On préfère toujours les versions originales aux copies.
Interpol est un groupe référence, souvent cité dans nos colonnes comme source d’inspiration pour des nouveaux artistes émergents. C’était encore le cas il y a quelques jours. Alors forcément quand le modèle fait à son tour l’actualité avec un nouvel album, c’est l’affolement général.
En 2002, Les New Yorkais ont connu un succès immédiat avec leur premier album Turn On The Bright Side, puis son successeur Antics en 2004, tous les deux sur le label indie Matador. Les rock-critiques comme le grand public avaient été emportés par le lyrisme noir et dramatique d’un quatuor à guitare qui invoquaient les esprits défunts de Joy Division et d’Echo & The Bunnymen. Ensuite, les choses se sont sérieusement gâtées avec une signature sur une Major Company, Capitol, pour un troisième album où Interpol a perdu son âme dans des ajouts de multiples instruments pas toujours pertinents et franchement trop pompiers. Puis en 2010 vint l’eponyme Interpol, laborieux exercice d’auto-parodie plutôt raté.
El Pintor, qui sort en septembre est leur cinquième album. C’est le premier en trio. Carlos Dengler, le bassiste fondateur, est parti après l’échec du disque précédent et c’est désormais Banks qui joue de la basse. Il a été enregistré par James Brown (Placebo, The Pains Of Being Pure At Heart) et mixé par l’immense Alan Moulder (Arctic Monkeys, Yeah Yeah Yeahs, Smashing Pumpkins, Ride).
All The Rage Back Home est le premier single extrait de l’album, sachant que des versions live d’autres titres de El Pintor, My Desire et Anywhere avaient été mises en ligne depuis quelques mois. La belle vidéo en noir et blanc a été co-réalisée par le chanteur Paul Banks et Sophia Peer, une vidéaste qui a tourné notamment avec The National.
Au niveau musical, pas de surprise. On reconnait instantanément la marque d’Interpol, avec le jeu des guitares tout en reverb et en tension et la voix sépulcrale et charismatique de Paul Banks. Les fans vont adorer. Les autres auront tendance à comparer avec le passé glorieux du groupe et à rabâcher le vieux refrain du « c’était mieux avant ». Ils n’auront sans doute pas totalement tort, car comment égaler le talent et la classe folle de Obstacle 1 ou Slow Hands ? C’est une idée perdue d’avance, qui n’a sans doute même pas effleuré Banks et ses collègues, simplement soucieux, 12 ans après, de poursuivre une aventure musicale dans la qualité et la sérénité sans perdre la force de leur ligne artistique initiale.
Et dans ce sens là c’est plutôt réussi. Ecoutez plutôt.