Haley Bonar n’est pas une nouvelle météorite surgie des ténèbres. Son premier disque remonte à une bonne quinzaine d’années. C’est une chanteuse « alternative country » dont l’itinéraire suit une route à la Kérouac. Née il y a un peu plus de 30 ans dans le Manitoba au Canada, elle a traversé la frontière et vécu dans le Dakota du Sud, puis dans le Minnesota, pour finir en Oregon à Portland. Une histoire qui fleure bon l’Americana et avant de l’écouter on s’attend à entendre de la musique très roots, venant d’une auteur-compositeur-interprète d’inspiration country.
Sauf que … ce n’est pas du tout le cas.
Sur ce délicieux Kill The Fun, Haley Bonar a certes pris au registre country une voix magnifique, sans complexe, cristalline et étincelante. Mais le reste n’a plus rien à voir avec Dolly Parton ou Emmylou Harris. Guitare en distorsion et reverb, rythmique de batterie nerveuse et basse à la New Order, voilà des ingrédients plus habituels des 90’s. Et quand on évoque cette harmonie délicate entre une voix très rustique et une base instrumentale rock-new wave, d’autres noms viennent à l’esprit avec émotion : Throwing Muses ou Belly par exemple. Mais le chant de Haley ranime par dessus tout le souvenir d’une sirène enchanteresse qui a emporté depuis longtemps notre âme et notre coeur : Harriet Weeler, divine voix de The Sundays.
Nous ne sommes d’ailleurs pas les seules victimes des sortilèges vocaux d’Haley Bonar. Alan Sparkhawk de Low, Andrew Bird ou Bon Iver ont déjà collaboré avec la chanteuse. Justin Vernon est ainsi au générique de Last War, prochain disque qui parait fin septembre chez Memphis Industry. L’inspiration revendiquée de l’album est l’esprit de David Lynch, mélange de noirceur et d’espoir, de mystère et de charme.
Et c’est forcément un gros coup de coeur dans notre Musical Box.