A la première écoute de Greylag, le qualificatif qui vient à l’esprit c’est « classique ».
Leur composition est classique. C’est un trio séminal guitare, basse et batterie. Leur look aussi, tout en simplicité et banalité sans le clinquant ni la recherche vestimentaire sophistiquée des artistes de Londres ou de Brooklyn. Il faut dire qu’ils sont basés de l’autre côté des USA, à Portland. Une ville ou le rock a toujours été une affaire sérieuse et une tradition, des Kingsmen et autres Wipers à Gossip, Dandy Warhols ou Elliot Smith.
Leur musique aussi est classique. Du folk-rock à guitares, sans strass ni paillettes, flirtant parfois avec l’Americana. Ils n’ont sorti jusqu’à présent qu’un E.P The Only Way To Kill You en 2012. Et aujourd’hui c’est leur premier album, l’eponyme Greylag, paru il y a peu de temps chez Dead Ocean. Il est produit par Phil Ek, déjà entrevu derrières les manettes de groupes-références : The Walkmen, Built To Spill, The Shins ou Fleet Foxes.
Ce classicisme ne signifie pas qu’il s’agit d’un groupe de copistes ennuyeux. Au contraire Greylag parvient à bâtir un monde musical qui échappe aux étiquettes, un genre de folk électrique sombre et intense, entre Crosby Stills & Nash et Band Of Horses. Une version pop de Led Zeppelin. Le chant épique et lumineux de Andrew Stonestreet est soutenu par des guitares tantôt rendues râpeuses par la distorsion, tantôt lumineuses avec des arpèges cristallins.
Le résultat est un son puissant et aérien qui enveloppe avec élégance des chansons accrocheuses et tubesques. Elles sont à la fois familières, déjà entendues, et à la fois atypiques et inclassables. Elles possèdent une grande cohésion, fruit de quatre années de travail et de répétitions, durant lesquelles chacun des trois musiciens aura apporté ses idées et participé à l’écriture des morceaux.
Une bien belle démocratie musicale.