Quand on écrit tous les deux jours une chronique enthousiaste pour des nouveaux groupes, il existe un risque de se disperser, de perdre le sens de l’orientation musicale en encensant tout et n’importe quoi.
On peut alors faire confiance à l’entourage personnel, réel ou virtuel, pour nous remettre sur le bon chemin par le biais d’une simple question terrible : mais TOI en fait, qu’est ce que tu aimes VRAIMENT ?
Réponse aujourd’hui. Ce que MOI j’aime VRAIMENT, c’est ça : Craft Spells avec Breaking The Angle Agains The Tide.
Une pop tendue basée sur les guitares. Un tempo rapide à 150 bpm. Le gimmick de guitare avec la petite reverb qui va bien derrière. Un chant sans pathos ni excès de style, loin des concours d’amygdales façon The Voice, mais qui distille une émotion sincère et touchante. Ils figurent sur le label Captured Tracks, maison si merveilleuse que nous lui avions consacré un article l’an passé
Forcément, sans chercher à faire de la psychiatrie à deux sous, ce goût pour ce type de musique est la conséquence des souvenirs nostalgiques du passé. En ce qui me concerne, ce serait la période charnière de 1986/87 et l’apparition d’une génération de groupes indies à guitares immortalisée dans la compilation NME C86. Moment magique d’effervescence pop fraiche et spontanée qui balayait tous les dinosaures du début des années 80 dont on commençait à saturer un peu (U2 – Simple Minds – Depeche Mode) et parenthèse apaisée avant l’apparition du Rap (Beastie Boys) et du Grunge (Nirvana).
Pourtant, Craft Spells ne sont pas Anglais. Ils viennent de Stockton en Californie. Le groupe est né dans la chambre de Justin Vallesteros en 2009, sous la forme d’une pop solitaire bricolée sur sa guitare et ses synthés. Nourri par l’apport progressif de quatre autres musiciens et deux disques plus tard (l’album Idle Labor en 2011 et l’E.P Gallery en 2012), il prend son envol . Mais le décollage n’est pas facile. Craft Spells rate son intégration à la scène Bay Area de San Francisco, plutôt teintée de garage rock ou de DJ-music et peu réceptive à ses chansons pop fragiles. Justin Vallesteros, complètement à court d’inspiration et d’énergie, retourne alors chez ses parents à Lathrop, dans la banlieue de Stockton, pour se retirer du monde musical pendant un an. Puis il s’y remet progressivement, au piano d’abord, puis à la composition ensuite, écrivant un nouvel album judicieusement baptisé Nausea.
L’album a été enregistré à Seattle avec le producteur Dylan Wall. La rédemption de Craft Spells s’effectue par l’utilisation inédite de cordes ou de piano, qui enrichissent et apportent un éclat étincelant à leurs nouvelles chansons.
L’album Nausea sort le 10 juin.