Est-il ridicule de continuer à écouter The Charlatans en 2014 ? La discussion est ouverte.
Il existe tout de même une bonne raison : ils viennent de publier un nouveau single baptisé Talking In Tones, qui annonce la sortie d’un douzième album. Ce chiffre est étonnant. On avait pas l’impression d’une telle régularité dans leur discographie, plus vraiment scrutée depuis 20 ans et les deux premiers albums qui resteront pour nous à tout jamais leurs meilleurs. Et pourtant les dates sont là. Tous les deux ans environ, Tim Burgess et ses petits camarades sortent un nouveau disque, et sans faire trop de bruit. Ce qui n’empêche pas le succès d’être toujours au rendez vous. Tous leurs 11 précédents albums ont été classés dans le top 40 Anglais. Et 17 de leurs singles dans le top 30 ! Une performance incontestable.
Mais pour nous The Charlatans incarnent surtout la folie qui toucha Manchester au début des années 90, quand le rock et la dance-music s’accouplaient festivement dans des nuits chimiques sans fin, sous l’impulsion de héros qui s’appelaient Happy Mondays, Inspiral Carpets ou Stones Roses. Leur album Some Friendly de 1990 résiste plutôt bien à l’épreuve du temps qui passe. La preuve :
A une époque ou l’esprit du Madchester hante à nouveau des jeunes groupes émergents (au hasard : Peace, Jagwar Ma), c’est plutôt agréable de voir The Charlatans revenir avec une chanson très bien tournée, recyclant de manière plus moderne leur marque de fabrication : des rythmes baggy chaloupés, de belles nappes d’orgue brodées par Tony Rogers, et la voix toujours sexy-canaille de Tim Burgess. Mais malgré tous ces ingrédients il émane de ce titre une ambiance glauque, intrigante et malsaine. Il ne faut surtout pas chercher à y retrouver la flamboyance de Them ou The Only One I Know, mais c’est sans aucun doute un single digne et efficace qui fait honneur à ce groupe vraiment mythique.
Ces derniers temps ont été durs pour The Charlatans, qui ont perdu en 2013 leur batteur John Brookes emporté par une tumeur au cerveau. C’est Pete Salisbury de The Verve qui le remplace à la batterie sur Talking In Tones. Et on annonce d’autres batteurs en renfort pour l’album avec Stephen Morris de New Order et Gabe Gurnsey de Factory Floor.
C’est d’ailleurs un autre Factory Floor, Nik Colk Void, qui a tourné le clip dans lequel l’acteur Nico Mirallegro incarne un jeune Tim Burgess.