Il y a trois ans on tombait à genoux devant la new-wave fragile et ténébreuse de Selebrities. Et plus particulièrement sous le charme de la voix cristalline de leur chanteuse Maria Usbeck.
Depuis 2013, notre sirène a fait du chemin. Après un long périple effectué au fil des mois entre Buenos Aires, Santiago du Chili, l’Equateur, le Costa Rica, Barcelone, Lisbonne, l’Ile de Pâques, la Floride, L.A et Brooklyn, Maria Usbeck a pris tout son temps pour écrire les chansons de son premier album solo. Baptisé Amparo et co-produit par Caroline Polachek (Chairlift), il sort le 27 mai prochain conjointement chez Cascine (Korallreven, Shine 2009) et Labrador (The Mary Onettes, The Radio Dept). On en connait déjà deux extraits : Moai Y Yo et surtout le soyeux Uno De Tus Ojos.
C’est vraiment une chanson pas comme les autres. Bâtie sur une trame de petites touches de notes éparses, ici des échos de harpe, là des accords évanescents de synthés, soutenus par des roulements de percussions et une basse très aérienne, Uno De Tus Ojos relève plus du songe et de la méditation que de la pop classique. On pense aux mélodies de fée de Kate Bush ou de Bjork période Venus As A Boy et à leurs moments d’épiphanie en apesanteur. Le chant dans son Espagnol natal (elle est d’origine Equatorienne) met en exergue la voix divine de Maria Usbeck, qui intrigue et envoute avec ses mystérieux mantras murmurés en boucle : “una mano, una cruz, un milagro, un sentido ».
L’ensemble de l’album Amparo aborde des thèmes chers à son enfance en Amérique du Sud. C’est un véritable journal de voyage en chansons, écrites en Espagnol, mais aussi dans des langues locales : le Rapa Nui de l’Ile de Pâques, le Quichua en Equateur, le Bribri du Costa Rica et le Catalan. Cette volonté d’authenticité et de retour aux sources se traduit aussi dans le choix des instruments naturels, privilégiés par rapport aux outils électroniques. On entend des marimbas, de la flûte de pan, du xylophone, du piano, et tout un assortiment de percussions exotiques : bongos, timbales, tumbas, maracas, percussions Indiennes. On distingue aussi des enregistrements de sons de la jungle, de la mer, de chants d’oiseaux, effectués par Maria Usbeck elle même.
C’est une symphonie naturaliste d’émotions suspendues, d’une délicatesse infinie, qui se connecte directement sur les sens.
Une télépathie somptueuse et apaisante.