A l’évocation du label Sub Pop, les références qui nous viennent à l’esprit suivent la lettre « G » : Grunge, Guitar-group ou Gros son. Le label de Seattle, fondé en 1986 par Bruce Pavitt et Jonathan Poneman, a connu ses grandes heures en hébergeant dans ses studios Mudhoney, Afghan Whigs, Les Thugs et le plus célèbre de tous, Nirvana.
Depuis quelques années le recrutement du label s’est élargi, au point d’y voir fleurir la belle chorale folk Fleet Foxes, la dream pop de Beach House ou la pop apaisée d’ Iron & Wine.
C’est encore plus le cas avec STILL CORNERS, duo de pop synthétique.
C’est une drôle d’histoire que celle de Greg Hugues, musicien Texan d’Austin, parti il y a dix ans en Angleterre pour une aventure amoureuse, qui un beau jour sur le quai d’une gare inconnue où il était descendu par erreur, rencontra Tessa Murray, chanteuse Anglaise. Ils ne se marièrent pas et n’eurent pas des tas de petits enfants, mais sympathisèrent plutôt autour d’une complicité musicale étonnante qui donna naissance à Still Corners.
Après quelques titres auto produits pour se faire connaitre et tourner sur scène, ils effectuent leurs grands débuts chez Sub Pop en 2010 avec « Creatures of an Hour », disque assez insipide de pop-shoegaze. Mais pour leur deuxième album, « Strange Pleasures », qui vient de sortir, l’orientation musicale a nettement évolué vers des compositions très typées 80’s synthétiques (Eurythmics, The Passions), avec le lyrisme en demi-teinte mystérieuse des Cocteau Twins ou des bandes originales d’Angelo Badalamenti pour David Lynch.
Il faut reconnaitre que la tessiture de voix de Tessa Murray n’est pas sans nous rappeler celle de Julee Cruise, chanteuse du soundtrack de Twin Peaks. C’est le cas sur ce « Berlin lovers », petite perle de pop song arrangée par des synthés à la Fat Gadget/Ultravox, mais qui aurait aussi sa place aujourd’hui aux côtés d’Austra.
Un coup d’œil ému dans le rétroviseur de notre passé musical, revisité par cette gigantesque machine à recycler qu’est l’actualité du rock …