Aujourd’hui, c’est une séance de rattrapage ! Alors qu’à l’horizon se profilent les bilans de fin d’année il est encore temps de mettre à la une un album survolé trop rapidement lors de sa sortie.
Heads Up est le troisième album de Warpaint. A sa sortie il y a deux mois, on lui avait trop vite tourné le dos, assommé et rebuté par son premier single, le sirupeux New Song, trop dégoulinant pour notre gout. Jugement beaucoup trop hâtif car au fil des écoutes, ce disque se révèle finalement un bon cru pour 2016.
Les quatre Californiennes n’ont pas voulu replonger dans les contraintes des sessions d’enregistrement interminables des deux précédents albums (The Fool en 2011 et Warpaint en 2014). Elles ont choisi l’immédiateté et la proximité. Le disque a été réalisé en quatre mois, à la maison à Los Angeles, avec Jake Bercovici, le producteur de leur tout premier single Exquisite Corpse en 2008. C’est un retour aux sources, donc, après une multitude d’aventures en dehors du groupe pour chacune des filles depuis 2014, qui sont allées enrichir leur pratique dans d’autres expériences musicales collatérales, dont la liste est trop longue pour être citée ici.
Il en résulte un profond changement de direction et une volonté de sonner beaucoup plus pop. Les références avouées pour ce disque sont Kendrick Lamar, Outkast et Erikah Badu ! Mais finalement Warpaint n’a pas effacé d’un clic ses premières créations sonores, noires, expérimentales, engagées et mystérieuses. On retrouve sur Heads Up le venin noir et les incantations habituelles du groupe soit frontalement (Whiteout et By Your Side ) soit de manière plus insidieuse, avec une contamination subtile de chansons d’apparence plus sages (Above Control, Dre ou Heads Up). Et comme souvent en pareil cas, c’est dans l’équilibre et l’harmonie qu’éclatent les meilleurs morceaux. So good et Don’t Let Go sont particulièrement réussis. La rythmique assurée par la bassiste Jenny Lee Lindberg et la batteuse Stella Mozgawa est prodigieuse de violence retenue et de compression sonore. Et le chant choral d’ Emily Kokal et Theresa Wayman est plein de malice et de sortilèges, quelque part entre les Talking Heads et Bananarama …
Au final, Heads Up s’avère un disque complexe et passionnant, avec plusieurs niveaux et strates sonores qui se dévoilent au fur et à mesure des écoutes. Il ne faut donc pas hésiter à réécouter en mode repeat les onze titres qui le composent.
En illustration voici Whiteout, mais c’est So Good qui a été choisi pour tourner dans notre play-list.