Voilà un nom plutôt tordu, pour un groupe à l’histoire effectivement sinueuse …
Une trajectoire tordue : originaires de Nouvelle Zélande, les frères Nielson, Ruban et Kody, ont monté leur groupe Mint Chicks qui rencontre le succès là bas (5 awards locaux quand même), mais décident de changer d’air et effectuent 11000 kms de voyage en traversant le Pacifique pour s’installer définitivement à Portland, Oregon.
Une histoire tordue : un classique quand des frangins jouent ensemble (les frères Gallagher chez Oasis, les frères Reid chez Jesus and Mary Chain) : le succès des Mint Chicks, après trois albums entre 2005 et 2009 chez Flying Nun (label mythique néo-Z), leur monte à la tête et génère excès chimiques et caractériels en tout genre. Ruban fait une overdose, et Kody massacre tout le matériel lors d’un concert avant de quitter la scène en hurlant. Bref c’est la désintégration en plein vol et la séparation musicale de la fratrie Nielson en mars 2010. Six mois plus tard, Ruban réapparait en trio sous le nom de Unknown Mortal Orchestra, avec un producteur de Portland, Jack Portrait qui tient la basse et un jeune batteur Julian Ehrich.
Une musique également tordue. Leur écoute est d’abord assez déroutante : la production détraquée, distordue, avec un chant compressé qui semble sortir d’un dictaphone. Mais l’oreille devient vite captive de ces mélodies brillantes, de ce groove minimaliste, avec une basse ronde et funky qui compense la batterie au son tout en phasing. La guitare est pleine d’effets fuzz et psychédéliques, garage et très sixties. La voix, qui est en fait traitée par un micro vintage délibérément déréglé est androgyne, comme Beck dans sa période funky.
Les références sont multiples et … tordues : funk, soul, de Sly Stone à Phil Spector, mais aussi Prince. On peut même citer Zappa (Hot Rats) et donc Captain Beefheart. Bref un cocktail d’influences détonnant et extraterrestre.