16 ans ! C’est l’interminable et périlleux tunnel de silence traversé par The Avalanches, qui aurait pu les faire totalement oublier. Mais finalement c’est plutôt l’inverse qui s’est produit. Cette longue mise en veille les a fait accéder au statut rare de groupe culte.
En 2000, certains d’entre vous n’étaient même pas nés. Petite révision donc : avec l’album Since I Left You, le collectif Australien, originaire de Melbourne, mettait à mal toutes les règles de la musique électro et des DJ. Eux abordaient la discipline dans un style complètement décalé, extravagant, drôle, mais aussi terriblement rêveur et poétique. Osant les pires audaces de sampling et de mix (3500 samples auraient été utilisés pour l’album), ils n’hésitaient pas à puiser dans leur malle au trésor de crate-diggers pour associer des bandes originales de films surannés à la pop Française des 60’s, la sex-music des 70’s, la bossa-nova Brésilienne, les duos de comiques des années 40 ou la dance-music New Yorkaise et le rap des années 80.
Le résultat de ce délire créatif est un univers qui oscille entre le givré déconneur (Frontier Psychiatrist, le bien nommé) et la dance avec envolées romantiques (l’inégalé Since I Left You). Un monde musical tellement à part qu’il est devenu au fils des années (des siècles …) une référence essentielle. L’album figure maintenant dans quasiment tous les classements des meilleurs disques des années 2000 et régulièrement dans la liste des meilleurs de tous les temps.
Alors quand on apprend que 2016 est l’année de leur retour, forcément c’est le grand frisson et une attente incroyable. Les trois membres restants, Robbie Chater, Tony Di Blasi, et James Dela Cruz on travaillé plusieurs années pour parvenir à Wildflower, leur deuxième album. Depuis dix ans, il est régulièrement annoncé, puis différé. Mais cette fois c’est la bonne. Il arrive pour 2016, le 8 juillet précisément, précédé d’un premier single, Frankie Sinatra. C’est un disque dense, constitué de 22 morceaux, enrichi de multiples collaborations. On retrouve Danny Brown, MF DOOM, Father John Misty, Toro Y Moi, Jennifer Herrema, Camp Lo, Biz Markie, Warren Ellis, et Jonathan Donahue (de Mercury Rev). D’autres invités, comme Jens Lekman, Connan Mockasin, August Darnell (Kid Creole) et Luke Steele (Empire Of The Sun) ont participé à certains titres, mais finalement non retenus pour l’album.
L’idée générale de ce disque est de capter l’ambiance musicale d’un road trip imaginaire à travers les grands espaces Australiens, l’état d’esprit d’adolescents en virée en voiture avec un pack de bière au frais sur la banquette arrière.
Une ambiance qu’on ressent bien en découvrant Frankie Sinatra. Construit à partir d’un sample de « Bobby Sox Idol« , un titre du chanteur de calypso Wilmoth Houdini dans les années 40, il bénéficie des voix de Danny Brown et MF Doom. C’est une chanson déjantée et grinçante, assez proche de l’univers de Frontier Psychiatrist, qui se révèle particulièrement addictive, et nous emmène dans un monde de freaks fréquenté par Gorillaz, Tom Waits et Animal Collective.
Vivement l’album !
Pour être complet, voici l’intégralité du track-listing de Wildflower, avec ses différents featurings
1. « The Leaves Were Falling »
2. « Because I’m Me »
3. « Frankie Sinatra » (featuring Danny Brown & MF Doom)
4. « Subways »
5. « Going Home »
6. « If I Was a Folkstar » (featuring Toro y Moi)
7. « Colours » (featuring Jonathan Donahue)
8. « Zap! »
9. « The Noisy Eater » (featuring Biz Markie & Jean-Michel Bernard)
10. « Wildflower »
11. « Harmony »
12. « Live a Lifetime Love »
13. « Park Music »
14. « Livin’ Underwater (Is Something Wild) »
15. « The Wozard of Iz » (featuring Danny Brown)
16. « Over the Turnstiles »
17. « Sunshine »
18. « Light Up »
19. « Kaleidoscope Lovers »
20. « Stepkids » (featuring Jennifer Herrema & Warren Ellis)
21. « Saturday Night Inside Out » (featuring Father John Misty & David Berman)
22. « Frankie Sinatra (Extended Mix) » (Bonus Track)