« Just Tell Me That You Want Me » : ou quand le hasard fait se croiser l’actualité et l’histoire du Rock.
Car quelle meilleure occasion que ce Tribute to Fleetwood Mac pour reparler de ce monstre sacré de la musique des 70’s : nous évoquons souvent dans nos chroniques les harmonies vocales parfaites et la coolitude « West Coast » de Fleetwood Mac. Alors de qui s’agit-il ?
Je vous parle d’un temps très ancien (les 70’s) où ni la révolution punk, ni l’agitation des boules à facettes disco n’étaient encore passées. Même Feed back, l’émission mythique de Bernard Lenoir ne figurait pas encore sur les ondes de France Inter. (Parenthèse : qui a des nouvelles de Bernard ? Il me manque beaucoup !)
En fait on parle toujours de musique Californienne à leur égard, mais Fleetwood Mac est un groupe ANGLAIS ! Au tout départ, en 1968, c’était même un groupe de Blues, constitué autour de Mike Fleetwood (batteur), Peter Green (Guitare) et John McVie à la basse. Puis leur style évolue avec le mariage de John McVie et l’arrivée de Christine, sa femme, chanteuse et pianiste. Elle amène une touche mélodique plus pop et folk. Le remplacement de Peter Green par Bob Welsh à la guitare finit par mener le groupe sur les chemins d’un véritable folk-rock.
Mais le coup de baguette magique a lieu en Californie en 1973, grâce à la rencontre puis au recrutement de Lindsey Buckingham (Guitariste et producteur) et Stevie Nicks (Chanteuse et compositrice), qui eux sont de San Francisco. Le folk-rock Anglais fusionne avec la sunshine pop Californienne et de cette union nait une pop délicate, avec des harmonies vocales magnifiques, très influencées par les Beach Boys, écrite par les fines mélodistes que sont Stevie Nicks et Christine McVie et arrangée par le geek de studio perfectionniste qu’est Lindsey Buckingham. Le groupe parvient instantanément à la célébrité mondiale avec « Fleetwood Mac » en 1975 et surtout l’album « Rumours » en 1977, qui marque un virage encore plus pop. Ce disque sera un succès planétaire : 4 morceaux dans le Top10 US (« Go your own way », « Dreams », « Don’t stop » et « You make loving fun »), l’album en tête dans les charts pendant SIX mois (!) et 8ème disque le plus vendu dans le monde … C’est LE disque de toute une génération. Il est le standard du « rock adulte Californien« . Après un tel succès, les années suivantes seront une lente descente aux enfers pour le groupe, entre conflits d’égo, problèmes de couples et perte d’inspiration musicale. Et plus jamais ils n’atteindront un tel niveau, sachant qu’ils s’éparpilleront tous dans des projets solo divers et variés.
En 2012 la pop Californienne est devenue la valeur référence d’une multitude de groupes actuels, et il est significatif de retrouver sur cet album hommage à Fleetwood Mac ce qui serait le casting de rêve d’un festival indie : Lee Ranaldo et Jay Mascis, Antony, Best Coast, The New Pornographers, Marianne Faithfull, Lykke Li, Bonnie Prince Billy, Washed Out, Tame Impala, The Kills, Craig Wedren with St. Vincent ou MGMT.
Sur le plan purement musical, comme souvent (toujours ?) cet album-tribute n’apporte pas grand chose à la splendeur des originaux. Réjouissons-nous cependant d’entendre la jeune génération reprendre ces tubes éternels de notre histoire musicale. par exemple les teenage sisters Californiennes de Haim avec « Hold me ».
L’album « Just Tell Me That You Want Me » vient de sortir chez Universal.