C’est bizarre ! J’étais persuadé d’avoir déjà écrit une chronique au sujet de BRNS. Mais après des heures de recherches dans les archives et les fonds de tiroirs poussiéreux de notre Musical Box il faut se rendre à l’évidence : non, nous n’avons jamais publié d’article sur eux.
Pourtant ce quatuor Belge est un des habitués incontournables de la programmation du Zistor Express, avec son mini L.P Wounded paru au printemps 2013, et en particulier le bondissant Mexico. La rotation importante de ce véritable tube de l’émission a fini par nous rendre BRNS (prononcer Brains) plus que familier.
(Photo Mathieu Zazzo)
Cette fois c’est un vrai album qui est sorti depuis quelques jours chez PIAS.
Patine est un disque impressionnant, dense et merveilleux. Le chemin au long des douze généreuses pistes qui ornent ce disque est un parcours initiatique. On découvre progressivement un monde musical sophistiqué et ésotérique, créé par une écriture musicale ambitieuse. La matrice est constituée d’une pop rêveuse et apaisée, mais qui se trouve bousculée par des rythmes syncopés et originaux, ensorcelée par des vocaux qui résonnent comme des prières et des suppliques. On est proche des mantras exotiques d’Animal Collective ou de la pénombre cotonneuse du math-rock de Foals. Par rapport à l’agité Wounded, Patine prend son temps en ralentissant nettement le tempo et s’avère moins dansant, plus doux et ténébreux. Les Belges sont passés maitres dans l’art de la nuance.
L’histoire de BRNS remonte à 2010, quand Timothée Philippe (batteur et chanteur) et Antoine Meersseman (basse et claviers) s’initient à la musique dans la cave de la maison familiale à Uccle dans la banlieue sud de Bruxelles. Au départ il s’agit de bricolages sonores effectués à partir de mini-claviers Casio, de xylophones et de clochettes. Puis leur musique prend de l’ampleur, inspirée par ce qu’ils écoutent (noise-rock, post-rock et abstract hip-hop) et nourrie par les discothèques de leurs parents (Jazz, Classic rock, Flaming Lips et Grandaddy, bon gout les parents …). Le duo devient trio avec l’arrivée de Diego Leyder à la guitare, puis passe à quatre avec César Laloux (percussions). Ils sont en effet convaincus de la nécessité d’étoffer leur line-up pour pouvoir tenir la route sur scène et jouer dans les meilleurs conditions en live leurs travaux sonores de laborantins de studio DIY.
Et le résultat est là : leurs prestations scéniques sont encensées par tous ceux qui ont eu la chance de les apercevoir sur scène. Ce qui tombe très bien, car ils sont actuellement en tournée en France (détails ici).
En attendant de les voir en concert, on peut s’immerger sans crainte dans l’album et se laisser emporter dans leur monde enchanté, qu’ils ont eux-même défini comme un « patchwork instinctif ».