Quelle surprise ! On a beau s’être habitués aux bouleversements de l’industrie du disque, aux nouveaux formats de diffusion de musique, c’est quand même un évènement qui nous épate. Beach House sort un sixième album, moins de deux mois après le cinquième, prenant de vitesse tout le monde y compris leur propre maison de disque !
Assez incroyable de la part d’un groupe qui nous a habitué jusqu’à présent à la patience, aux longues attentes entre chacun de ses disques toujours conçus selon une méthode d’orfèvre, prudente et méticuleuse. Et pourtant, Thank You Lucky Stars, album 9 titres, est paru le 16 octobre, disponible sur les supports numériques et en vinyl, puis, plus tard, en version CD. Il a été enregistré dans les mêmes conditions et à la suite de Depression Cherry. Forcément le rock-critique vétéran que je suis fronce les sourcils et appréhende le coup commercial purement alimentaire, à base de démos pointues et autres raretés pour fans-only, de versions remix sans intérêt, de hidden-tracks anecdotiques.
Quelle erreur ! Thank Your Lucky Stars est un véritable album. D’un niveau largement comparable à son récent prédécesseur. Les chansons sont toujours aussi magnifiques. C’est leur traitement sonore qui change un peu. L’approche est plus lo-fi, indie et rebelle. On y entend plus d’orgue et de guitare et beaucoup moins de reverb. Pour prendre une image, si Depression Cherry donnait l’impression d’être enregistré dans les éclats de lumière colorée des vitraux d’une grande cathédrale, Thank Your Lucky Stars serait, lui, entendu dans la pénombre d’une chapelle perdue dans la montagne, à la faible lueur de quelques candélabres.
Les pièces de cette cérémonie intime sont très belles : Majorette, la plus pop et emphatique, les lentes et bouleversantes Somewhere Tonight et She’s So Lovely, les somptueuses The Traveller et Elegy To The Void (et son long crescendo, une de leurs meilleures), l’errance nocturne de All Your Yeahs, les guitares shoegaze de One Thing. Ce qui fait tout de même un total de six chansons sur neuf déjà indispensables. Et on se demande logiquement si plus tard, avec le recul du temps, ce disque ne laissera pas finalement une meilleure impression que Depression Cherry. Le débat mérite d’être ouvert.
Vous l’avez compris. Il ne faut surtout pas avoir d’hésitation. Foncez écouter ce nouveau disque …
Et tout l’album en streaming officiel :