C’est l’histoire bien connue du petit ruisseau qui devient une grande rivière.
Tout commence il y a un mois. JOANNA GRUESOME, quintet anonyme de Cardiff publie « Sugarcrush », premier extrait de son album « Weird Sister » paru chez Fortuna Pop.
Une bombe de noisy-pop expédiée en moins de trois minutes dans laquelle on identifie immédiatement un de nos mélanges préférés : le sucré/salé. Les mélodies acidulées et faussement naïves de la chanteuse Alanna McArdle s’incarnent au sein d’une musique aux arrangements tumultueux autour d’une batterie sprinteuse et noyée dans les cymbales et des guitares au son garage et puissant. Mais le moment le plus corrosif est la survenue dans le dernier tiers du morceau d’un pont instrumental apocalyptique, pile au moment où on attend plutôt un final avec un refrain tout en douceur. Redoutable et surprenante déflagration !
« Sugarcrush » est repéré par les têtes chercheuses de Pitchfork qui encensent cette chanson « une tranche de noise-pop méchamment speedée dont la douceur des guitares et mélodies vocales est écrasée par des riffs avant-gardistes et dissonants et une section rythmique qui a pour but de forcer l’auditeur à se soumettre ». L’album « Weird Sister » confirme en obtenant une bonne note et des éloges : « probablement le disque d’indie-pop le plus pur, accrocheur et exubérant que vous aurez écouté cette année ».
Attiré, on se risque alors timidement à les programmer dans le Zistor Express de notre radio program, en croisant les doigts pour ne pas entrainer une vague de déconnexion à leur écoute.
Et puis, finalement, au fil des diffusions, il s’avère que « Sugarcrush » devient vite une chanson familière et entêtante. Bien sûr, ce n’est pas une chanson à reprendre sous la douche, mais l’atmosphère envoutante et les mélodies accrocheuses emportent l’adhésion. Et le résultat ne touche pas que les auditeurs de TheMusicalBox. Les grands médias s’en mêlent. La BBC place Joanna Gruesome en tête de playlist ! Et il est logique de penser que les semaines qui viennent devraient leur être de plus en plus favorables en terme de notoriété.
Et on réalise que le petit morceau rebelle et bruitiste du début s’est progressivement transformé en une chanson qui tourne en heavy rotation sur les ondes internationales. Et c’est un vrai bonheur de voir qu’il est possible de créer une musique pas forcément facile d’accès et de toucher quand même un public de plus en plus large.
Morale de cette belle histoire : exigence et intransigeance peuvent rimer avec reconnaissance.