50 ans que ça dure ! En Angleterre, toutes les semaines, la presse musicale nous annonce l’arrivée sur terre d’un « nouveau meilleur groupe du monde », à l’occasion au mieux de la sortie d’un single, le plus souvent suite à des rumeurs de salles de concert ou des indiscrétions de maisons de disques. Et hop ! Deux semaines après, ce « nouveau meilleur groupe du monde » est oublié et remplacé par un autre.
Parfois il y a une exception. C’est le cas pour Drenge. Ce groupe de Castleton est apparu sur les radars en janvier dernier . Leur premier single « Bloodsports » est tout de suite porté au firmament des play-lists de la BBC. C’est un duo batterie/guitare, sans basse, à l’instar des White Stripes ou Black Keys, joué par deux frangins : Eoin et Rory Loveless (19 et 21 ans). Pourtant originaires du Peak District, une région bucolique à l’ouest de Sheffield, ils envoient un punk rock mâtiné de blues, speed et énergique, beau pastiche de MC5 ou Nirvana semblant aussi vrai que nature.
Coup de bluff ? Eclair d’une rare luciole hivernale ? Mais là ou d’autres s’écroulent, Drenge confirme. Un deuxième single « Backwaters » connait le même destin glorieux que son prédécesseur sur les ondes radio.
Et maintenant c’est l’album qui arrive. « Drenge » est paru chez l’excellent label Infectious (Alt-J, Local Natives). Il constitue encore un échelon de plus en terme de densité sonore et de qualité d’écriture.
C’est un retour aux fondamentaux du rock : deux accords par chanson et une attitude. Sauvage, tendue, pas romantique pour un shilling, leur inspiration lorgne du côté du grunge et du garage. Quand le premier titre de l’album s’appelle « People in Love Make Me Feel Yuck », il ne faut pas s’attendre à découvrir des chansons d’amour éperdues. Chez eux, il est plutôt question de sang, de larmes et de dents cassées, sur un fond sonore dénué de tout ornement superflu, quelque part entre Arctic Monkeys et Queens of The Stone Age.
Belle réussite. La preuve :