Deuxième page consacrée aux bilans de fin d’année. La présentation des meilleurs albums de 2016 est effectuée en suivant un scientifique classement de synthèse le Best Of The Best Of, dont vous trouverez le mode d’emploi ici.
Quelques chiffres : 302 albums sont classés, ce qui constitue une vingtaine de plus que les années passées et un nouveau record. La preuve en tout cas que la production en nombre et en qualité des disques n’est pas complètement en récession. Chacun peut ainsi trouver des coups de cœur à défendre qu’on ne trouve pas chez les autres. Par exemple The Cult chez Mojo, Lady Gaga pour le NME ou Julien Doré pour les Inrocks ! Par contre si on s’intéresse de plus près aux quinze/vingt premiers, il apparait que ces disques sont quasiment tous les mêmes chez les uns et chez les autres et que seul l’ordre de classement diffère. En 2016 il existe un vrai consensus entre les magazines et sites de notre panel, qu’ils soient plutôt généralistes (Rolling Stone, The Guardian) ou hyper-pointus (Pitchfork, Stereogum).
C’est bien le cas avec le 9ème du classement, qui figure dans presque tous les bilans, souvent dans le top 10.
N°9 – ANOHNI : Hopelessness (Secretly Canadian)
Son meilleur classement est une cinquième place chez Mondo Sonoro, Consequence Of Sound et Double J. Antony Hegarty est habituée à ces récompenses de fin d’année, avec ses multiples incarnations : Antony & The Johnsons, Hercules & The Love Affair ou maintenant Anohni.
Cinquième album d’Antony, Hopelessness est le premier sous le nom d’Anohni, depuis son changement de sexe. Co produit avec l’expérimental Oneohtrix Point Never et le DJ Ecossais Hudson Mohawke, il dévoile une électro-pop malsaine et tourmentée, hyperfragile et bourrée de sensualité et d’émotions, au contenu lourd de significations (le réchauffement climatique, les drones de guerre, la surveillance technologique, les enfants abusés). Des protest-songs drapées de strass et de paillettes pour danser jusqu’au matin. Oubliée la délicate musique de chambre jouée avec The Johnsons, et place désormais à une machine de guerre bardée d’électronique.
« Crushing and glorious » écrivait Pitchfork à la sortie de l’album en lui attribuant une note très élevée.
Cela va bien à Anohni : l’anéantissement et la gloire …
Passons au ZISTOR’S TOP 10, mon classement personnel.
N°9 – The RADIO DEPT. – Running Out Of Love. (Labrador)
Mon best-of de l’année vient lui se situer à l’exact opposé du classement de synthèse. Il est très peu consensuel et fait preuve d’une grande originalité. On peut aussi y voir de la mauvaise foi … C’est totalement involontaire. Ces dix albums sont vraiment mes préférés, tout simplement.
Prenez The Radio Dept. Le trio Suédois ne figure dans aucun bilan de fin d’année. Aucune importance. Cela nous rend encore plus fiers de l’avoir défendu dans The Musical Box. Dès le mois de juillet 2015, le single Occupied nous avait conquis : » Une chanson de haute densité et d’une grande justesse. Une merveille qui bouleverse et fait pleurer le dance-floor ». Et la découverte de l’album Running Out Of Love, leur quatrième, confirmait en octobre les promesses : « une électro minimaliste, étrange, imprégnée de tristesse, de colère mais débordante de nostalgie et d’amour. Un romantisme moderne qui provoque une adhésion immédiate. »
Il existe un point commun entre Anohni et The Radio Dept. Ils écrivent des chansons engagées prêtes à être jouées en soirée par les DJs. Par contre chez les Suédois l’ambiance est plus douce, embrumée, et moins écorchée que chez l’Américaine.
En tout cas les deux réconcilient avec intelligence et sans concession le militantisme et le dance-floor. Une vraie tendance de l’année 2016.