L’engagement militant est devenu dans le rock une attitude plutôt marginale et minoritaire. On s’est désormais habitué à entendre aujourd’hui des chansons d’amours qui finissent mal (en général) et des lamentations d’adulescents pleurnichées du fond de leur chambre. Aussi quand on découvre la force des convictions et la colère des Londoniens Dems, il y a de quoi être impressionné.
Les membres de ce trio de Balham, au sud de Londres ont longtemps vécu dans les ruines d’un ancien Bureau de Poste inoccupé, avant de s’en faire éjecter par des promoteurs immobiliers pleins de Livres Sterlings dans les yeux à l’idée de construire à la place des logements de luxe aux revenus juteux. Gold est la réaction de Dems. Une réponse aux spéculateurs en forme de cri du cœur (Tu roules sur l’or / N’essaie pas de tester ma détermination) et un appel à lutter contre la crise du logement et la gentrification de Londres.
C’est aussi un excellent morceau. Une chanson pop électro à l’atmosphère techno brumeuse, propulsée par des claviers et machines électroniques sur lesquels rebondit le groove d’une ligne de basse des cavernes et survolée par la colère désolée des textes chantés par le falsetto de Dan Moss.
Dems existe depuis 2010. Dan Moss (chant, console de mixage) et Dave Gardener (chant, percus, samples) sont de vieux copains d’école. Ils fondent le groupe quand Dave quitte Edimbourg pour revenir vivre à Londres en ramenant dans ses bagages Duncan Mann (guitare, claviers). Ils se retrouvent dans une multitude d’influences musicales : Punk, Jazz, Drum n Bass, Garage. Mais c’est surtout la littérature qui leur fournit des références précises : Charles Dickens, Ted Hughes ou le poète Indien Jeet Thayil. Leur premier single, House, sort en 2011. Après quelques autres titres dans l’intervalle, leur premier album Muscles Memory parait en 2014.
Gold est le premier morceau publié depuis . Enregistré entre Londres et Montréal, il est le premier d’une série de chansons qui offrent une réflexion sur le devenir des villes dont l’authenticité est réduite à néant par l’évolution commerciale et la spéculation.
Du rock engagé. On vous le disait bien …