Après le grand retour de Vanke hier, voici aujourd’hui un autre come back : celui de Bob MOULD.
Et là il s’agit d’une surprise incroyable ! Qui aurait cru il y a 30 ans qu’on écrirait encore, et pour en dire le plus grand bien, au sujet de la carrière de Bob MOULD en 2012.
Un petit cours d’histoire (ou plutôt de préhistoire …) : en 1979 surgit au sein de la scène post punk Américaine le trio Hüsker Dü, originaire du Minnesota, composé de Bob MOULD, Greg Norton et Grant Hart. Speed, hardcore, en proie à tous les excès, ils sont adulés par la scène indie , mais ne rencontrent jamais le succès commercial et explosent en plein vol après avoir signé sur une major en 1987. C’est un groupe qui devient culte, dont l’influence sera déterminante pour bon nombre de groupes grunge des années 90, et revendiquée notamment chez Nirvana et Pixies.
Après Hüsker Dü, Mould essaye (mal) d’évacuer sa déception dans deux albums solos dépressifs, avant de revenir de façon triomphale en 1992 sous le nom de SUGAR, avec le bassiste David Barbe et Malcolm Travis à la batterie. L’album « Copper Blue » est très bien reçu. Il est même l’album de l’année 1992 du NME.
Mais tout s’écroule à nouveau et Bob se retrouve tout seul. Il range sa guitare, tente au début des années 2000 de percer dans l’electro dance des clubs New Yorkais , chose assez incroyable à imaginer. C’est une période qu’on qualifiera poliment de traversée du désert.
Et puis la bonne fée du rock se remet à s’intéresser à lui. D’abord sous la forme d’un livre, écrit en 2011 par Michael Azerrad, qui lui permet à travers ses mémoires de se replonger dans son riche passé musical. (« See a Little Light: The Trail of Rage and Melody »). Deuxième coup de pouce du destin : la ressortie des disques de Sugar par le label Merge il y a un an pour en célebrer le 20ème anniversaire.
Il n’en fallait pas plus pour remettre sur les rails notre vétéran punk rocker, qui, après s’être abreuvé à la source, revient rajeuni et inspiré comme aux plus belles heures de sa jeunesse.
Son nouvel album s’appelle « Silver Age », paru chez Merge. Il a été enregistré en trio, avec Jon Wurster, le batteur de Superchunk (encore un nom qui fait plaisir à entendre) et Jason Narducy à la basse. Et bien sûr, finis les plans synthés-DJ, Bob à ressorti la guitare et les larsens. On le retrouve dans un power-rock mature, mélodique mais encore incandescent, poussé par une force et habité par une authenticité et une sincérité incontestables. C’est l’album de la rédemption !
Ce ne sera sans doute pas l’album de l’année 2012, mais le vieux Bob nous démontre brillamment qu’il n’a pas à rougir de la comparaison avec ses meilleurs anciens élèves (Foo Fighters, Green Day) devenus les étoiles de l’époque actuelle.
« The Descent », ou quand le rock noisy des 80’s croise celui de 2012 trente ans après.