Le problème quand on écrit dans un Webzine comme TheMusicalBox, c’est la tendance naturelle à privilégier les découvertes exaltantes et le buzz de l’actualité musicale. On oublie ainsi parfois des valeurs sûres de grande qualité, mais auxquelles on a fini par s’habituer et les considérer comme des vieux meubles confortables.
Réparons aujourd’hui cette injustice avec quelques lignes sur deux excellents albums sortis récemment et hélas négligés dans nos colonnes, alors qu’il s’agit d’artistes importants et qu’en plus on adore.
Damon Albarn d’abord.
C’est un personnage majeur du rock des trente dernières années. Chanteur de Blur, superstar à l’apogée de la Brit-Pop des 90’s, il a poursuivi une carrière exemplaire et hyperactive sous des identités multiples : Rocket Juice & The Moon, The Good The Bad & The Queen, Mali Music, Dr Dee, Monkey : Journey To The West, et bien sûr Gorillaz.
Everyday Robots constitue son premier vrai album solo (il était temps …). Et c’est une merveille. Il est l’aboutissement d’une démarche pleine d’humilité et de pudeur. Damon Albarn est allé chercher l’inspiration en retournant dans les lieux de son enfance à Leytonstone (dont une chorale figure comme invitée sur l’album) et Colchester. Il s’est imprégné de cette nostalgie pour polir des chansons mélancoliques, happy/sad, construites à partir d’arrangements très simples de guitare ou de piano, sur lesquels se greffent des harmonies douces et minimalistes. Richard Russel de XL Recordings, le producteur, réalise un magnifique travail en rajoutant des rythmiques fines et légères pour les finitions. . Il suffit de compléter avec des collaborateurs brillants et inspirés comme Brian Eno et Natasha Khan de Bat For Lashes. Et on tient là un album sans faute, sobre et homogène, qui ne déçoit pas.
Un beau disque de la maturité.
Et puis il faut aussi parler de EELS.
Mark E. revient lui aussi avec un nouveau disque, The Cautionary Tales of Mark Oliver Everett . Et c’est une bonne surprise. On l’avait quitté rock et sauvage et on le retrouve plus folk et apaisé. Il faut dire que Everett adore prendre ses auditeurs à contrepied et effectuer des virages de style à 180 degrés. Mais finalement on le préfère dans ce registre introspectif, plus chaleureux et ouvert, où la musique se fait plus épurée et caressante. Les textes sont toujours aussi sombres ou ironiques, mais ce nouvel album se laisse découvrir avec plaisir et complicité. Un retour aux sources pour ceux qui ont découvert il y a 15 ans Beautiful Freak ou Daisies of The Galaxy.
Comme Damon Albarn, Eels est un vieux compagnon de nos vies passées, et on se réjouit de les voir tous les deux encore fidèles au poste. D’ailleurs, nous ne sommes manifestement pas les seuls si on regarde les chiffres des charts car ils figurent ensemble dans le top 5 des ventes d’albums.
Un plaisir partagé donc. Et de bonnes raisons pour les faire figurer dans la play-list de notre boite musicale.