Lorsqu’on évoque la synth-pop, ce sont forcément des images des eighties qui jaillissent : les envolées lyriques de Tears For Fears, les mêches de Depeche Mode ou les mélodies faciles d’O.M.D. Mais la synth-pop est aussi devenue très contemporaine, après avoir été absorbée, digérée puis recyclée grâce aux nouveaux outils technologiques par une nuée d’artistes d’aujourd’hui. Quelques exemples pris complètement au hasard : Calvin Harris, Washed Out ou M83.
Alcoholic Faith Mission fait désormais partie de ceux-là.
« Désormais » car ce n’était pas le cas avant. Le groupe de Copenhague avait à ses débuts une approche plutôt acoustique et folk. Il n’a d’ailleurs pas toujours été basé au Danemark. Il est né à Brooklyn en fevrier 2006 quand Thorben Seiero Jensen et Sune Solund furent frappés par une inspiration soudaine en découvrant dans le quartier de Williamsburg la façade d’une mission religieuse, la « Apostolic Faith Mission ». Modifié en Alcoholic Faith Mission, le nom devint l’emblème de leur projet artistique aux règles strictes. Les chansons étaient enregistrées sur une simple table de mixage dans la chambre de Thorben, en une nuit seulement , à la lumière des bougies, avec en guise de grosse caisse deux dictionnaires attachés ensemble. La consommation d’alcool était autorisée et même encouragée. Ils réalisèrent ainsi leur premier album Misery Loves Company.
Huit ans après, quatre autres albums ont suivi, le groupe a investi à de multiples reprises les scènes Européennes et Américaines, et le duo est devenu un quintet, avec les renforts de la chanteuse Kristine Permild, de Magnus Hylander Friis (batteur) et Anders Hjort (claviers).
Pour Orbitor, leur nouvel album, c’est la révolution technologique. Les instruments acoustiques ont disparu, détrônés par un arsenal de claviers et de machines. Alcoholic Faith Mission déroule une dream-pop spatiale et symphonique, chantée à deux voix. Le doux falsetto de Thorben, digne de Flaming Lips ou MGMT , alterne avec la voix divine de Kristine, qui n’hésite pas à monter dans les octaves à la manière de Kate Bush ou Bjork. En dépit de cette approche plus pop, les Danois ont su garder l’état d’esprit rebelle de leurs débuts. Les chansons ont été composées de façon spontanée en moins de deux semaines à chaque fois, et leurs textes se révèlent sérieux, mettant notamment en garde sur les risques d’addiction aux réseaux sociaux et le côté totalement fake de la vie en ligne.
C’est beau et fort à la fois.
Orbitor sort chez Haldern Pop Recordings le 15 juin.