Après six ans de silence, Holy Fuck reviennent à la une de l’actu avec un nouvel album. Tout au long des pistes de Congrats, sorti le 27 mai chez Innovative Leisure, les Canadiens reprennent leurs travaux de recherche sonore pour essayer de résoudre l’équation suivante : comment faire danser les discothèques de la planète entière tout en jouant une musique expérimentale et instrumentale ?
Leur solution est juste et cohérente. Choisir une base rythmique très dance-music, faite de parties de batterie et percussions disco, d’une basse qui ronfle et de claviers qui tournoient. On se croirait chez le meilleur de DFA. Et rajouter ensuite des arrangements de samples à l’envers, des voix trafiquées, des synthés hors d’âge, des rythmes tribaux, des sons produits par des jouets et même de la guitare acoustique, mixés par un travail de production très pointu et exigeant. Le résultat est un foutoir sonore intrigant, drôle, effrayant parfois, iconoclaste toujours.
Holy Fuck est apparu en 2004 à Toronto en surprenant le monde entier avec leur dance-punk-techno, se décrivant comme « Einstürzende Neubauten inspiré par Fela Kuti avec Brian Eno aux claviers » . Depuis l’album Latin en 2010 et l’épuisante tournée qui a suivi ils avaient disparu des radars. On suivait alors plutôt la carrière de producteur de Graham Walsh (Metz, Vietcong, Alvvays, Operators). Cette pause salutaire a permis au groupe de se remotiver et de décider de retourner sereinement en studio pour Congrats. Le line-up est toujours le même qu’en 2010 : Brian Borcherdt (claviers et production), Graham Walsh (claviers et production), Matt “Punchy” McQuaid (basse), et Matt Schulz (batterie). Ce quatrième album est voulu comme un nouveau départ, un moment clé dans lequel Holy Fuck a choisi d’épurer sa folie et son chaos créatif en le concentrant et en essayant d’aller à l’essentiel de son projet musical.
Le résultat est plutôt probant. Ecoutez notamment Xed Eyes, l’un des sommets du disque. Il nous entraine sur un dance-floor extra-terrestre dans lequel se percutent Can, Animal Collective et Talking Heads.
Torride et futuriste.