Impossible de ne pas vous parler d’East India Youth. C’est vraiment l’étonnante révélation du moment !
Pour en parler il faut utiliser le masculin singulier, car East India Youth est en fait la création en solo de William Doyle. Ce Londonien natif de Southampton a fait son apprentissage musical au sein du combo rock Doyle & The Fourfathers, avant de traverser une crise spirituelle. Il renie sa foi dans les guitares et perd l’envie de s’exprimer via la musique rock classique. S’opère alors pour lui une véritable conversion à la musique électronique, le choix d’une sainte écriture à l’aide de claviers, d’écrans d’ordinateurs et autres bidouillages informatiques, toute vouée à une icône nommée Brian Eno. East India Youth était né.
Après trois longues années de travail obsessionnel, un premier E.P « Hostel » sort en avril 2013. Puis c’est l’album « Total Strife Forever » (clin d’oeil au « Total Life Forever » des Foals) qui vient de paraitre chez Stolen Recordings.
Ce disque est une plongée dans une ambiance extraterrestre. On y découvre des instrumentaux électro (cinq sur les onze titres de l’album) dans une veine expérimentale irriguée par le Eno de « Music For Airports », contrastant avec des morceaux plus rythmés par des percussions électroniques glaciales. On est envouté par des passages très mélodiques voire carrément spirituels avec des chœurs grégoriens galactiques qu’auraient appréciés Alt-J, d’autres plus lents et minimalistes dans la droite lignée du David Bowie de « Low », et même des envolées à la Vangelis (j’en entend quelques uns qui s’esclaffent dans le fond de la classe, mais si si : il y avait des belles choses dans « Les Chariots de Feu » …).
Les chansons sont souvent construites en lents et délicats crescendos assurés par la puissance des drum-machines et la délicatesse de la (superbe) voix de William Doyle, et à partir de quelques nappes ou accords de claviers, s’élèvent vers une tempête orchestrale électronique. Un style de construction toute en nuances progressives qu’on retrouve aussi dans les symphonies de la musique classique, et brillamment recyclé ici.
Bref : la démarche de East Youth India est pleine d’audace, d’érudition, mais tout sauf ennuyeuse. Elle trouve même rapidement son public. L’album a été à sa sortie dans le top 10 des ventes, un signe qui ne trompe pas sur les possibilités d’un avenir à la James Blake pour ce garçon hyperdoué.
Voilà donc une musique qui ressemble simultanément à tout et à rien, et réalise une fusion éblouissante entre les machines et l’humain.
De la pop totalement hybride.