Le retour de Timber Timbre est une nouvelle plutôt réjouissante.
Creep on creepin’on fut un de nos disques chéris en 2011, au point d’en faire l’album de l’année. La sortie de son successeur Hot Dreams est donc un évènement à la fois attendu et redouté. Parviendra-t-il à retrouver le même niveau d’excellence ?
De manière évidente, la musique des Canadiens a évolué depuis ces trois ans. Hot Dreams, cinquième album du groupe, est fortement imprégné des musiques de cinéma de David Lynch ou Ennio Morricone. Taylor Kirk, leader et chanteur du groupe, s’était d’ailleurs essayé au genre avec l’écriture en 2013 de la B.O.F de The Last Exorcism Part II, sans réussite puisque son projet avait été rejeté par la production du film.
Mais au delà du côté très cinégénique des ambiances de ce disque, on perçoit aussi une forme de radicalisation. Finies les jolies cascades de cordes et la tendresse chaleureuse des effets de reverb de la voix de Taylor Kirk. Place désormais à un chant plus brut et nu, plus roots, soutenu par des arrangements de guitares et claviers vintages dissonants avec des effets désaccordés (mellotron, theremin, harpsichord). C’est une musique fantomatique et ténébreuse pour faire valser dans un dance-hall hanté, des spectres et des créatures de cauchemar. Kirk vient placer en offrande sa voix de baryton sur les monuments funéraires d’Elvis et de Johnny Cash. Timber Timbre a décapé ses belles balades au papier de verre, en frottant bien jusqu’à la corde pour n’en garder que la trame la plus minimaliste.
Accueillir ce nouveau disque en parlant de déception serait très sévère. Il va par contre être nécessaire de prendre son temps pour l’explorer, de répéter les écoutes pour réussir à l’apprivoiser et parvenir à se laisser entrainer dans le monde tourmenté et étrange de Taylor Kirk.
Ténébreux et crépusculaire.