Pas facile à classer la jeune fille… La démarche artistique de Torres relève à la fois d’un grand classicisme musical et d’une audace de chercheuse. Un adult-rock enraciné dans la terre Américaine conjugué aux tourbillons éthérés de la pop Anglaise. Une oeuvre arborescente dont le tronc est constitué d’une solide rythmique guitare-basse-batterie traditionnelle et les branches délicatement emmêlées dans un entrelacs d’audaces sonores.
Une chose est sûre en tout cas : on adore ses chansons.
Mackenzie Scott, c’est son vrai nom, a connu une trajectoire plutôt itinérante : une enfance sans histoire passée à Macon en Georgie, nourrie par la religion ; le choc de l’apprentissage de la musique à Nashville, avec les premiers concerts et le premier album en 2013 ; puis le déménagement récent à New York dans l’effervescence urbaine et artistique du quartier de Brooklyn.
Sprinter est son deuxième album. Il nous fait immanquablement penser à PJ Harvey. Car qui mieux que la diva du Dorset a su bâtir cet assemblage parfait d’un son électrique dense allié à la légèreté cotonneuse des effets sonores ?
Mais il y a une autre bonne raison. Pour ce disque Torres est accompagnée par Rob Ellis, producteur et batteur, et par le bassiste Ian Oliver, tous deux musiciens attitrés de PJ Harvey. La dream-team est complétée par Adrian Utley de Portishead aux claviers et guitares. Un brillant écrin musical pour mettre en valeur les chansons de Torres, écrites à la première personne, dans lesquelles la déprime côtoie la colère. Il faut louer leur grande variété : lyrisme, minimalisme, ésotérisme, dissonance s’enchainent au gré des pistes et deviennent rapidement captivants, voire envoûtants.
Une charmante sorcière …