Le Chabada est une institution culturelle phare de la ville d’Angers. Salle de concert à la programmation curieuse et érudite, c’est aussi une structure qui accueille et conseille les jeunes groupes de la région Angevine. Sur leur site, on a pu lire un post chaleureux sur TheMusicalBox, dans lequel l’auteur remarquait nos articles sur l’actualité des anciennes gloires du passé.
En voici certainement un bon exemple aujourd’hui, puisque je vais vous donner des nouvelles de la renaissance de véritables disparus : The Woodentops.
C’est un article d’une saveur très particulière, qui mêle émotion et nostalgie. Car The Woodentops est un groupe qui figure en bonne place au Panthéon de mes groupes préférés de tous les temps.
Leur formidable pop-folk-punk-funk sautillante et speedée, portée par la personnalité hors norme de Rolo Mc Ginty leur enthousiaste et emblématique chanteur, sidérante d’énergie et de ferveur sur scène, avait constitué un de nos grands bonheurs de l’année 1986. Leur album Giant est l’un des dix que j’emmènerais sur une ile déserte, selon l’image habituelle (et maintenant un peu dépassée à l’époque des clé usb et des clouds).
Hélas le groupe avait disparu des écrans radars depuis leur séparation en 1988. Rolo McGinty s’était reconverti en DJ et on n’avait plus entendu parler du groupe depuis 26 ans, hormis des concerts anecdotiques en 2006 et 2009 et une intégrale sortie l’année dernière sous la forme d’un coffret, Before During After.
Alors, la nouvelle d’un retour des Woodentops en 2014 est forcément un évènement majeur. Les rock-critiques s’embrasent. Quand en plus on lit sous la plume de JD Beauvallet dans Les Inrocks « les Woodentops sont de retour avec douze nouvelles chansons et un son indemne » , l’impatience atteint des sommets.
Leur nouvel album s’appelle Granular Tales et vient de paraitre chez Cherry Red.
Est-ce vraiment une résurrection ?
Inutile de se faire des idées. La réponse est négative. Ceux qui essaieront de retrouver la fraicheur, l’énergie inépuisable et la fougue d’il y a 25 ans seront forcément déçus. Rolo et sa bande ont vieilli d’un quart de siècle et ne jouent plus de la même manière. C’est normal. Benny Staples, le phénomènal batteur qui jouait debout et à une vitesse inhumaine n’est plus là. Rolo McGinty est moins véloce dans son jeu de guitare. Par conséquent le tempo a nettement ralenti. Mais surtout c’est la voix de Rolo qui a évolué, plus rauque et grave, loin de l’incandescence du passé.
Pour autant leurs nouvelles chansons sont plutôt bonnes. De la gravité solennelle de A Little More Time à la rutilante Every Step of The Way, en passant par les choeurs bondissants de A Pact ou le reggae de Conversations, on reconnait bien la qualité de l’écriture des Woodentops. Ils ont simplement muri et évolué dans un registre plus sage et discipliné, en un mot plus classique.
Si on oublie les étincelles de leur passé glorieux et surtout si on ne cherche pas à les revoir briller à tout prix dans ce nouveau disque, Granular Tales est un disque plutôt réussi et plaisant, dont l’harmonie devient contagieuse au fur et à mesure des écoutes.
Pas de résurrection donc, mais une nouvelle rencontre très agréable avec de vieux amis qu’on ne croyait plus revoir.