Encore une séance de rattrapage.
En cette période de calme en matière de nouveautés, c’est l’occasion de se repencher sur des albums trop vite zappés en ce début d’année 2014 et qui méritent pourtant qu’on leur prête attention. Sylvan Esso par exemple.
Leur début-LP éponyme est paru au printemps, et plusieurs semaines auront été nécessaires pour qu’il infuse progressivement notre esprit, pour qu’il nous enveloppe de son charme de manière irrésistible.
L’electro-pop onirique de ce duo de Durham, en Caroline Du Nord, peut apparaitre au premier abord trop facile, pop et acidulée. Mais on découvre ensuite que derrière cette façade de pacotille se cache une riche et passionnante complexité. La voix claire et céleste d’Amelia Meath (chanteuse folk de formation) qui susurre des comptines à l’apparence délicate et enfantine trébuche sur les arrangements des machines infernales du producteur électro Nick Sanborn. Les drums-machines rebondissent sur des syncopes soutenues par les vrombissements de la basse synthé . Les couches de chant sont trafiquées et empilées pour constituer un chœur qui évoque tantôt une tribu Africaine, tantôt une chorale d’enfants. Les orchestrations teintées de RnB sont illuminées par les tourbillons aux échos divins de la magnifique voix d’Amelia Meath. On pense à Purity Ring en plus organique, à Feist en plus robotique. Tout cet ensemble fusionne avec succès et plénitude dans une sarabande qui s’avère groovy, touchante et sexy.
L’album recèle en plus en Coffee un déjà-tube imparable dont le nombre d’auditeurs sur les sites de streaming augmente chaque jour de façon vertigineuse. Sans doute l’un des meilleurs singles depuis le début de l’année.
Une belle rencontre entre la pureté des sentiments et la fièvre du dance-floor.