« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». (François Rabelais-1542).
Sujet classique et éculé de dissertations lycéennes, cette citation de Pantagruel pourrait aussi alimenter les préoccupations de Feral Five.
Le futur que l’humanité est en train de construire sera-t-il le pire des mondes ? La technologie permettra-t-elle l’épanouissement de tous ou au contraire l’anéantissement de l’être humain ? Voilà le genre de réflexions qui nourrissent les chansons de ce duo de Londres. On se souvient en particulier de 3D paru en septembre, un morceau qui évoquait un nouveau mode de clonage humain à l’aide d’une imprimante 3D.
Pourtant, si le contenu de leurs chansons est axé sur le futur et la science fiction, l’enveloppe musicale, elle, est plutôt conçue en regardant le rétroviseur musical du passé. Kat (chant et guitare) et Drew (basse et beats) jouent un genre de disco punk grinçant et urbain, brillamment inspiré par la période post punk.
Le duo a fait mouche dès son premier single Skin en 2013. Il leur vaut d’être encensés par Alan Mc Gee boss du label mythique Creation (Oasis, Primal Scream, My Bloddy Valentine) ou Everett True, le biographe de Nirvana. Les titres suivants confirment la force d’attraction de Feral Five, et permettent au groupe de collaborer avec de grandes figures du rock : Robert Fripp, Lu Edmonds (PIL) et même Rolo McGinty des formidables Woodentops.
Angel Road est le tout dernier single du duo. Porté par la pulsation charnelle de la basse, le tempo basique et lourd est allégé par des gimmicks de synthés. Mais c’est surtout la voix de Kat qui séduit de manière irrésistible. Dans un timbre de panthère à la Siouxsie / Patti Smith, elle caresse les tympans et fait fondre l’oreille interne avec des couches de mélodies immédiates et accrocheuses.
Mariant la sauvagerie des Slits et la tension sensuelle de The Kills, Feral Five évoque, dans ce véritable tube, un chemin des Anges qui est jonché d’ailes et de rêves brisés.
Et finalement c’est Back to the (no) future.