie décousu et aérien au dessus duquel tournoient les volutes de la voix fragile d’un Thom Yorke encore plus perché que d’habitude. L’ensemble est monumental, très cinématique, à des années lumières des classiques rock électro ou pop : résolument expérimental mais très beau et majestueux aussi.

Le neuvième album de Radiohead s’intitule A Moon Shaped Pool. Il est le fruit de la réunion des cinq membres du groupe pour la première fois après The King Of Limbs (2011), chacun s’étant consacré depuis à ses propres projets. Ses onze titres ont été enregistrés dans le sud de la France à La Fabrique et produits par l’éternel Nigel Godrich. Sa sortie officielle et matérielle est prévue le 14 juin chez XL Recordings.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, le groupe complète l’annonce de ce nouvel album à venir par la mise en ligne d’un deuxième titre, l’intrigante ballade évanescente Daydreaming . Et finalement on se dit que c’est une très bonne nouvelle de retrouver Radiohead en 2016 …

franky flowers

Depuis 30 ans au moins, on nous annonce régulièrement la mort du rock. Les prophètes les plus sectaires et radicaux du rap, de la house, de l’electro, de la techno, de la drum’n’bass, du RnB et même du post-rock se sont relayés durant toutes ces années pour essayer de nous le démontrer. En vain. Car c’est toujours la même chose : au bout d’un certain temps on voit resurgir de manière inattendue des limbes de l’histoire un nouvelle incarnation du rock qui, sous la protection de la Sainte Trinité Guitare-Basse-Batterie, vient rafler la mise.

Prenez Franky Flowers par exemple. Dans la pure tradition électrique, ce trio Californien déboule à toute vitesse pour incendier notre play-list à coup de fuzz et de larsen. Ecoutez comme un plaisir coupable leur dernier single Corpse. Une intro lancée par un intrigant larsen annonce l’arrivée d’un brûlot surf-punk, bousculé par une batterie qui cavale à 220 BPM, nourri par les braises d’un duo basse guitare primaire et bouillant, et illuminé par des vocaux aux hymnes irrésistibles. C’est élémentaire, rugueux mais terriblement stimulant. Un univers musical qui se cale entre Blink 182, Buzzcocks et The Ramones, avec un petit côté solaire qui rappelle les méconnus Canadiens Hooded Fang.

Franky Flowers est basé à Los Angeles. Ils sont vraiment tout jeunes, encore au lycée. On les avait découverts avec le Blue Eyes E.P durant l’été 2014, puis réécoutés avec Sneakers il y a 6 mois. Corpse est co produit avec Tyler Fogerty (le fils de John Fogerty de Creedence Clearwater Revival) et semble annoncer un album dans le courant de l’année 2016, à confirmer.

La vidéo mise en ligne depuis quelques jours est bien à l’image de cette chanson sombre et morbide. Franky, Abe et Ellington sont filmés tout au long d’une errance urbaine, en train de faire du skate, de grimper sur des trains de marchandises ou de glander dans un cimetière.

Un électrochoc salutaire qui fait vraiment du Bien.

Maria Usbeck

Il y a trois ans on tombait à genoux devant la new-wave fragile et ténébreuse de Selebrities. Et plus particulièrement sous le charme de la voix cristalline de leur chanteuse Maria Usbeck.

Depuis 2013, notre sirène a fait du chemin. Après un long périple effectué au fil des mois entre Buenos Aires, Santiago du Chili, l’Equateur, le Costa Rica, Barcelone, Lisbonne, l’Ile de Pâques, la Floride, L.A et Brooklyn, Maria Usbeck a pris tout son temps pour écrire les chansons de son premier album solo. Baptisé Amparo et co-produit par Caroline Polachek (Chairlift), il sort le 27 mai prochain conjointement chez Cascine (Korallreven, Shine 2009) et Labrador (The Mary Onettes, The Radio Dept). On en connait déjà deux extraits : Moai Y Yo et surtout le soyeux Uno De Tus Ojos.

C’est vraiment une chanson pas comme les autres. Bâtie sur une trame de petites touches de notes éparses, ici des échos de harpe, là des accords évanescents de synthés, soutenus par des roulements de percussions et une basse très aérienne, Uno De Tus Ojos relève plus du songe et de la méditation que de la pop classique. On pense aux mélodies de fée de Kate Bush ou de Bjork période Venus As A Boy et à leurs moments d’épiphanie en apesanteur. Le chant dans son Espagnol natal (elle est d’origine Equatorienne) met en exergue la voix divine de Maria Usbeck, qui intrigue et envoute avec ses mystérieux mantras murmurés en boucle : “una mano, una cruz, un milagro, un sentido ».

L’ensemble de l’album Amparo aborde des thèmes chers à son enfance en Amérique du Sud. C’est un véritable journal de voyage en chansons, écrites en Espagnol, mais aussi dans des langues locales : le Rapa Nui de l’Ile de Pâques, le Quichua en Equateur, le Bribri du Costa Rica et le Catalan. Cette volonté d’authenticité et de retour aux sources se traduit aussi dans le choix des instruments naturels, privilégiés par rapport aux outils électroniques. On entend des marimbas, de la flûte de pan, du xylophone, du piano, et tout un assortiment de percussions exotiques : bongos, timbales, tumbas, maracas, percussions Indiennes. On distingue aussi des enregistrements de sons de la jungle, de la mer, de chants d’oiseaux, effectués par Maria Usbeck elle même.

C’est une symphonie naturaliste d’émotions suspendues, d’une délicatesse infinie, qui se connecte directement sur les sens.

Une télépathie somptueuse et apaisante.

the big moon

« En Avril ne te découvre pas d’un fil ! » Cette expression on la connait. Mais pour nous cette période est plutôt celle où débute la recherche de fraicheur. Ces petites découvertes musicales qui viendront quelques semaines plus tard adoucir et faire baisser la température des jours trop chauds en apportant joie et sérénité.

Cupid, nouveau single des pétroleuses Londoniennes de The Big Moon entre parfaitement dans cette catégorie. Par une répartition bien dosée entre des mélodies irrésistibles et des guitares qui ont dégainé la distorsion et monté les décibels, les petites Anglaises ont trouvé la recette parfaite. Le résultat est un hymne estival digne de Pixies ou Weezer qu’on devrait entendre un peu partout dans les semaines qui viennent. Cupid respire la joie de vivre, l’audace et le plaisir de jouer ensemble sans se prendre la tête. Une urgence et une euphorie qui font vraiment du bien.

The Big Moon est un quatuor exclusivement féminin, apparu en avril 2015 avec deux titres, l’électrique et nerveux Eureka Moment et la pop à tiroirs de Sucker, suivis 6 mois après par The Road et Nothing Without You. Juliette Jackson (chant guitare), Soph Nathan (guitare), Celia Archer (basse) et Fern Ford (drums) se font aussi vite remarquer par l’énergie déployée lors de leurs concerts, en particulier lors de nombreuses premières parties (Maccabees, Inheaven, Ezra Furman, The Vaccines).

Cupid est le premier titre paru depuis leur récente signature sur le label Fiction. Chaleureusement accueilli, il est notamment nommé Track of the Week sur Vevo, ce titre constitue un sacré pas en avant pour The Big Moon. L’album devrait suivre dans les mois qui viennent. Mais pour l’instant place à la scène où on les retrouvera en compagnie de The Mystery Jets, et ensuite pour une tournée Anglaise qui durera tout l’été.

L’actualité est la publication toute récente de la vidéo de Cupid, courageuse et hilarante, dans laquelle elles s’en prennent littéralement plein la tronche …