Aujourd’hui est un jour spécial car voici ma 100ème chronique. Alors pour marquer le coup je vous propose de découvrir pour certains, d’écouter ensemble pour les autres, un groupe mythique qui a marqué l’histoire du rock et qui figure très haut dans mon panthéon personnel.
Il s’agit de New Order.
C’est sans doute le nom que je cite le plus souvent comme référence absolue pour de nouveaux groupes émergents orientés dance-floor et electro. Qu’ont-ils de particulier ?
Leur histoire tout d’abord. La naissance du groupe est liée au drame du suicide de Ian Curtis en mai 1980, emblématique chanteur de Joy Division, qui incarnait à l’époque l’immense espérance musicale de toute une génération dite « afterpunk ». Les trois membres restants Bernard Summer, Peter Hook et Stephen Morris décident de continuer l’aventure collective en rebondissant sous le nom de New Order. Ils enrôlent la girlfriend de Stephen, Gilian Gilbert, se choisissent Bernard comme chanteur, et publient le single « Ceremony », initialement écrit avec Joy Division. Et c’est une immense surprise ! Alors qu’on les condamnait à l’avance, ils parviennent à montrer que malgré la mort de Curtis ils sont capables d’une grande qualité d’écriture et de poursuivre leur (chef d’)oeuvre musicale. J’ai encore le 45 tours original de Ceremony, à la pochette toute dorée, ramené d’un voyage scolaire en Angleterre par ma petite soeur …
Au fil des disques, ils affirment leur propre personnalité musicale, très forte et sans aucun compromis. Bernard chante le plus souvent faux et joue mal de la guitare, Peter joue sur sa basse descendue au niveau de ses mollets des thèmes harmoniques et mélodiques sur les notes les plus aiguës, véritable marque de fabrique du son du groupe. La batterie est rageuse au départ, puis devient de plus en plus synthétique et électronique au fils des années. Les claviers de Gillian sont froids et hantés.
Je ne vais pas vous refaire toute l’histoire de ce groupe dont la discographie regorge de pépites. Chaque album, même parmi les plus critiqués contient des perles à réécouter inlassablement. La particularité de New Order, ce qui fait leur charme et leur authenticité, c’est un mélange de dance-music, parfois très commerciale, résolument orientée pour les pistes de toutes les discothèques mondiales, et d’une couleur musicale à la beauté triste et spectrale, avant-gardiste et audacieuse, parfois très provocatrice, d’une distance prise par rapport à leur musique et leurs textes. Ils incarnent à mon sens le mot mélancolie tel que le définit Victor Hugo : « Le bonheur d’être triste ».
Ils comptent énormément pour toute une génération de quadra-quinquagénaires dont je fais partie, vétérans du rock des années 80, mais ils ont aussi influencé la jeune génération avec « Blue Monday » qui est considéré par les historiens comme le premier morceau de la techno-house (1983).
Je me suis promis de ne choisir qu’un seul titre, tâche difficile … Alors allons-y carrément pour un titre en live, capté à Glasgow en 2006, ville géniale pour tout amateur de musique, avec une ferveur exceptionnelle dans le public. Le groupe est tel qu’il a toujours été : sobre, discret, sans attitude putassière ni racoleuse, uniquement là pour jouer sa musique.
« Temptation » est repris en choeur par des milliers de spectateurs, les yeux pétillants de bonheur, des larmes dans les yeux … C’est beau et c’est triste. Nous sommes heureux. C’est New Order !
Pour ce 100ème article qui ne sera pas comme les autres. Cheers !
Je n’aurais pas choisi mieux !
Titre qui fut en son temps générique d’intro de l’émission programmée et animée par votre serviteur. C’était le temps que les moins de 20 ans, etc, etc … Le temps ou les radio FM étaient libres.
New Order ou le groupe consensuel de VanKe et Zistor.
Et c’est vrai que 100 chroniques sur The Musical box cela se fête.