Dans toutes nos chroniques de TheMusicalBox, les artistes et leur musique sont souvent abordés selon un sens chronologique « vertical » : rencontre, influences, premier concert, premier E.P, premier album, deuxième album, etc … Il serait aussi très intéressant de les étudier sous un autre angle : transversal.
Ce peut être les différentes participations des musiciens à d’autres projets et les interactions entre différents groupes. Mais c’est aussi l’appartenance à un label. On ne souligne pas assez l’importance pour un artiste de se sentir au moins épaulé et soutenu, ou, encore mieux, complice et en osmose complète avec son label. C’est le cas des grands labels qui ont marqué l’histoire du rock, par exemple par la qualité de leurs groupes et l’identification immédiate à la vue de leurs pochettes de disques (4 Ad) ou par la force des idéaux d’une attitude indie quasi militante (Sub Pop).
Il existe aussi des labels dont la qualité marquante est le développement au fil des années d’une grande cohérence dans le son et l’atmosphère musicale. Le meilleur exemple est Sarah Records, label des années 85/95 devenu aujourd’hui un véritable culte mythique (le fameux « son Sarah records »), bien plus célèbre que les propres groupes du label qui eux n’ont jamais connu (hélas) d’heure de gloire : Field Mice, The Orchids ou St Christopher.
Le label actuel Captured Tracks fait partie de cette catégorie. Quand on découvre les différents membres de cette délicate écurie basée à Brooklyn, on découvre des jeunes poulains pour la plupart peu connus. Franchement qui a entendu parler de ALEX CALDER, BEACH FOSSILS, BLOUSE, CHRIS COHEN, CRAFT SPELLS, MEDICINE, MINKS, NAOMI PUNK, SOFT METALS ou THE SOFT MOON ? Mais à côté d’eux figurent d’autres groupes qui ont tous été chroniqués ou régulièrement diffusés dans nos colonnes. DIIV, HOLOGRAMS, MAC DEMARCO, THIEVES LIKE US, WIDOWSPEAK ou le formidable WILD NOTHING.
On note chez tous ces groupes une cohérence et une unité dans l’esprit et l’attitude, mélange d’humilité, de délicatesse, d’indépendance et d’authenticité. L’étiquette Captured Tracks est devenue synonyme de découverte et de qualité. N’hésitez pas à prêter l’oreille aux différentes productions de la maison et vous aussi vous serez surpris et séduits par le talent des artistes, souvent planqués derrière un mixage très low-fi et minimaliste à la première écoute.
En attendant l’album de Widowspeak dont on aura l’occasion de reparler à sa sortie, voici en guise d’illustration de ces propos HEAVENLY BEAT.
C’est un « one man project », bâti tout en douceur par le Texan d’origine John PENA, depuis 2009. Pas vraiment western, il chante une pop sensible, fragile, presque timide, conçue dans un esprit totalement DIY, à la maison. La preuve avec la photo de la pièce où a été enregistré « Prominence », le deuxième album de Heavenly Beat :
« Honest » résonne entre une dream-pop romantique à souhait et une chill-wave plus festive et chaleureuse, truffée de petits gimmicks de claviers, de guitare ou d’harmonica. Derrière une production très sobre on entend un foisonnement d’idées mélodiques et d’arrangements magnifiques.
Splendeur et humilité. Voilà ce qui qualifie le style Captured Tracks.