Encore une dernière séance de révision de l’année 2016 avant d’attaquer les bilans des meilleurs disques de l’année…
Oublié injustement de nos chroniques lors de la sortie de son album en septembre, King Creosote mérite vraiment d’être salué. Le faire en quelques lignes relève pourtant de l’exploit. Car voici un musicien atypique, touche à tout, à la discographie abyssale. Depuis 1998, entre ses vrais albums, les vinyls et les CD-R faits maison, le décompte est particulièrement compliqué. Les experts estiment ce total à 50 !
En tout cas, Astronaut Meet Appleman est bien son nouvel opus, qui succède à From Scotland With Love, unanimement applaudi en 2014 et Diamond Mine, co-écrit avec Jon Hopkins et nominé pour le Mercury Prize en 2011 . C’est un superbe disque ! Originaire de Fife, l’ Écossais Kenny Anderson (c’est son vrai nom), qui nous avait jusqu’ici plutôt habitué à un folk de chambre épuré et exigeant, a effectué le grand nettoyage. Il introduit des arrangements modernes, électroniques, qui viennent s’ajouter aux sonorités traditionnelles de son Écosse adorée, harpe, violons et cornemuse. Le mélange est parfaitement dosé, préservant l’authenticité sauvage de King Creosote d’une chute dans le mainstream indigeste. L’enregistrement a eu lieu en Irlande, sur l’Ile de Mull et à Glasgow, d’où sans doute l’ambiance très Celtique qui émane de ce disque, co-produit par Paul Savage (ex The Delgados et aux manettes de Mogwai et Franz Ferdinand).
Et on se régale à l’écoute des dix titres de l’album. Depuis la symphonie paisible et extra-terrestre de You Just Want, digne du Radiohead de OK Computer, jusqu’au poppy Love Life, en passant par la majesté mystérieuse de Surface, proche du meilleur Flaming Lips, et l’hymne pastoral et malicieux qu’est Wake Up To This, Anderson nous promène les yeux fermés dans son univers poétique, où le rêve côtoie l’humour et la science fiction. Un dialogue finement orchestré entre la nature et la technologie, l’homme et la machine, l’analogique et le numérique, la terre et l’espace.
Un drôle de bonhomme, bouleversant.