Honneur aujourd’hui à un personnage inhabituel de nos chroniques : le Crooner.
Rassurez vous il n’est pas question de se pâmer devant les roucoulades bêlantes d’un bel hidalgo ni les sérénades mièvres d’un chanteur de cabaret en smoking. Non, on parle d’un vrai « Crooner Rock ».
Richard Hawley possède le CV parfait pour le rôle. Originaire de Sheffield, berceau du rock du Nord de l’Angleterre, il a joué chez Pulp et côtoyé les artistes locaux comme par exemple Arctic Monkeys, avec qui il est monté sur scène à de nombreuses reprises.
Son précédent disque Standing at the Sky’s Edge, pourtant un best-seller, nous avait un peu laissé sur notre faim en 2012. Hollow Meadows, son successeur et huitième album, ranime la flamme et nous réconcilie avec ce garçon hors norme et ses chansons sensibles et brise-coeur. Le chanteur opére un savant équilibre entre des ballades d’obédience 50’s, sa marque de fabrication, et un traitement sonore d’orfèvre, à base de guitare, cordes et piano qui fait parfois penser à Nick Cave (The world looks down, Tuesday PM). Les guitares vintage au son très reverb sont jouées avec profondeur et délicatesse, et créent une patine qui habille les chansons toujours douces et amères de Richard Hawley, mais aussi ses jaillissements pop (Which Way, le Smithien Sometimes I Feel) voire carrément classic-rock US(Long Time Down). Les amis et voisins viennent apporter leur pierre à l’édifice. Nancy Kerr joue du violon. Martin Simpson du banjo et de la slide-guitar. Rebecca Taylor de Slow Club fait des chœurs. Et Jarvis Cocker empoigne la basse sur le bien nommé Nothing Like A Friend.
L’ensemble de cet album est totalement imprégné de vulnérabilité, de mélancolie. Il suscite la compassion sereine, l’apaisement.
Comme il ne faut garder qu’une chanson, ce sera finalement Heart Of Oak, épique et aérien, où la voix de Richard Hawley s’exprime dans un registre caverneux tapissé de velours. Un régal.