Voilà un disque très attendu au tournant : Days Of Abandon, le troisième album de Pains of Being Pure At Heart.
On était resté sans nouvelle d’eux depuis 2011 et Belong, produit par Flood & Alan Moulder, deuxième album brillant qui hissait leur shoegaze mélodique et poignant dans le peloton des meilleurs espoirs du rock U.S. Trois ans après, ce disque n’a pas pris une ride. Pour s’en convaincre, il suffit de réécouter l’un de ses sommets : Heart in Your Heartbreak.
Les dernières infos parvenues à leur sujet étaient plutôt préoccupantes. Le line-up du groupe a explosé, et s’est recentré sur Kip Berman, chanteur et songwriter, seul membre originel restant. Il utilise en studio de nombreux musiciens : les anciens Pains of … Alex Naidus (basse) et Kurt Feldman (batterie), Jen Goma de A Sunny Day in Glasgow, ou Kelly Pratt (Beirut, David Byrne & St. Vincent). En live le groupe a une autre formule : les frères Christoph et Anton Hochheim, ex Pains of …, Jacob Sloan (The Hairs), avec des apparitions de Jen Goma, Drew Citron (Frankie Rose) et Jessica Weiss (Fear Of Men, un groupe dont il faudra que je vous parle bientôt). Une vraie tribu …
Pour Days Of Abandon, Kip Berman a décidé de lâcher du lest. Moins de guitares saturées, de reverb, de bruit et de puissance, et à l’opposé la volonté d’écrire des chansons plus légères, acoustiques et susceptibles de devenir intemporelles comme celles d’Aztec Camera ou Everything But The Girl. Voilà des références qui nous touchent directement, rock critiques de l’ancien siècle …
Le disque est produit par Andy Savours, qui a déjà travaillé avec The Kills, Sigur Ros ou My Bloody Valentine.
L’album est-il à la hauteur de ses espérances ? Et bien oui sans aucun doute. Autant le single paru en février Simple and Sure peinait à nous convaincre, trop fade et sans caractère, autant l’ensemble de l’album est une belle réussite. Il ne faut surtout pas chercher à y retrouver les brumes noires et l’atmosphère triste et pesante de Belong. Sortez les chemises à fleurs et les tenues de pique nique de printemps. L’ambiance de Days Of Abandon est florale, presque champêtre et bucolique. On y découvre des balades paisibles (Art Smock, Coral & Gold), de somptueuses symphonies (The Asp in My Cheet, proche de Beirut), et même des hymnes pour la scène (Eurydice, Simple and sure, Until the sun explodes). Mais plus que jamais c’est surtout la qualité d’écriture de Kip Berman qui apparait éclatante dans des merveilles de pop songs : les guitares jangle cristallines de Masokissed, les arrangements vocaux et de cuivres à la Pale Fountains de Life after life ou Beautiful You, belle à pleurer comme du Smiths. Il émane de toutes ces chansons une sacrée cohérence qui les relie les unes aux autres pour en faire un vrai album, complet et abouti.
A la fois différent et complémentaire des précédents opus de Pains of Being Pure At Heart, Days Of Abandon est un disque délicat et aérien qui nous touche beaucoup.
Une métamorphose réussie.