C’est l’ époque qui veut ça : chaque nouveauté bénéficie toujours d’une promotion à chaque fois plus sophistiquée. Les stratégies de com’ se veulent de plus en plus performantes, à base de teasers novateurs et autres diffusions virales sur les réseaux sociaux … Alors quand on découvre la bienheureuse insouciance du lancement de Nice As Fuck et leur côté « rien à foutre de tout ça », c’est un petit vent de fraicheur qui vient souffler de la bonne humeur et fait du bien.
Leur nom déjà. Nous, on apprécie plutôt, mais il est peu probable que les comités de censure des grands médias soient ravis de placer en haut de leurs play-lists un groupe avec « fuck ». Et pourtant Nice As Fuck est un vrai « supergroupe » constitué de Jenny Lewis, chanteuse et guitariste des injustement méconnus Rilo Kiley, d’Erika Forster, clavier d’Au Revoir Simone et de Tennessee Thomas qui tient la batterie chez The Likes. Au lieu de jouer sur cet aspect et d’amplifier son côté événementiel, le trio déboule de manière totalement imprévue le 17 juin avec un premier single baptisé Doors. Jusqu’alors la seule preuve de leur existence avait été un concert de soutien à Bernie Sanders, le candidat à la primaire démocrate Américaine. Pas une info n’avait filtré sur la sortie d’un disque, ni le moindre communiqué de presse.
Doors s’avère malgré tout vraiment brillant. Une chanson à l’ambiance post punk propulsée par une rythmique basse-batterie nerveuse et minimaliste, illuminée par le chant de Jenny Lewis qui scande ses mélodies de manière envoutante et irrésistible.
Et alors qu’on commençait à peine à découvrir ce single. Paf ! Voilà l’album qui arrive hier sans aucune annonce lui non plus. Baptisé simplement Nice As Fuck, il contient neuf morceaux , tous mis en ligne simultanément sur la page YouTube du groupe ( elle est là). On découvre avec plaisir le répertoire brumeux et déjanté des trois Américaines, entre rock urbain et groove hanté dans lesquels culminent les hauteurs vocales et mélodiques. Mention spéciale à Angel , Homerun,Higher et Guns, ce qui fait tout de même plus de la moitié de l’album à citer et souligne la qualité de ces morceaux.
En accompagnement du disque se trouve une biographie promotionnelle du groupe écrite par Father John Misty. Mais là aussi tout dérape très vite : c’est en fait un copieux texte iconoclaste et totalement loufoque, dans lequel il nous explique que Nice As Fuck est « objectivement le meilleur groupe exclusivement féminin des 25 dernières années ».
On veut bien le croire…