Le deuxième album des Ting Tings constitue forcément un évènement très attendu. Sans doute trop.
Comment retrouver l’inspiration créatrice après avoir sillonné tous les plus grands festivals de la planète pendant ces trois années ? Comment rebondir après le succès phénoménal connu avec « We started nothing » en 2008 et ses tubes « Great DJ », « Shut up and let me go » ou « That’s not my name »?
Et hélas il faut reconnaitre que ça ne rebondit pas …
Il se dégage de ce disque l’impression que le duo de Leeds et Manchester (Jules de Martino et Kathy White) s’est perdu et part dans toutes les directions. Les premières sessions d’enregistrement avaient été effectuées à Berlin, et contaminées par le son techno et electro de la ville, concrétisées par la sortie de « Hands » en 2010, échec commercial. C’est donc ensuite un changement radical de cap qui s’est produit après un séjour de Jules et Kathy en Espagne, influencé par des styles musicaux plus acoustiques (le flamenco ? la zumba ?!?). Résutat : « Sounds from Nowheresville », est vraiment le « son de n’importe où » voire de « n’importe quoi ».
Détaillons tout ça en suivant l’ordre du disque :
« Silence » constitue une belle introduction, pépite 80’s pop synthétique et mélodique, pleine de promesses, vite déçues par :
« Hit me down Sonny » qui commence avec un rythme de batterie sympa, mais se transforme assez rapidement en ragout hip hop/ R’N’B et indigeste (Kathy est loin d’être la reine du flow)
« Hang it up » : l’espoir renait (un peu) avec ce morceau qu’on peut entendre depuis quelques mois déjà, sans doute le plus proche du précédent album et complément à l’efficacité de « Shut up and let me go ». Mais à l’ombre du hip hop des Beastie Boys d’il y a 25 ans …
« Give it back » commence avec une guitare indie rock et surprend avec Jules qu’on entend chanter plutôt bien, vite rejoint par Kathy pour un duo à la The Kills, qui monte crescendo en tension, intensité et gros son pour finir en apothéose noisy. Le seul moment de rock n’roll de ce disque.
Car avec « Guggenheim », abracadabra nous voici dans le monde de la pop 60’s façon Ronettes ou Nancy Sinatra, le temps que déboule (encore !) une rythmique hip hop assez lourdingue et que Kathy se mette à brailler. Allez on passe vite à :
« Soul Killing » et son ska (non vous ne rêvez pas !) qui d’abord surprend, puis colle un peu aux oreilles (c’est quand même très très orienté pour les charts underage), puis les irrite franchement, tout en reconnaissant que c’est un tube et qu’on l’entendra sans doute partout en 2012 … Dans cette catégorie c’est réussi.
On rebranche les synthés avec « One by One » , sans doute un morceau de la période Berlinoise, pas mal fichu, assez tubesque lui aussi, nettement allégé par rapport au reste du disque. Une réussite.
Et patatras ! On se prend « Day to day » en pleine poire. Dégoulinade R’N’B qu’auraient pu chanter avec bonheur Beyoncé ou Rihanna. Peut-être pour plaire à leur label Roc Nation, le même que Jay-Z. Le sésame pour cartonner aux USA ?
« Help » folk pop mélodique et sa progression d’une intro en arpèges à la guitare acoustique jusqu’à l’hymne final aux harmonies surprenantes.
« In Your life » finit l’album avec une chanson douce et atmosphérique accompagnée par un violon et une guitare toute en vibrato.
Bref que penser de ce disque ? Une idée force : la confusion. « Sounds from Nowheresville » n’est pas cohérent ni homogène, tant dans les styles, trop différents, que dans la qualité des chansons. Refaire un « We started nothing » n’était surement pas une bonne idée mais au final The Ting Tings n’ont pas trouvé dans quelle direction aller. Comme on les aime bien, on ne va surement pas tout jeter. Il y a sur ce disque quelques bons morceaux. Et puis on ne peut pas non plus oublier l’immense talent de leur premier album au motif d’un deuxième nettement moins abouti.
Il faut aussi se dire qu’au fur et à mesure des écoutes successives d’un disque parfois des miracles surviennent. Et enfin que sur scène les morceaux prennent parfois une dimension nouvelle qui change tout. Et c’est une certitude : sur scène ils sont excellents, et d’ailleurs auréolés de tout un tas d’awards pour leurs prestations scèniques.