Il y a des disques qui vous mettent K.O et vous emportent dès la première écoute. Et d’autres plus tortueux et rétifs, qui infusent progressivement le système nerveux au fils des passages et séduisent à moyen terme, faisant appel à la sensibilité et la persévérance.
« VPI Harmony » premier album de Mood Rings en est un bon exemple. D’abord passé complètement à travers notre radar de détection, il est ensuite arrivé à nos oreilles par une magnifique chronique de JD Beauvallet dans les Inrocks, qui incitait clairement à se pencher sur ce disque. Après une première écoute qui ne déclenchait pas vraiment la chair de poule, on y est retourné timidement, sur la pointe des pieds, de temps en temps au début, puis de plus en plus souvent, jusqu’à tomber sous le charme.
Rarement une pochette de disque n’aura autant correspondu à son contenu musical. Un ruissellement s’effectue à partir d’une porte qui s’ouvre sur une porte qui s’ouvre sur une porte … Cette mise en abyme s’identifie pleinement aux compositions de ce groupe d’Atlanta. On entre dans un vestibule décoré de dream-pop apparemment superficielle, puis tous se complique au fur et à mesure de l’exploration des autres pièces. Guitares psychédéliques des 60’s, post-punk des earlys 80’s, shoegaze ésotérique façon 4 AD, Mood Rings distille tantôt des mélodies timides et sensibles, tantôt des chansons ravageuses et sensuelles qui s’inscrivent toutes parfaitement dans la modernité de 2013. Ils empilent de multiples couches instrumentales, précipitées dans de fréquents changements de tempo, mais sans exagération, avec le minimalisme et l’humilité d’une production humble.
Signés chez Mexican Summer, le label de Best Coast, ils ont enregistré « VPI Harmony » à Brooklyn, un quartier dont l’ambiance de créativité artistique convient bien à leur volonté de rénover et recycler ces fantômes sonores vieux de trente ans en les remettant au goût du jour.