Zistor

damien jurado

Il est grand temps de vous parler de Damien Jurado. D’abord parce que Visions Of Us On The Land, son nouvel album, est paru depuis déjà un mois. Et surtout car cet artiste hors norme fait partie de notre univers depuis plusieurs années et s’est installé confortablement depuis longtemps dans nos play-lists.

Ses chansons ne sont pourtant pas d’un accès si immédiat. Trois singles auront été nécessaires pour faire de Visions Of Us On The Land un disque indispensable. Le très cinématique Exit 353, avait joué les éclaireurs en décembre en ouvrant sur de grands espaces de pop psychédélique et panoramique . Puis Lon Bella il y a un mois et Qachina tout récemment ont fini de nous séduire. Damien Jurado a signé là un très bel album aux confins d’un monde musical original, qui raconte de drôles d’histoires déguisées en symphonies pop folk épiques et étranges.

Il n’en est pas à son coup d’essai. Apparu sur les scènes de Seattle dans les années 90, Damien Jurado s’y distinguait en jouant un folk acoustique lo-fi au moment où régnaient sans partage la furie et les décibels du grunge. Et quand, dans la deuxième partie des années 2000, tout le monde s’était mis au folk-indé, lui émigrait alors vers d’autres horizons. Avec l’album Saint Bartlett en 2010, il électrisait sa palette sonore et ajoutait une section rythmique pour concocter des chansons nettement plus pop et dansantes. Et surtout, à partir du disque suivant en 2012, il donnait libre cours à son imagination et libérait sa créativité en bâtissant un monde musical à part, avec des personnages étranges vivant dans la ville de Maraqopa, nom donné à cet album. En 2014, Brothers And Sisters Of The Eternal Son en constituait la suite. Et Visions Of Us On The Land referme aujourd’hui ce qu’il faut bien appeler une trilogie.

C’est un voyage dans un territoire Américain fantasmé, poétique et nourri de science fiction et de religion, à l’image des chœurs d’églises, des orgues et des cordes qui retentissent tout au long de cet album. L’ensemble est harmonieux, mais sombre amère et nostalgique.

Une invitation réussie à un intense voyage intérieur.

Visions Of Us On The Land est sorti le 18 avril chez Secretly Canadian.

Parquet-Courts

Incroyable ! Human Performance, le nouvel album de Parquet Courts est classé cette semaine dans les trois meilleures ventes d’albums…

Franchement qui aurait prédit une telle reconnaissance il y a trois ans seulement, quand on découvrait alors pour la première fois le rock tendu et écorché des New Yorkais ? Que de chemin parcouru …

Désormais signés parle label mythique Anglais Rough Trade, Parquet Courts publient Human Performance, leur troisième album. Il a été enregistré sur une longue période d’un an, ce qui change de l’urgence avec laquelle les premiers disques avaient été réalisés jusqu’à présent. Conséquence logique, ce nouvel opus recèle moins de sauvagerie et de larsens et nettement plus de détachement et d’humour, à l’image de l’épatant single Dust.

Fortement imprégnées des temps forts et des coups durs de la vie (ruptures, déclics, introspections), les chansons constituent un copieux ensemble de chroniques urbaines, centrées sur leur territoire de New York, dans la lignée des sentiments que Lou Reed et le Velvet Underground suscitaient à la fin des 60’s. Elles s’inscrivent dans un style désormais caractéristique, fait d’un mélange foutraque d’ une multitude d’influences (soul, post-punk, psyché, punk, western, classic-rock, liste non exhaustive …) rendues cohérentes par un song-writing brillant, transpirant d’intelligence et d’émotion.

Et c’est ce qui fait la différence et place Parquet Courts au dessus de la meute. Une force de conviction et une authenticité artistique qui provoquent l’admiration et la ferveur. Le talent de fabriquer des chansons rock éternelles avec des outils inhabituels assemblés avec témérité et insouciance.

Déjà un des disques de l’année 2016. Sans aucun doute.

deakin

Merriweather Post Pavillion constitue en 2009 le sommet de la carrière d’Animal Collective. Cet album d’électro-pop mystique perchée dans les étoiles, leur huitième, avait obtenu la consécration en étant nommé meilleur album de l’année dans bon nombre de gazettes mondiales.

Depuis ce coup d’éclat, les suites ont forcément été un peu moins reluisantes. Centipede Hz en 2012 avait beaucoup surpris et légèrement déçu . Et le tout nouveau Painting With, pourtant vraiment un bon album, a tendance à rebuter les vieux fans du groupe avec une approche nettement plus pop qu’à l’accoutumée. Pas étonnant alors de voir les membres du groupe multiplier les projets personnels, concrétisés dans les albums solo d’Avey Tare en 2010 et 2014 ou de Panda Bear en 2011 et 2015.

Deakin, de son vrai nom Josh Dibb, se situe en retrait de cette effervescence créative. Guitariste initial d’Animal Collective, il avait décidé après avoir joué à « je t’aime moi non plus » avec le trio pendant de longues années de carrément claquer la porte en 2009. Puis de revenir en 2010 avant de disparaitre pour l’enregistrement de Painting With.

C’est donc une petite surprise de le voir surgir à son tour la semaine dernière avec un premier album solo, Sleep Cycle. Ce projet remonte à longtemps puisque Josh Dibb a réuni les fonds nécessaires sur le site de financement participatif KickStarter dès 2009. Le disque est écrit et joué quasiment tout seul. On retrouve très peu d’invités en dehors de la production , confiée à Nicolas Vernhes (The War On Drugs, Deerhunter et … Animal Collective) et à l’ex Spacemen 3 Sonic Boom.

Le premier single est Just Am. Et curieusement on ressent chez lui l’esprit de Merriweather Post Pavillion (auquel Deakin n’avait pas participé). Un long morceau qui déroule patiemment sa trame, dont les boucles s’entremêlent le long d’une progression musicale savamment orchestrée. Josh Dibb chante une mélopée caressante sur une rythmique de synthés extraterrestres. C’est intrigant mais très beau.

Le reste de l’album est disponible en streaming sur le Bandcamp de Deakin.

Mutual Benefit

Impossible de ne pas parler du nouvel album de Mutual Benefit !

Il existe un lien si fort entre notre Musical Box et ce groupe, intimement attaché à notre histoire. On se souvient encore de l’émotion ressentie à l’automne 2013 en découvrant tel un chercheur d’or les premières chansons pépites de Jordan Lee, qui ne figuraient à l’époque que sur un disque vinyl introuvable. Quelques mois plus tard, Love’s Crushing Diamond était fièrement classé dans notre top 10 des meilleurs albums de l’année. Pas que chez nous d’ailleurs, car de prestigieux journalistes rock n’hésitaient pas non plus à récompenser ce disque de folk céleste et bouleversant.

Un peu plus de deux ans après, Mutual Benefit revient. Le nouvel album s’intitule Skip A Sinking Stone et parait le 20 mai chez Mom + Pop /Transgressive. Nettement plus copieux que son prédécesseur, il contiendra 12 titres dont deux déjà sont en ligne, Not For Nothing et Lost Dreamers. L’album a été écrit en deux temps, reproduits comme sur un vinyl à l’ancienne avec une face A et une face B. Une première partie composée sur la route durant la tournée qui a suivi la sortie de Love’s Crushing Diamond, succession d’instantanés et de rêveries « on the road again ». Et la seconde partie date de l’installation de Jordan Lee à New York, avec beaucoup plus de temps devant lui et des moyens matériels de se consacrer pleinement à sa musique.

Ces nouvelles chansons traduisent en tout cas une évolution nette vers plus de professionnalisme, de solidité, de chaleur aussi. Mais certainement pas au détriment de l’émotion et de la sensibilité. Le folk délicat et fragile de Mutual Benefit coule avec fluidité et splendeur, chaque instrument s’installant à sa place avec équilibre et harmonie, qu’il s’agisse des guitares, des cordes, du piano, de la flute, du vibraphone ou des percussions. Le chant de Jordan Lee est d’une grande pureté, tout en douceur et pudeur. Il nous emmène dans des endroits secrets connus par de rares initiés comme Sufjan Stevens ou Nick Drake, là où la musique est un concentré d’émotions pures et une caresse sensuelle et vulnérable.

Jordan Lee nous offre encore un disque qui va compter. Une étincelante symphonie folk.

Beyond The Wizard's Sleeve

Premier exercice : essayer de mémoriser ce nom à rallonge ! On peut vous assurer que l’épreuve est difficile … Un peu comme pour King Gizzard & The Lizard Wizard. A croire que la simple mention du mot Wizard (sorcier) stimule l’imagination !

Et pourtant il ne s’agit que d’un duo, formé par Erol Alkan et Richard Norris. Le premier est une grande figure des musiques actuelles, DJ chypriote installé à Londres, globe trotter de la production et des remixes avec un C.V interminable sur lequel figurent les grands de ce monde : Franz Ferdinand, Daft Punk, MGMT ou Tame Impala par exemple. Le second est un vétéran du rock, pote de feu Joe Strummer de The Clash, qui a connu la gloire avec The Grid, tout en haut de l’affiche dans les 90’s et qui depuis brille en solo comme DJ.

Beyond The Wizard’s Sleeve n’en est pas à son coup d’essai. Le duo sévit depuis 10 ans, essentiellement grâce à sa grande expertise des remixes. Peter Bjorn And John, Midlake, Chemical Brothers ou Goldfrapp sont notamment passés à la moulinette de leurs machines infernales. Mais cette fois il s’agit d’une nouvelle orientation car les Anglais annoncent la sortie d’un véritable album, leur second après The Ark en 2008. Intitulé The Soft Bounce, il paraitra le 1er juillet chez Phantasy (Daniel Avery, Ghost Culture). Le disque, qui contiendra 11 morceaux, accueille des featurings de Blaine Harrison (Mystery Jets), Euros Childs (Gorky’s Zygotic Mynci), Jane Weaver, Holly Miranda, et Hannah Peel (The Magnetic North).

Pour attendre jusqu’à cet été, le premier titre est déjà en ligne : Diagram Girl, accompagné d’une intrigante vidéo en noir et blanc.

Et le charme opère. L’Électro onirique portée par Beyond The Wizard’s Sleeve envoute et séduit : mélopées douces mais glaciales et ensorcelantes (chantées par la voix androgyne d’Hannah Peel), contraste malicieux entre la marche martiale des drums machines et l’apesanteur nuageuse des nappes de claviers. Voilà une chanson à deux étages, facile d’accès mais avec une volonté d’expérimentation, à la fois sophistiquée et universelle.

Une brillante alchimie.

WALL

Voilà un titre qui aurait pu figurer sans choquer dans la nouvelle page « Oldies » de notre beau site relooké !

Guitares dissonantes sur rythme nerveux, lignes de basses qui grondent et chant déchiré et incantatoire. Le genre de tension et d’énergie post punk qu’on aurait pu entendre à New York en 1981… Et pourtant, si Wall provient bien de NYC, il s’agit vraiment d’un groupe tout nouveau. Cuban Cigars est même leur premier single, produit par Austin Brown de Parquet Courts.

Ce quatuor cultive la discrétion et reste en retrait du bouillonnement des réseaux sociaux et de la blogosphère. Pas facile donc de recueillir des infos à leurs sujet. Mais ça n’a pas une grande importance. Leur musique suffit largement à nous convaincre, avec ce son resurgi de la période mythique du post punk. Mais en plus, les New Yorkais ne se contentent pas d’essayer de copier scolairement. Ils réussissent à apporter une fraîcheur et une énergie nouvelles qui enrichissent et élargissent le genre. Cuban Cigars entre en vibration avec Wire, ESG, Bush Tetras, mais aussi B 52’s (la manière de chanter, le son de basse), Devo (le côté arty et perché) et toute la froideur inhospitalière de la No-Wave.

WALL est né quand Elizabeth Skadden (Basse), de retour d’un séjour de trois ans à Berlin, décide de monter un groupe avec sa copine d’enfance Sam York (chant). Elles trouvent des renforts avec la batteuse débutante Vanessa Gomez et le plus expérimenté Vince McClelland, auparavant guitariste au sein du combo 60’s The Keepsies. The Wall E.P est leur tout premier disque. Il est sorti depuis quelques semaines chez Wharf Cat Records.

Cuban Cigars est illustré par une vidéo de Richard Kern, photographe emblématique de l’East Village, connu pour avoir déjà travaillé avec Sonic Youth. Un clip étincelant et corrosif, tout comme leur musique.

Bref le beau début d’une histoire qui semble très prometteuse.

Day Of The Dead 400

Aujourd’hui c’est une page d’Hommage aux Anciens.

Grateful Dead a en effet l’honneur d’être célébré par les frères Dessner de The National sous la forme d’un tribute-album intitulé Day Of The Dead.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les frangins ne font pas les choses à moitié. Il s’agit d’un coffret de reprises composé de cinq disques qui contiennent pas moins de 59 titres et six heures de musique ! Quatre longues années de travail ont été nécessaires à Aaron et Bryce Dessner pour monter ce projet monumental, soutenu par une myriade d’artistes de premier plan. Outre The National logiquement présents, on note la présence de The Flaming Lips, Courtney Barnett, Kurt Vile, TV On The Radio, Real Estate, Grizzly Bear, The War on Drugs et des membres de Sonic Youth et Arcade Fire … Une affiche parfaite et prestigieuse.

La compilation est produite par les deux Dessner. Elle sortira le 20 mai chez 4AD. Mais attention, les bénéfices du disque seront reversés à l’Association à but non lucratif Red Hot, qui aide les victimes du SIDA.

Grateful Dead est devenu un véritable mythe de l’histoire du rock, avec trente années de carrière entre 1965 et 1995, stoppées par la mort de son leader Jerry Garcia d’une crise cardiaque à 53 ans. Le quintet Californien spécialisé dans les expérimentations psychédéliques et sauvages a marqué la culture de plusieurs générations de musiciens. Il suffit de jeter un œil sur la track-list de Day Of The Dead dont nous vous publions l’intégralité un peu plus loin, pour comprendre à quel point l’influence de ce groupe a été majeure.

Mais en attendant pour illustrer cette très belle idée et introduire cet hommage-monument, voici The War On Drugs qui reprennent subtilement Touch Of Grey, un single de Grateful Dead paru en 1987.

Et comme promis voici de la lecture avec la track-list complète de Day Of The Dead !

Thunder (Vol. 1):

01 The War on Drugs: « Touch of Grey »
02 Phosphorescent, Jenny Lewis & Friends: « Sugaree »
03 Jim James & Friends: « Candyman »
04 Moses Sumney, Jenny Lewis & Friends: « Cassidy »
05 Bruce Hornsby and DeYarmond Edison: « Black Muddy River »
06 Ed Droste, Binki Shapiro & Friends: « Loser »
07 The National: « Peggy-O »
08 Kurt Vile and the Violators: « Box of Rain » [ft. J Mascis]
09 Bonnie « Prince » Billy and Friends: « Rubin and Cherise »
10 Perfume Genius, Sharon Van Etten & Friends: « To Lay Me Down »
11 Courtney Barnett: « New Speedway Boogie »
12 Mumford & Sons: « Friend of the Devil »
13 Lucius: « Uncle John’s Band »
14 The Lone Bellow & Friends: « Me and My Uncle »
15 Lee Ranaldo, Lisa Hannigan & Friends: « Mountains of the Moon »
16 Anohni and yMusic: « Black Peter »
17 Bryce Dessner: « Garcia Counterpoint »
18 Daniel Rossen, Christopher Bear and the National: « Terrapin Station (Suite) » [ft. Josh Kaufman, Conrad Doucette, So Percussion and Brooklyn Youth Chorus]
19 Angel Olsen: « Attics of My Life »
20 Wilco and Bob Weir: « St. Stephen (Live) »

Lightning (Vol. 2):

01 Bonnie « Prince » Billy: « If I Had the World to Give »
02 Phosphorescent & Friends: « Standing on the Moon »
03 Charles Bradley and Menahan Street Band: « Cumberland Blues »
04 Tallest Man on Earth & Friends: « Ship of Fools »
05 Bonnie « Prince » Billy & Friends: « Bird Song »
06 The National: « Morning Dew »
07 Marijuana Deathsquads: « Truckin' »
08 Cass McCombs, Joe Russo & Friends: « Dark Star »
09 Nightfall of Diamonds: « Nightfall of Diamonds »
10 Tim Hecker: « Transitive Refraction Axis for John Oswald »
11 Lucinda Williams & Friends: « Goin’ Down the Road Feeling Bad »
12 Tunde Adebimpe, Lee Ranaldo & Friends: « Playing in the Band »
13 Local Natives: « Stella Blue »
14 Tal National: « Eyes of the World »
15 Bela Fleck: « Help on the Way »
16 Orchestra Baobab: « Franklin’s Tower »
17 Luluc With Xylouris White: « Till the Morning Comes »
18 The Walkmen: « Ripple »
19 Richard Reed Parry with Caroline Shaw and Little Scream: « Brokedown Palace » [ft. Garth Hudson]

Sunshine (Vol. 3):

01 Real Estate: « Here Comes Sunshine »
02 Unknown Mortal Orchestra: « Shakedown Street »
03 Hiss Golden Messenger: « Brown Eyed Woman »
04 This Is the Kit: « Jack-a-Roe »
05 Daniel Rossen and Christopher Bear: « High Time »
06 The Lone Bellow & Friends: « Dire Wolf »
07 Winston Marshall, Kodiak Blue and Shura: « Althea »
08 Orchestra Baobab: « Clementine Jam »
09 Stephen Malkmus and the Jicks: « China Cat Sunflower – I Know You Rider »
10 Bill Callahan: « Easy Wind »
11 Ira Kaplan & Friends: « Wharf Rat »
12 The Rileys (Terry and Gyan Riley): « Estimated Prophet »
13 Man Forever, So Percussion and Oneida: « Drums – Space »
14 Fucked Up: « Cream Puff War »
15 The Flaming Lips: « Dark Star »
16 s t a r g a z e: « What’s Become of the Baby »
17 Vijay Iyer: « King Solomon’s Marbles »
18 Mina Tindle & Friends: « Rosemary »
19 Sam Amidon & Friends: « And We Bid You Goodnight »
20 The National With Bob Weir: « I Know You Rider (live) »

The Magnetic North

Rarement un disque n’aura été aussi près de constituer une Œuvre véritable.

Tout est là. Un sujet sérieux sert de trame à l’album. Prospect Of Skelmersdale de The Magnetic North traite du destin de Skelmersdale, une ville nouvelle située au nord de Liverpool, bâtie en 1961 sur ce qui restait d’une petite ville minière pour accueillir en masse et dans l’urgence la population banlieusarde d’un Liverpool saturé dans la période d’après guerre. Ruinée par la crise économique de la fin des 70’s et des années Thatcher, Skelmersdale devient en vingt ans une ville fantôme vidée de ses habitants. Mais étonnamment elle retrouve ensuite une nouvelle jeunesse avec le Mouvement pour la Méditation Transcendantale qui la choisit pour sa situation géographique idéale, car plutôt centrale, et en fait son quartier général. La ville devient le « village Maharishi » modèle, avec son dôme de méditation doré et se met à attirer des familles qui viennent y chercher la paix et la sérénité. Ce disque raconte ainsi l’histoire de la ville et de ses habitants. Il est construit avec cohérence, avec un début, un milieu et une fin.

Musicalement aussi cet album fait œuvre. Car les incroyables chansons de The Magnetic North constituent d’authentiques symphonies de poche, glissant en douceur du folk à la musique contemporaine, du médiéval à l’électro, de la pop à la bande son de cinéma. Elles entrainent l’auditeur dans un somptueux voyage onirique, hanté par des mélodies fantomatiques, charmé par des airs célestes. C’est étonnant et bouleversant. La densité du song-writing est sculpturale, et révèle une créativité sidérante.

Les géniaux artisans de ce chef d’œuvre hors norme sont Erland Cooper et Simon Tong, tous deux membres de Erland & The Carnival et la chanteuse Irlandaise Hannah Peel. Prospect Of Skelmersdale est leur second album. Il vient de paraitre chez Full Time Hobby.

Pour le découvrir, il y a deux chemin d’accès. Le tout public avec l’écoute du single Signs :

Et l’autre itinéraire, plus exigeant, pour les esprits curieux et pas pressés, avec le streaming complet de l’album. 42’37 d’escapade dans un autre monde. Merveilleux.

Pet Shop Boys

Franchement : est-ce que célébrer les Pet Shop Boys en 2016 a encore un sens ?

Plus que jamais…

A une époque où le vintage de la synthpop des 80’s est revenu à la mode, mais aussi où les illuminés de l’obscurantisme voudraient nous faire renoncer à l’hédonisme et au bonheur d’une communauté festive, le retour des Pet Shop Boys apporte une réponse nette : Fuck Off !

Oubliées dans le même temps les expérimentations sonores de laboratoire et la branlette de chambrette pleurnicharde de jeunes padawans musiciens. On parle ici d’une musique planétaire, œcuménique, destinée à faire briller les paillettes et titiller les glandes sudoripares et sexuelles.

Riches de douze albums, Neil Tennant et Chris Lowe ont étonnamment gardé le charme et la fraicheur de leurs débuts, malgré trente années de carrière passées confortablement vautrés sur le trône au sommet des Charts. Il s’agit tout de même d’un groupe qui a vendu plus de 50 millions d’albums, fait danser plusieurs générations de noctambules avec West End Girls ou It’s A Sin et signé avec Go West un hymne encore repris aujourd’hui dans les stades du monde entier , inspiré des centaines (milliers ?) d’autres artistes et servi de bande son à des millions de rencontres amoureuses (et plus si affinités …).

Ils reviennent une fois de plus avec leur dance-pop dégoulinante de sucre, une électro lourde et archi-convenue. Mais on s’en tape… Il suffit d’enfiler une tenue légère et de partir avec eux pour s’embarquer dans une errance nocturne jusqu’à pas d’heure.

Super, le bien nommé, est leur 13ème album. Produit par Stuart Price (Killers, New Order, Everything Evrything), il sort le 1er Avril. Au menu des recettes immuables et éprouvées : drums machines qui pilonnent, claviers rutilants , voix mielleuses et mélodies enfantines irrésistibles.

Ecoutez par exemple la tuerie The Pop Kids. Très (trop ?) proche de West End Girls elle va conquérir d’ici peu les dance-floors du printemps. Une chanson dansante mais pleine de fragilité et de nostalgie, et qui en plus apporte la conclusion définitive à nos questions :

« Oh I Like it Here, Oh I Love It, Oh I am Never Going Home ».

Minor Victories

Le « Supergroupe » est une invention particulière du rock. Ce concept fumeux vise à rassembler pour des raisons souvent promotionnelles et parfois artistiques des musiciens déjà célèbres au sein d’un nouveau projet parallèle. Et franchement le résultat s’avère beaucoup plus souvent raté que réussi. On ne peut vraiment pas dire que les Supergroupes aient marqué l’histoire du rock. Pour quelques succès comme Foo Fighters, Cream ou Breeders, combien de boulets et naufrages oubliés à tout jamais ? Qui se souvient par exemple de The Powerstation (Robert Palmer, 1 Chic et 2 Duran Duran), des Neurotic Outsiders (1 Sex Pistol, 1 Guns n’Roses, 1 The Cult, 1 Duran Duran) ou de Ataxia (2 Red Hot CHilli Peppers et 1 Fugazi) ?

L’idée est même plutôt passée de mode aujourd’hui, à une époque où les collaborations et les featurings se multiplient et où le crossover est devenu une règle artistique, chacun n’hésitant pas à s’inviter sur les disques des uns et des autres .

C’est donc d’une oreille méfiante qu’on s’intéresse à Minor Victories, qui renoue avec l’histoire des Supergroupes. Il suffit de détailler le line-up pour en mesurer le poids. Rachel Goswell de Slowdive au chant, Stuart Brathwaite de Mogwai et Justin Lockey d’Editors jouent les guitares. Du très lourd ! Le tout renforcé en plus par le vidéaste James Lockey à la basse, et des collaborations de Mark Koselek (Sun Kil Moon) et James Graham de Twilight Sad. Leur premier album est annoncé pour le 3 juin (Fat Possum et PIAS) et on en découvre le premier single A Hundred Ropes.

Et finalement, c’est une très bonne surprise ! Visuelle d’abord, avec cet un intrigant clip (de James Lockey) qui détourne en la ralentissant à l’extrême, l’attaque magnifique de samouraïs surgissant d’un champ d’herbes hautes. Surprise musicale aussi car A Hundred Ropes est un excellent morceau qui se déploie autour de la toujours saisissante voix de Rachel Goswell, tabassée par des rythmes motoriques et orchestrée autour de nappes de cordes et de synthés.

Un beau spécimen de synth -pop épique et futuriste qui nous réconcilie avec la formule du Supergroupe … Et qui gagne sa place dans notre play-list.

Sophia

En ces temps d’actualité musicale (un peu) plus calme, c’est le bon moment pour s’intéresser au retour d’artistes qui comptent parmi les valeurs sûres.

Dans le cas de Sophia, on peut même presque parler d’un véritable revenant surgi du passé. Car le silence a duré pas moins de sept ans.

Petit rappel historique : Le trio Californien The God Machine est un des fleurons du noise rock des 90’s. En deux albums en 1993 et 1994, ils se hissent aux côtés de Nirvana, Soundgarden ou Alice In Chains. Hélas la disparition soudaine du bassiste Jimmy Fernandez, emporté par une tumeur cérébrale, met une fin définitive au groupe. Robin Proper-Sheppard, le chanteur et guitariste se lance alors dans la création d’un label, The Flower Shop Recordings et dans d’autres projets musicaux, The May Queens et surtout Sophia.

C’est sous ce nom qu’il enregistre 5 albums, de Fixed Water en 1996 à There Are No Goodbyes en 2009. Le sommet est atteint en 2004 avec People Are Like Season, un album où rayonne un song-writing délicat et intime, une pop crépusculaire hantée par sa voix déchirante, à l’image du somptueux single et presque tube Oh My Love.

Aujourd’hui, Sophia revient à la lumière de l’actualité, avec l’annonce d’un nouvel album. As We Make Our Way (Unknown Harbours) sort le 15 avril chez The Flower Shop. Il sera suivi d’une grande tournée Européenne. Enregistré à Londres en trio par Robin Proper-Sheppard (chant, guitares, piano, synthés), Sander Verstraete (basse) et Jeff Townsin (drums), il est mixé par Kenny Jones (The Smiths, Marianne Faithfull, Bombay Bicycle Club) et masterisé par Christian Wright (Blur, Radiohead, Franz Ferdinand).

Alors quel sentiment suscitent ces nouvelles chansons ? Réponse évidente : le bonheur ! Celui de retrouver les compositions de Proper-Sheppard à un niveau toujours très élevé. Sophia n’a rien perdu de son charme envoutant. Des chansons poignantes, qui se déploient avec lenteur et majesté, disséminant leur tristesse et leur nostalgie. Il l’annonce lui même : « retour à ce bel univers de tristesse et de chagrin ». Mais on ne perçoit pas non plus dans ce disque que du noir et des larmes. Ces nouveaux morceaux possèdent une force intérieure, une pulsation chaude et lumineuse qui les illumine et nous séduit immédiatement.

Et on se dit alors que le talent ne s’efface vraiment pas malgré les années qui passent. Welcome back Mister Proper-Sheppard !

Keep Up

Encore un passage au rayon découverte de notre Boite Musicale, le temps de vous présenter un très prometteur quatuor Anglais : Keep Up.

Fondé à Norwich, puis émigré à Londres, il regroupe un ancien The Cheek, le guitariste Christian Daniels, associé aux trois ex-The Kabeedies Rory Hill (basse), Fab Bell (drums) et surtout l’énigmatique top-model Evan Jones (chant et guitare).

On apprécie particulièrement chez eux le classicisme rock qui se décline avec une modernité affirmée. Leurs références sont les nôtres : The Velvet Underground, Joy Division, Kurt Vile et The War On Drugs . Mais ils parviennent en plus à instiller dans ce monde musical sombre et désespéré des arrangements nettement plus pop et un écrin sonore éclatant.

Il suffit d’écouter Fear, leur tout premier single, pour se rendre compte du phénomène. Sur une trame rythmique à l’intensité très post-punk (la batterie martelée à la manière de Stephen Morris de New Order, les lignes de basse portées par le fuzz) viennent se greffer des sonorités de guitares plus évanescentes, superbes, travaillées par des pédales d’effets expressifs. Keep Up parvient à tisser une toile sonore intrigante, originale et résolument moderne, hantée par la belle voix grave d’Evan Jones, impressionnante de maturité et de séduction.

Leur premier E.P quatre titres sort le 29 avril chez Wild Dog Records.

En plus de Fear, le groupe vient de mettre en ligne un deuxième titre, A Ride. Ne boudons pas notre plaisir de découvrir cette nouvelle excellente chanson.

Keep Up rejoint ainsi brillamment notre play-list. Une étincelante révélation.

Jealous Of The Birds

Qui aurait parié qu’un jour on entendrait dans notre play-list des sifflements d’hirondelle ?

Et pourtant, dans cette programmation dominée par la distorsion des guitares et la mécanique des beats electro, c’est le moment d’accueillir aujourd’hui Jealous Of The Birds.

Rarement un nom aura été aussi bien choisi. Car ce sont bien des sifflotements doux et aériens qu’on entend dans Goji Berry Sunset, le ravissant premier single qui vient de sortir.

Naomi Hamilton est la jeune femme qui se cache derrière ce projet. Basée dans le Comté d’Armagh, en Irlande du Nord, elle compose, chante et joue de tous les instruments. Elle se fait connaitre en 2015 de la scène urban-folk en sortant sur Bandcamp un E.P 7 titres, Capricorn, qui s’inscrit dans le digne héritage de Alela Diane, Moldy Peaches ou Cat Power. Pour son premier album, Parma Violets, elle fait évoluer son folk en lui ajoutant une bonne dose d’électricité, pour venir l’asseoir « entre indie-folk introspectif et post-punk incandescent ». Le disque sort le 6 mai.

En attendant, on découvre le premier extrait Goji Berry Sunset. Quelques arpèges joués à la guitare en picking, un petit gimmick siffloté au passage et des harmonies vocales belles à pleurer. Il n’en faut pas plus pour créer une chanson bouleversante en moins de trois minutes. Un grand moment de pop acoustique qui rejoindra peut-être un jour le Beep Beep Song de Simone White ou le Go Ahead de Rilo Kiley pour servir de musique de publicités pour voitures de luxe, synonyme de consécration planétaire et financière.

Ou pas. Et dans ce cas on gardera égoïstement pour nous le souvenir ému de cette folk-song adorable. De cette voix délicate qui susurre à l’oreille des confidences intimes. Rien que pour nous.

Le clip est lui aussi parfait : une église déserte, un magnétophone à cassette, et une punkette qui s’installe sur un vieux trône pour murmurer sa chanson. Une ambiance nostalgique et amère qui colle idéalement à la musique. A savourer.

mitski

Son nom semble annoncer une musique à base de K-pop ou de RnB Japonais. Et bien non !
Perdu ! Mitski Miyawaki est une New Yorkaise qui publie une chanson pop-rock fragile et bouleversante.

Écoutez bien Your Best American Girl, premier single extrait de Puberty 2, son prochain album à paraitre en juin. Laissez vous porter par la lente montée en intensité de cette chanson. Une intro évaporée, amenée en douceur par des petites touches de guitare acoustique et de synthés, murmurée d’une voix enfantine, fait place à un crescendo en côte douce jusqu’au refrain. Là, les vannes s’ouvrent, et des accords de guitares punk surgissent, saturés par le feed-back, pendant que la voix atteint des sommets de puissance et de beauté. On pense à la délicatesse de Chan Marshall, au lyrisme noir de Sinead O’Connor. Le chaos sonore n’écrase à aucun moment la mélodie poignante de cette chanson d’amour qui finit mal. C’est somptueux.

Âgée de 25 ans, Mitski est d’origine Japonaise et à beaucoup bourlingué (R.D.Congo, Malaisie, Chine et Turquie) avant de s’installer à Brooklyn. Après deux albums auto-produits elle attire l’attention en 2014 avec Bury Me At Makeout Creek, un disque qui lui vaut d’être désignée parmi les grands espoirs U.S par Pitchfork et Rolling Stone.

Chanteuse et compositrice, elle reprend ses instruments et son micro pour Puberty 2, en essayant de progresser encore. Le son est plus travaillé, avec l’adjonction de drum-machines électroniques, d’un jeu de guitares plus musclé inspiré par The Pixies, et même d’un peu de saxophone… Du côté des textes, ses sujets de prédilection restent très féministes et engagés, dans la droite ligne de Mia qu’elle cite comme modèle.

Belle découverte d’une artiste pas comme les autres …

Puberty 2, album 11 titres, sort le 17 juin chez Dead Oceans, label dont on a déjà accueilli avec plaisir dans nos chroniques Strand Of Oaks et Kevin Morby.

Mind Spiders

Illustration aujourd’hui du principe d’alternance qui structure nos chroniques : l’agilité de passer de l’actualité d’artistes majeurs à la découverte de musiciens plutôt méconnus , le tout évidemment avec un plaisir égal.

Mind Spiders est ce genre de découverte. Leur dernier single Cold est accueilli au sein de notre play-list avec autant de fierté que le dernier Kills ou PJ Harvey.

C’est un quartet texan, mais chez eux pas d’harmonica ni de guitare folk déglinguée de cowboy. Ils sont plutôt experts dans l’élaboration d’un mur du son à coup de guitares sculptées par les pédales d’effet. Cold est un gigantesque incendie post-punk qui illumine de ses flammes bleutées l’obscurité de la pop onirique. En un peu plus de 3 minutes, on est ébloui par le rideau de flammes des guitares incandescentes attisées par le courant d’air du sprint de la rythmique basse-batterie et dans lesquelles se consume une voix de fausset éraillée qui gémit des phrases incompréhensibles. Électrochoc garanti, mais avec en plus un aspect accrocheur, irrésistible.

Mind Spinders est apparu en 2011 entre Denton et Fort Worth, fondé par Mark Ryan sur les cendres du groupe punk mythique The Marked Men. Le chanteur-compositeur et guitariste était au départ seul aux commandes, jouant de tous les instruments sur le premier album. Puis un an plus tard pour Meltdown son successeur, il étoffe son backing-band avec un gang de desperados venus du garage-rock : le guitariste Stephen Svacina (Uptown Bums), Daniel Fried à la basse ( Bad Sports et Wax Museums), le clavier Peter Salisbury (Baptist Generals), et surtout la particularité de deux batteurs qui jouent ensemble (Mike Throneberry de the Marked Men et Gregory Rutherford de High Tension Wires). Enfin, en 2013 pour Inhumanistic, son troisième album en trois ans, le groupe se constitue en quartet avec Mark Ryan, Mike Throneberry, Daniel Fried et Peter Salisbury. C’est le line-up actuel.

Mind Spiders publient demain leur quatrième intitulé Prosthesis. Composé de huit titres, il a été enregistré à la maison, dans le tout nouveau home studio de Mark Ryan. C’est un beau déluge de décibels et de mélodies aux confins du psychédélique, du garage, de la science-fiction et du post punk.

Un no man’s land difficile à imaginer…

Sortie le 12 mars chez Dirtnap Records.

The Kills

Photo : Kenneth Cappello

Le grand retour de The Kills ! Voilà une nouvelle qui va faire étinceler de plaisir les regards et électriser les neurones des uns et des autres…

Car il s’agit là d’un groupe majeur . En quatre albums, Alison Mosshart et Jamie Ince sont parvenus à marquer définitivement de leur empreinte les quinze dernières années passées. Et en réalisant un sans faute en plus . Car aucun de leurs disques n’a été loupé ni décevant, même si, bien sûr, chacun d’entre nous a sa préférence pour telle ou telle période (la première en ce qui me concerne), Le duo a su tout au long de sa carrière évoluer avec une volonté infaillible de ne jamais chercher à refaire le même disque. Chaque opus est différent du précédent et reflète une lente et irrésistible maturation du groupe depuis les incantations et les guitares sauvages de Keep On Your Mean Side en 2003 jusqu’aux beats des cavernes et l’expressionnisme de Blood Pressures en 2011.

C’est encore le cas avec leur cinquième album. Baptisé Ash & Ice, il sort le 3 juin chez Domino. En avant première, on découvre son premier single, l’impressionnant Doing It To Death. Cinq ans après Blood Pressures, il annonce une nouvelle évolution des Kills. C’est un morceau assez lent, très épuré et pourtant intense, chanté avec une ferveur ardente par Alison, plus que jamais proche de ses vocaux blues-rock de Dead Weather. Son acolyte assure une poignante deuxième voix. On découvre des arrangements électroniques discrets qui viennent souligner le riff tueur joué à la guitare par Jamie. Il faut dire que le malheureux a du repenser totalement sa technique de guitariste après avoir subi récemment de multiples interventions chirurgicales au niveau des mains.

C’est même lors de la convalescence qui a suivi que sont nées les premières notes des chansons de Ash & Ice, écrites par Jamie au cours d’un long voyage en solitaire à bord du Transsibérien. Alison complètera avec des textes écrits chez elle à Nashville, nourris de poésie, d’amour romantique ou cruel, et donc pleins de sentiments et d’émotions. Plutôt surprenant pour un duo qui nous avait habitué à des chansons hantées par la colère et le dénuement. Surprenante aussi, la décision d’enregistrer à Los Angeles et New York, avec d’énormes moyens humains à la production : l’album est produit par Jamie Hince et co-produit par John O’Mahony (Metric, The Cribs), mixé par Tom Elmhirst (Adele, Arcade Fire, Amy Winehouse) et Tchad Blake (Black Keys, Arctic Monkeys). Une ambiance de dream team …

Ash & Ice contient 13 titres dont voici la liste :

01. Doing It To Death
02. Heart Of A Dog
03. Hard Habit To Break
04. Bitter Fruit
05. Days Of Why And How
06. Let It Drop
07. Hum For Your Buzz
08. Siberian Nights
09. That Love
10. Impossible Tracks
11. Black Tar
12. Echo Home
13. Whirling Eye

Sa sortie sera précédée d’une grande tournée mondiale au printemps, qui passera forcément pas très loin de chez vous. A ne pas manquer quand on connait la haute qualité de leurs concerts incendiaires.

The Kills sont de retour. Merci et bienvenue !

White Lung

Photo: Rick Rodney

Si cette récompense existait dans The Musical Box, on aurait sans hésitation fait de White Lung notre Single de la Semaine. Hungry est une chanson vitaminée, fédératrice et franchement séduisante.

C’est le nouveau single du trio Canadien, basé à Vancouver, constitué de deux filles Anne-Marie Vassiliou (drums) et Mish Barber-Way (chant) et un garçon Kenneth Williams (guitare). Ils s’apprêtent à sortir leur quatrième album, successeur du très remarqué et intense Deep Fantasy, qui s’était classé en 2014 dans les 100 meilleurs disques de l’année (à la 84ème place, juste devant Christine And The Queens …). Produit par Lars Stalfors (HEALTH, Cold War Kids), Paradise sortira le 6 mai chez Domino. Enregistré à Los Angeles en moins d’un mois, il ne devrait pas trahir le principe fondateur du groupe : jouer très vite un punk-rock incendiaire mais plein de classe. D’ailleurs la durée totale du disque est annoncée à 28 minutes en tout pour 10 morceaux , ce qui laisse prévoir un redoutable concentré d’énergie sonore.

Pourtant Hungry, le premier single, semble étonnamment pop et plus facile d’accès. L’urgence rythmique est certes toujours omniprésente (tempo à 180 bpm, splashs de cymbales, basse qui gronde), mais les émotions pointent sous les effets très compressés des guitares, dans les mélodies tristes et poignantes chantées à deux voix, dont celle de quasi petite fille de Mish Barber-Way. A la fois touchant et terriblement rock. Un aspect qui illustre la volonté du groupe d’évoluer, de progresser en améliorant notamment la qualité de son écriture musicale .

Souvent comparés à des groupes du passé (Hole, Babes In Toyland, L 7), White Lung dévoilent avec Hungry une modernité plus contemporaine, bien dans l’esprit de 2016, se rapprochant par exemple de Wolf Alice, qui fait triompher l’intensité des sentiments sur celle des décibels, mais sans sacrifier pour autant la puissance et l’efficacité.

La beauté d’une tempête, en quelque sorte …

whitney

Un petit moment de douceur … C’est une tradition dans notre Musical Box. On apprécie ces instants de parenthèse musicale qui permettent de ralentir le tempo et d’oublier la frénésie du quotidien. Ici ou par exemple.

Cette fois c’est Whitney qui nous apporte sérénité et apaisement. Après une intro discrète au piano Rhodes et à la trompette, No Woman glisse en douceur sur un tapis d’arpèges de guitares, un matelas de nappes de cordes et les volutes d’un chant en falsetto tendre et mélancolique. Quatre minutes de songe musical, de nostalgie sépia et de recueillement qui font vraiment du bien.

C’est Julien Ehrlich (batteur et chanteur, ex Unknown Mortal Orchestra) et Max Kakacek (guitariste) qu’il faut remercier pour cette merveille. Après la séparation des regrettés Smith Westerns fin 2014, tous deux ont quitté Chicago pour aller vivre à Los Angeles et fonder Whitney.

L’excellent label Secretly Canadian (en partenariat avec Lead Riders) à ouvert ses portes en grand pour accueillir leur country-rock délicat et décalé, qui évoque des tas de souvenirs agréables. On pense à Neil Young et Bon Iver, aux premiers Midlake, ou encore plus vintage, au trio America, troubadours à succès des années 70. Voire carrément à des références soul, comme par exemple Allen Toussaint, qu’ils reprennent avec Southern Nights.

L’album, enregistré sous forme d’un sextet de musiciens (2 guitares, basse, batterie, cuivres et clavier), est annoncé courant 2016, pour les beaux jours. Encore un disque qui va être attendu avec impatience et espoir, tant la découverte de Whitney semble pleine de promesses.

Pour accompagner No Woman, Hugh Donkin a conçu une vidéo hivernale tournée dans une cabane au fond des bois, imprégnée d’une douce tristesse et de déconnade masculine. Autour du feu de bois, ambiance bière et lancer de tomahawk. No Woman on vous disait …

Kevin Morby

Woods est quasiment un groupe culte. Salué par les aficionados rock les plus exigeants, vénéré par un fan club d’adorateurs, mais resté confidentiel malgré 9 albums studio depuis 2006, le quintet de Brooklyn s’est installé en expert hors norme d’une pop folk délicate et somptueuse.

Kevin Morby est l’ex bassiste de Woods. Il a quitté le groupe en 2013. Depuis son départ il a sorti deux albums, Harlem River à la fin 2013 et Still Life en octobre 2014, tous deux chez Woodsist, le label créé par ses anciens partenaires de Woods. On le retrouve en plus chez The Babies, un side-project qu’il a mené avec Cassie Ramone des Vivian Girls, et qui avait squatté notre play list avec l’excellent Moonlight Mile en 2012.

Kevin Morby revient pointer son nez dans les lumières de l’actualité avec l’annonce de son troisième opus, Singing Saw, prévu en avril, et la découverte d’un premier single : I’ve been To The Mountain.

Chez lui, les sujets abordés dans les chansons sont souvent sérieux et graves. C’est encore le cas ici : I’ve Been To The Mountain aborde la mort de Eric Garner, noir Américain qui succomba à une interpellation policière musclée en juillet 2014. Il était âgé de 44 ans et père de six enfants. Sa violente disparition et l’impunité des policiers déclencha des manifestations anti-racistes dans tous les Etats Unis.

Kevin Morby ne prend pas de gant pour aborder le sujet : « That man lived in this town/ ‘Til that pig took him down. » chante-t-il de sa voix solennelle soulignée par la reverb. Et pourtant il y a quelque chose de festif dans cette chanson. La guitare et la basse jouent un genre de reggae lent sur lequel apparaissent au bout de 2 minutes des chœurs gospel tombés du ciel (les voix de Hannah Cohen, Lauren Balthrop, et Alecia Chakour) , puis un riff endiablé et groovy de guitare. La musique se développe progressivement et prend son ampleur, celle d’un hymne accrocheur et très réussi.

Une chanson engagée et éclatante de talent.

Singing Saw a été enregistré à Los Angeles, où vit désormais Kevin Morby. C’est d’ailleurs dans sa nouvelle maison à Mount Washington qu’il a récupéré un piano droit laissé par les précédents occupants, sur lequel il a appris à jouer, avant d’écrire la plupart des chansons de l’album sur ce piano et à sa guitare. Le disque est produit et arrangé par Sam Cohen. On y retrouve Nick Kinsey, le batteur d’Elvis Perkins, John Andrews de Quilt, et une multitude d’instruments accueillis à bras ouverts : violons, percussions, saxophone, flûte et même une trompette …

Sortie le 15 avril chez Dead Oceans.

School Of Seven Bells

Ce n’est pas un disque comme les autres. Loin de là ! SVIIB est le nouvel album et certainement le dernier de School Of Seven Bells.

Le duo New Yorkais a connu l’horreur en décembre 2013 : la disparition de Benjamin Curtis (guitare, synthés), à 35 ans, après des mois de lutte contre un lymphome à cellules T, une saloperie de maladie rare. Restée toute seule aux commandes, Alejandra Deheza (chant, guitare) a pris la décision de continuer à travailler sur les titres qui avaient déjà été enregistrés en studio et donner corps à ces chansons dans une sorte d’album épitaphe. Elle est donc partie à l’autre bout des USA, à Los Angeles, pour finir les enregistrements et le mixage avec le producteur Justin Meldal-Johnsen. Un travail long, douloureux, pour lequel forcément les mauvaises langues et les fans de Curtis vont hurler à la trahison, comme souvent dans ce cas. Mais en vain cette fois, car Alejandra Deheza a décidé d’effectuer cette démarche artistique comme un hommage, dans le plus grand respect de son collègue. D’une forte volonté et rempli d’émotions, ce projet apparait d’une grande sincérité quand on connait les liens très intenses qui unissaient les deux, profondément amis dans la vie après avoir été amoureux quelques années auparavant. « SVIIB is a love letter from start to finish » déclare Alejandra sur son site officiel.

SVIIB sort demain chez Vagrant Records. On a découvert différents titres au fur et à mesure de l’hiver : Open Your Eyes, On My Heart, puis maintenant le très beau Ablaze. Un hymne accrocheur, grand format d’electro-rock étincelant et délicat.

On accueille ici avec beaucoup d’émotion ce quatrième opus. Rappelons brièvement que The Musical Box a toujours suivi de près le groupe. Avant l’existence de notre site même, puisque Alpinism nous avait secoué dès 2008, quand School Of Seven Bells était encore un trio (avec Claudia Deheza, la sœur jumelle d’Alejandra) et l’un des premiers à ressusciter le shoegaze dans une pop onirique et moderne. Bien avant la dernière tendance actuelle…

Finalement, ces huit années de carrière auront été exemplaires en dépit d’une pluie de malheurs. Et elles se referment aujourd’hui avec ce dernier chapitre. Fin d’une triste mais très belle histoire.

Lush

Depuis quelques mois c’est le sujet qui alimente le buzz et les rumeurs : le grand retour de Lush !

C’est en septembre dernier que le groupe avait annoncé sa re-formation. Pour la première fois depuis 20 ans, Lush va remonter sur une scène. L’heureux évènement se tiendra le 6 mai prochain à la London Roundhouse et sera suivi d’une tournée en fin d’année. Pour émoustiller encore plus leur public, les Anglais ont publié cet hiver chez 4AD Chorus, l’intégrale en coffret-luxe et tirage limité qui contient les trois disques studio, leur première compilation, Gala, une compilation des faces B de leurs singles et un assortiment de raretés.

Et aujourd’hui on entre dans une autre dimension avec la parution de leur premier disque depuis 500(Shake Baby Shake) qui date de 1996. The Blind Spot E.P a été enregistré par Jim Abbyss (Arctic Monkeys) et Daniel Hunt (Ladytron). Composé de quatre titres, il parait le 22 avril chez Edamame, propre label du groupe. Le single est Out Of Control, dont la vidéo est en ligne depuis deux jours.

Il témoigne d’ un étonnant phénomène : les vingt années écoulées n’ont eu aucun effet sur la musique de Lush ! On les retrouve exactement au même point qu’en 1996. Un shoegaze à guitares légères, mélodique. La reverb est omniprésente, notamment sur la voix de Miki Berenyi qui n’a pas varié d’une octave malgré tout ce temps passé. Sur un tempo assez lent les accords de guitares tourbillonnent et s’enchainent de manière audacieuse.

On ne va pas refaire l’histoire complète, mais rappelons que Lush est un quatuor de deux filles aux guitares et au chant, Emma Anderson et Miki Berenyi, et deux garçons, Phil King à la basse et Chris Acland à la batterie. Formé à Londres en 1987, il a connu ses moments de gloire au début des 90’s, grâce à Spooky (1992), Split (1994) et Lovelife (1996), trois albums aussi recommandables les uns que les autres, même si mon préféré est Spooky. Peu de temps après la séparation du groupe, Chris Acland avait mis fin à ses jours. C’est Justin Welch, l’ancien batteur d’ Elastica, qui est venu le remplacer.

Out Of Control, c’est vraiment Back To The Future avec ce son typiquement nineties dont Lush représente un des standards, mais qui est aussi complètement revenu à la une de l’actualité, remis au goût du jour par les jeunes groupes du moment séduits par le shoegaze.

Le come-back de Lush y trouve tout son sens et illustre une fois de plus à quel point le rock est un éternel recommencement et un sacré recyclage.

Heureux de vous retrouver les amis.

operators

On évoque souvent dans nos colonnes la simplicité et la perfection du trio guitare + basse + batterie, structure essentielle et séminale du rock. C’est donc avec ironie mais aussi beaucoup de plaisir qu’il faut vous présenter Operators. Un trio composé d’une batterie, d’une table de mixage multi instruments et d’un clavier …

Ils sont peut-être loin du module de base du rock, mais parviennent à en transmettre l’essentiel : l’urgence, l’énergie et l’émotion brute. Regardez en bas de page leur prestation live et vous serez happés par la tension et l’intensité de ces Canadiens.

Operators est le side-project de Dan Boeckner, membre de Wolf Parade. Depuis la mise en veille de ce groupe, le guitariste-chanteur-claviériste est allé recruter deux nouveaux compagnons de jeu. La mystérieuse multi-instrumentiste Macédonienne Devojka et Sam Brown, le batteur de Divine Fits, autre groupe auquel collabore Dan Boeckner. Il faut ajouter en plus pour la scène Dustin Hawthorne, ancien Hot Hot Heat à la basse.

Le premier single, True, est sorti en Aout 2014, suivi d’une monumentale tournée au Canada et aux USA, avec notamment Future Islands à la même affiche. Operators met l’accent sur la scène, essayant à chaque concert de donner plus d’ampleur et de sauvagerie aux morceaux issus des studios. Blue Wave, le debut-album est prévu au printemps. Il est produit par Graham Walsh d’Holy Fuck, déjà derrière les manettes des épatants Alvvays, de !!! ou de Vietcong.

Cold Light en est le premier single. C’est une chanson très convaincante, à la beauté noire et glaciale. Étincelante pièce de synth-rock, elle conjugue des mélodies déchirantes sur un tempo rapide qui fait résonner une basse des cavernes et une guitare au son sculpté par les pédales d’effets. Et surtout c’est l’épiphanie d’une communion parfaite entre le rock et l’électro, l’énergie sauvage de l’un contaminant l’alchimie du laboratoire sonore de l’autre. Le dance-floor en frémit déjà.

Blue Wave sort le 1er Avril chez Last Gang.

exmagician

Il existe des maisons de disques irréprochables et dont la qualité est tellement garantie qu’on pourrait presque leur confier les yeux fermés les clés des chroniques de notre Musical Box.

Bella Union est de celles-là. Ce label est une construction magnifique de l’ancien Cocteau Twins Simon Raymonde, bâtie pièce par pièce, pépite par pépite, et dont on ne se lasse pas de saluer les nouvelles découvertes. La dernière en date était Promise And The Monster. Mais il ne faut pas oublier non plus Father John Misty, Lanterns On The Lake, Mercury Rev, Landshapes et Pins, pour ne reprendre que nos articles des six derniers mois. Vous l’avez compris Bella Union est une sacrée valeur sûre.

On accueille par conséquent avec curiosité et plaisir Exmagician, la toute nouvelle signature de la maison. C’est un duo qui arrive de Belfast, constitué de deux amis de longue date : Danny Todd et James Smith. Ce ne sont pas tout à fait des inconnus. Membres de Cashier n°9, ils ont connu sous ce nom la consécration en 2011 avec l’album To The Death Of Fun, nommé à l’époque Album de l’Année en Irlande Du Nord lors des Awards nationaux. Depuis le duo est parti voler de ses propres ailes, en publiant chez Bella Union son premier single Kiss That Wealth Goodbye en novembre dernier, qui sera suivi le 25 mars 2016 par l’album Scan The Blue.

La découverte des premières pistes d’Exmagician est un moment revigorant. On apprécie ce psychédélisme très contemporain souligné par les effets de fuzz des guitares confrontées à des spirales de synthés, la déferlante de la tempête rythmique et le chant aux mélodies imparables reprises à plusieurs voix. Voilà du rock. Du vrai, qui sent le cuir et la poussière, la sueur et le sexe. Le garage-rock retrouve une nouvelle incarnation, bousculé par une modernité affirmée. « Notre album » affirment-ils, « c’est les tout premiers Captain Beefheart qui rencontrent Add N To X ». Il fallait oser…

Eux l’ont fait. Et avec un grand talent.

Jessy Lanza

Difficile d’échapper à Jessy Lanza : elle vient de décocher un tir irrésistible avec It Means I Love You, une tuerie de tube qui va marquer de son empreinte les semaines qui viennent.

Elle se situe bien à l’écart des découvertes indie-rock pointues qu’on a pris l’habitude de vous faire partager ici, mais est pourtant parfaitement à sa place dans nos colonnes où ont déjà été célébrées Grimes, Chvrches ou Sia. C’est à ce niveau là qu’il faut la classer. Une pop universelle et œcuménique qui va secouer les dance-floors planétaires, mais qui ne néglige pas pour autant une ambition créative et une attraction profonde pour l’exploration de chemins inconnus.

La Canadienne de l’Ontario Jessy Lanza est apparue en 2013 avec son premier album Pull My Hair Back, suivi l’année dernière du E.P You Never Show Your Love. On découvrait alors une pop dance électro très minimaliste, presque timide, judicieusement produite par Jeremy Greenspan de Junior Boys. Le second album s’appelle Oh No et est annoncé pour le mois de mai. En attendant est publié le single It Means I Love You, objet aujourd’hui de toute notre attention.

C’est un épatant compromis entre une pop groovy et exotique digne du New York des 80’s (Grace Jones , Material, Tom Tom Club) et le meilleur du R&B electro actuel. La progression de la chanson est construite de manière géniale. Au départ, des percus électro et la pulsation de la grosse caisse sur lesquelles résonnent des accords de synthés ultra minimalistes et les incantations de la voix placées très en retrait. Puis tout s’anime petit à petit, le rythme se dédouble en mode tribal, amplifié par des samples et clapping hands façon flamenco. Le chant devient très incarné et proche, doux et charmant, entrainé dans une sarabande mystérieuse, sombre, sereine. Impossible de rester statique et de résister à l’appel à la danse, à la transe. C’est à la fois une chanson très festive et pleine de retenue. L’intelligence du song-writing côtoie la virtuosité de la production.

Une tuerie on vous dit …

Oh No, enregistré à Hamilton au Canada à nouveau par Jeremy Greenspan, sort le 13 mai 2016 chez Hyperdub.

eagulls

A leur tour d’affronter le fameux syndrome du deuxième album…

Eagulls s’apprêtent à sortir courant 2016 le successeur de l’éponyme Eagulls, brillant premier album qui figurait dans le top 100 des bilans de fin d’année 2014. Un disque de post-punk sauvage et incendiaire dont l’urgence et la colère érigeaient alors ce groupe de Leeds en dignes héritiers de My Bloody Valentine ou Killing Joke, dont ils reprenaient d’ailleurs Requiem sur la B-Side de leur single Nerve Endings. Plutôt du lourd donc.

Place désormais à une certaine légèreté. La sortie de Lemontrees, premier single extrait de leur second album, dont le nom n’a pas filtré pour l’instant, surprend par l’évolution très nette du son du groupe vers un monde musical plus hospitalier, moins brut et castagneur. On y entend une basse de cathédrale et des guitares délicates, échappées de la noyade dans la reverb, qui galopent sur un tempo ternaire aérien, tissant des nuages noirs de brume cotonneuse et non plus un mur du son infranchissable comme par le passé. On pense à The Chameleons, à The Cure ou aux Smiths. Le chant de George Mitchell gagne en confiance et en solidité et ose les notes d’un bel hymne épique. Le résultat d’ensemble est immédiatement accessible, convaincant et universel. Voilà une chanson catchy et audacieuse. Un véritable tube (rock quand même …) qu’on aurait jamais imaginé trouver chez eux un jour, et qui souligne l’énorme progrès accompli en deux ans.

Pas de date précise pour l’instant, mais on se prend d’impatience à l’idée de découvrir la suite, qui paraitra chez Partisan Records (Sylvan Esso, Torres).

Eagulls est un quintet de Leeds, fondé en 2009 par le guitariste Mark Goldsworthy et le batteur Henry Ruddel, puis complété ensuite par l’addition du bassiste Tom Kelly et du second guitariste Liam Matthews. Enfin la dernière pièce du puzzle est le chanteur George Mitchell.