« Inhaler » aurait pu être un simple ballon d’essai en attendant la sortie de « Holy Fire » troisième album de Foals prévu en février 2013. Mais il se révèle une redoutable bombe à fragmentation.
Les victimes de ses dégâts collatéraux sont les geeks de chambre et tous les aficionados du math-rock funkoïde de nos amis d’Oxford. Foals nous avait habitué à un rock expérimental et classieux, plein démotions, ambitieux dans la complexité des compositions, mais humble et distancié dans l’attitude, notamment sur scène. L’impact de « Inhaler » est d’autant plus fort.
Oubliés les arpèges et gimmicks techniques et imaginatifs, les arrangements scientifiques et ténébreux à la Talking Heads. Ils ont dégainé les guitares avec distorsion et saturation réglées au maximum, les amplis sont poussés à fond, et c’est un power-rock urbain et sauvage qui nous assaille. Le tout est produit par le duo infernal Flood et Alan Moulder, experts en artillerie lourde (U2, Smashing Pumpkins, The Killers)
C’est la deuxième grosse surprise de l’année, avec le deuxième album de Two Door Cinema Club qui avait constitué lui aussi un sacré twist musical .
On découvre bouche bée un combo basse/batterie d’une lenteur opressante, la tonalité anxiogène des accords de guitare, un chant incantatoire inhabituel et sur le refrain des guitares carrément heavy metal qui sonnent comme Rage Agains The Machine. Ébouriffant !
Le clip est raccord avec le contenu : images de friches industrielles, de terrain de jeux désaffectés où évoluent d’inquiétants BMX riders ou un ballet de zombies possédés. Même Yannis Philippakis, le chanteur, y arbore un look sauvage avec sa barbe. On est bien loin du Oxford policé et universitaire auquel on rattachait sans doute trop systématiquement le groupe.
Pour l’instant Foals l’emporte par K.O. Mais il va falloir attendre la suite dans trois mois pour savoir si c’est une péripétie ou une réelle volonté de démarcation musicale du groupe.