C’est un des plus beaux marronniers du journaliste rock. La question banale la plus utilisée quand on ne sait pas trop quoi demander à l’heure de l’interview : « mais euh, quelle est l’origine du nom du groupe ? »
La réponse est souvent décevante, du concept fumeux (Alt-J) à la loterie du hasard, en passant par les avions espions (U2) ou les personnages historiques (Franz Ferdinand).
Mais cette fois, avec eux, on risque un grand moment de solitude. CYMBALS. Plutôt sec comme nom. Sans doute pas de quoi produire une thèse pour caler un meuble.
Mieux vaut donc s’intéresser à leur musique.
Les Cymbals qui nous intéressent sont Londoniens. A ne pas confondre avec leur homonyme Japonais né en 1997 et disparu en 2003 (comme quoi ce nom a un grand succès malgré tout).
Ils sont quatre, et ce sont révélés en 2011 avec un premier album de post-punk funkoïde à la Talking Heads.
Depuis, ils ont poli et civilisé leur son, évoluant vers un style imprégné de pop synthétique d’inspiration récente (Metronomy) ou ancienne (Depeche Mode), épicé d’un brin de folie façon Passion Pit et de délicatesse surannée (citons China Crisis, pour ceux qui s’en souviennent encore …).
Le résultat est la parution d’un deuxième album The Age Of Fracture chez Tough Love Records.
Dans ce disque, Cymbals nous poussent à envahir le dance-floor pour évacuer l’angoisse et la morosité de l’époque actuelle, marquée par une fracture historique décrite par l’historien Daniel T.Rodgers . C’est d’un de ses livres qu’est tiré le titre de l’album.
Danser dans la tristesse et les bras au ciel, voilà qui rappelle forcément New Order, l’un de nos vénérés grands totems musicaux.
Il suffit de prêter l’oreille à Erosion, par exemple et tout concorde. Le tempo glacial est distillé par une drum-machine. Les notes de basse sont mélodiques et caverneuses. Les guitares résonnent dans le brouillard de manière cristalline. Et surfant au dessus de ce beau paysage sonore embrumé, la voix fragile et haute de Jack Cleverly (dont l’intonation se situe entre Peter Gabriel et Kele Okereke) nous transporte dans son univers hanté et riche en émotions.
Catharsis sur le dance-floor.