C’est sûrement une des voix les plus affirmées du moment. Nadine Shah emprunte les chemins déjà dégagés par PJ Harvey ou Anna Calvi. Ceux qui arpentent des sous-bois brumeux où résonnent des chansons à forte personnalité, nourries par des textes poignants et futés.
Son histoire elle même est déjà atypique. Fille d’un père Pakistanais et d’une mère d’origine Norvégienne, née à Whitburn une petite ville perdue sur la côte nord-est de l’Angleterre au nord de Sunderland, elle rejoint Londres à 16 ans pour chanter dans des clubs de jazz. Et ce n’est qu’à 22 ans qu’on la découvre, avec après quelques E.P prometteurs, son premier album Love Your Dum And Mad qui sort en 2013 et convainc d’emblée, recueillant une belle unanimité d’éloges.
Son successeur, Fast Food est paru depuis hier chez Apollo Records. Il est produit comme le premier par Ben Hillier (Blur, The Maccabees, Depeche Mode), et bénéficie de la participation du guitariste acoustique-jazz Nick Webb et de Peter Jobson de I am Kloot à la basse.
On a un petit faible pour le single Fool. Sa guitare lancinante au son métallique soutenue par une rythmique très minimale. Et cette voix si particulière, hantée, soul, très grave et profonde à la Siouxsie/ Anna Calvi qui scande lentement une mélodie qu’aurait pu chanter Nick Cave. Le clip de Fool fait d’ailleurs immanquablement penser aux Bad Seeds, avec son ambiance de cabaret décadent, les costumes noirs des musiciens qui jouent devant des tentures de velours rouge et un rideau vintage à paillettes. Ce n’est pas surprenant : Nick Cave est son musicien préféré. Mais ce n’est pas le seul et Nadine Shah évoque aussi comme influences les mélodies jazz de Cole Porter et Scott Walker, ou le mysticisme oriental de Nusrat Ali Fateh Khan.
En dépit de son nom qui inciterait à vite le consommer et vite le jeter, Fast Food est un vrai beau disque, qu’il faut prendre le temps de découvrir, le temps de se familiariser avec ses chemins sombres et tortueux.
Impressionnant !