Jusqu’ici, Fred Nicolaus n’a pas eu trop de chance. D’abord Department of Eagles, le duo qu’il a formé avec son pote Daniel Rossen n’est jamais parvenu à prendre son envol malgré trois albums brillants, mais qui n’ont hélas remporté qu’un petit succès auprès des rock critiques pointus. Ensuite, son acolyte Daniel Rossen, en dehors de Department of Eagles, est devenu une figure de la scène rock indie au sein de Grizzly Bear. Enfin, resté seul et sans groupe, sa vie personnelle se transforme en mauvais rêve. Son couple se désintègre et il doit évacuer son appartement à Brooklyn victime d’une invasion de rats !
Jusqu’ici seulement.
Car Nicolaus ne renonce pas face à ces coups du sort. Il empoigne sa guitare et se lance dans l’écriture en solo. Le résultat s’appelle Golden Suits, et son premier album va sortir le 2 septembre chez Yep Yoc Records (Born Ruffians, Fountains of Wayne). Et c’est un excellent disque.
Pas rancunier, il a invité ses copains de Grizzly Bear : Daniel Rossen bien sûr, mais aussi Chris Bear et Chris Taylor. Les dix titres de l’album ont été enregistrés par Fraser McCulloch des Milagres à Brooklyn, sur une période qui a duré deux bonnes années. Les thèmes des compositions ont été inspirés par John Cheever, un écrivain dont les histoires courtes ont beaucoup impressionné Fred Nicolaus.
L’enveloppe musicale est pop et classique, dans la droite ligne de Department of Eagles. Des chansons sentimentales et nostalgiques nourries par l’esprit ancestral des grands songwriters (John Lennon, Paul Simon), mais pas uniquement.
Sur ce beau « Swimming in 99 » par exemple, on adore l’harmonie parfaite entre le rythme sautillant à la Paul Simon, les riffs de guitare et les lignes de basse dignes de Pavement, le chant qui jongle entre Stephen Malkmus et Grizzly Bear, en passant par Lou Reed, et même des petites cascades de claviers très Vampire Weekend. Une ambiance très New Yorkaise en somme.
Et on se dit que la chance a finalement plutôt bien tourné pour Fred Nicolaus.