C’est en ce moment LE hit du Zistor Express ! On se demande bien comment un tel phénomène est possible.
Ici, pas d’opération séduction soigneusement élaborée sous la forme d’une electro bondissante ou d’une pop sucrée. Chez Frog, c’est plutôt l’irruption soudaine d’une musique sans concession jouée par d’étranges bardes urbains et binoclards, par ailleurs totalement inconnus (35 vues sur youtube à ce jour …). Et pourtant leur Judy Garland fonctionne parfaitement et devient rapidement une chanson dont on a du mal à se séparer. Une mélodie-sparadrap qui colle aux doigts et aux tympans sensibles.
Leur univers est construit de bric et de broc. On y entend des arpèges de guitare, soutenus par de discrètes nappes de cordes, des notes de banjo ou de xylophone. La batterie surgit, accélère et explose à la manière du Muppet Show. Le chant psalmodie dans un falsetto chevrotant et incompréhensible, un pseudo yodel et des hululements vocaux dignes d’une fin de nuit bien avancée autour d’un feu de camp. C’est complètement givré, à la limite de la justesse, et pourtant totalement irrésistible. Déjà un tube de l’été.
Frog est un duo du Queens, à New York, composé de Dan Bateman (chant et guitare) et Thomas White (batterie). Ils existent depuis 2013 avec un premier album auto-produit repéré par le blog Drowned In Sound qui le désigne à l’époque “the best American guitar record of the year”.
Leur second disque Kind Of Blah sort le 25 mai sur le label Londonien Audio Antihero. L’idée directrice de leurs compos est de concilier une écriture indie-folk moderne avec des arrangements plus bruts de décoffrage à la manière des 50’s. Hank Williams est d’ailleurs une référence qui revient souvent dans les déclarations de Dan Bateman. Mais le résultat final est inclassable et part dans tous les sens : la nonchalance grinçante de Pavement, l’audace vocale de Villagers, les tempos chaotiques de Dodos, l’élégance des chroniques New Yorkaises de Silver Jews.
De ce mélange sauvage s’écoule une décoction euphorisante et rafraichissante, à laquelle on viendra régulièrement s’abreuver dans les semaines qui viennent.